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Ces ALE qui nous collent à la peau

Le Soir | 26 février 2013

Ces ALE qui nous collent à la peau

par Mohamed Mounjid

Amara écarte toute éventualité de renégocier les termes des accords de libre-échange (ALE) conclus avec certains pays comme les États-Unis. «Certes une évaluation s’impose. Mais le Maroc n’ira pas jusqu’à renier ses engagements», affirme-t-il. Avouant qu’à certains moments, « le courant ne passait pas avec les Américains ».

Qui a dit que le Maroc est en phase de préparatifs pour renégocier les termes des accords de libre-échange (ALE) conclus avec certains pays comme les États-Unis. Se voulant catégorique, Abdelkader Amara, ministre de l’Industrie, du commerce, et des nouvelles technologies cherche à rompre avec ces rumeurs relayées dernièrement par bien d’organes de la presse nationale en levant toute nuance. «Certes une évaluation s’impose. Mais le Maroc n’ira pas jusqu’à renier ses engagements», a-t-il affirmé lors d’une rencontre organisée récemment à Casablanca. Loin de «chercher un mur de lamentation» ou de nier que le commerce extérieur est dans le pétrin, le ministre PJDiste avoue que «la situation est critique». Et de reconnaître que «l’ouverture à l’international a un prix et on est en train de le payer». Les choses étant ce qu’elles sont, Amara n’a d’autres choix que de composer avec l’état de fait. Il annonce que son département a déjà entamé les procédures d’évaluation des ALE signées jusque-là pour faire améliorer les choses. Il n’hésite pas à confier que de temps à autre, certains accords se trouvaient dans l’impasse. «À certains moments, le courant ne passait pas avec les Américains», convient-il.

L’ALE Maroc-USA pointé du doigt

Longtemps critiqué par les professionnels, cet ALE Maroc-USA profite plus au pays de l’Oncle Sam. Le ministre n’y va pas par quatre chemins pour le démontrer. Les barrières à l’entrée au plus grand marché de consommation au monde sont telles que les exportateurs nationaux peinent à s’y tailler une place : absence de ligne maritime régulière, multitude de barrières non tarifaires (normes…), différence de règles fédérales et nationales… Bref, Amara promet de mettre en place une cellule composée des différents partenaires pour aboutir à des solutions d’ordre pratique. L’ALE Maroc-USA n’est pas le seul qui laisse à désirer. L’ALE conclu avec les huit pays de l’Union économique monétaire ouest-africaine (Uemoa) n’est pas en reste. Le ministre reconnaît quoique timidement qu’il y ait des problèmes à régler portant notamment sur les barrières douanières. Autre exemple et pas des moindres, l’ALE Maroc-Turquie. Là aussi Amara juge la situation «compliquée», mais pas au point de manquer aux engagements. Les choses se compliquent davantage avec l’approche de la date d’entrée en vigueur du présent accord prévu pour 2016. Pour rappel, les termes du contrat, signé à Ankara le 8 avril 2004, stipulent que les deux partenaires établissent progressivement une zone de libre-échange durant une période de transition de dix ans au maximum. L’Accord d’Agadir signé en 2004 entre le Maroc, la Tunisie, l’Égypte et la Jordanie ne déroge pas à la règle. Entré en vigueur le 27 mars 2007, il peine pour sa part à tenir la route. Le ministre explique qu’il s’agit bel et bien d’entraves douanières. En termes plus simples, certaines parties contractuelles n’hésitent pas à recourir bon an mal an à des mesures de défense commerciale. Le Maroc étudie quant à lui la possibilité d’user de la même sorte, ayant été victime de dumping. Quoi qu’il en soit, notre balance des paiements éprouve de graves difficultés et le recours aux mesures restrictives s’imposent d’urgence. Le pire c’est que les dispositions de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) n’autorisent ce genre de mesures que pour une durée limitée, le temps de remédier aux déséquilibres de la balance des paiements. Paradoxalement, le déficit de notre balance est loin d’être conjoncturel, mais structurel.


 source: Le Soir