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Accord entre Taïwan et la Chine sur la protection des investissements

Les Echos | 9 Août 2012

Accord entre Taïwan et la Chine sur la protection des investissements

Taïwan et la Chine ont signé jeudi un accord très attendu par les milieux d’affaires sur la protection des investissements mais dénoncé par les nationalistes et indépendantistes taïwanais qui craignent une reprise en main de Pékin.

L’accord a été signé à Taipei, sur fond de manifestations d’opposants, entre le négociateur en chef de l’île Chiang Pin-kung et son homologue chinois Chen Yunlin.

"L’accord aura un effet favorable sur tous les secteurs d’activité et permettra d’améliorer les conditions de l’investissement", a déclaré Chiang. "Il contribuera à renforcer la compétitivité pour les deux parties dans un contexte de mondialisation et de coopération régionale accrues", a-t-il assuré.

Le document prévoit notamment des mécanismes de protection contre l’expropriation foncière. Il apporte aussi aux investisseurs individuels une protection en cas de litige avec les autorités.

Chen Yunlin et Chiang Pin-kung ont par ailleurs signé un pacte de coopération destiné à simplifier les procédures douanières.

Taïwan a été un investisseur majeur en Chine ces dernières années, pour un total dépassant les 100 milliards de dollars US (81,04 milliards d’euros), selon les estimations d’économistes.

Ces accords constituent une indication supplémentaire du réchauffement des relations entre Taipei et Pékin, à couteaux tirés depuis la partition et la victoire des communistes sur les nationalistes à la fin de la guerre civile en 1949.

Les tensions bilatérales se sont de fait grandement apaisées sous l’influence du président taïwanais Ma Ying-jeou, élu en 2008 et réélu en 2012, favorable à un rapprochement avec Pékin.

Taiwan et la Chine avaient ainsi déjà signé en 2009 un accord pour une meilleure coopération dans le secteur bancaire, boursier et dans le domaine des assurances, accord entré en application en janvier 2010.

Ils avaient ensuite signé, en 2010, un accord-cadre de coopération économique (ACCE) prévoyant notamment des droits de douane préférentiels, voire nuls, sur 539 produits taïwanais, de la pétrochimie aux pièces automobiles.

Le dégel de part et d’autre du détroit de Formose reste néanmoins précaire au plan politique. Taïwan est de fait indépendante mais Pékin maintient une position ostensiblement agressive à son égard, n’excluant pas la force pour la voir réintégrer le giron de la mère patrie.

Cette rhétorique chinoise aux accents parfois belliqueux attise les vents nationalistes à Taïwan.

Environ 700 manifestants, dont plusieurs centaines de membres du mouvement Falungong interdit en Chine, ont battu le pavé pendant le séjour de Chen Yunlin, encadrés par 1.300 policiers aux abords du grand hôtel où se tenaient les négociations.

"Je suis contre parce que la Chine essaye de contrôler l’économie de Taïwan pour, in fine, contrôler Taïwan", a expliqué un manifestant, Chen Che, dans les rues de la capitale.

Pour lui, le rapprochement économique entre la Chine et l’ancienne Formose, où les nationalistes chinois avaient trouvé refuge, "sont des étapes vers l’unification".

"Je suis inquiet pour l’avenir de Taïwan si le gouvernement continue à se vendre à la Chine comme ça. Sans démocratie, nous n’avons plus rien", a-t-il dit.


 source: Les Echos