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Donald Trump muscle son équipe commerciale avec Robert Lighthizer

L’Opinion | 3 janvier 2016

Donald Trump muscle son équipe commerciale avec Robert Lighthizer

par Gilles Sengès

Donald Trump vient de mettre la dernière main à sa force de frappe commerciale en nommant Robert Lighthizer au poste de représentant au Commerce. Cet avocat d’affaires, dont la tâche consistera à négocier des accords de libre-échange au nom du président des Etats-Unis, travaillera aux côtés du milliardaire Wilbur Ross (sa fortune est estimée à 3 milliards de dollars), précédemment nommé au poste de secrétaire au Commerce.

Les deux hommes ne devraient pas freiner les ardeurs protectionnistes de l’homme d’affaires new-yorkais qui n’a eu de cesse de dénoncer les pratiques commerciales de la Chine et le déséquilibre des échanges avec le Mexique durant sa campagne électorale. Sous-représentant au commerce dans l’administration Reagan, entre 1983 et 1985, Robert Lighthizer travaillait depuis dans le cabinet d’avocats d’affaires Skadden où il défendait les intérêts des grands groupes américains (industrie lourde, agriculture, high-tech), aux Etats-Unis face au dumping, et à l’étranger pour obtenir l’ouverture de marchés.

C’est, depuis longtemps, un soutien de Donald Trump. Dans une tribune libre publiée en 2011 par le Washington Times, il avait déjà pris la défense du promoteur immobilier, pointé du doigt par certains républicains pour son opposition au libre-échange. Il y rappelait aux détracteurs que Ronald Reagan avait imposé en son temps des quotas sur les importations d’acier aux Etats-Unis et protégé le constructeur américain de motos Harley-Davidson de ses concurrents japonais…

Roi des faillites. Il ne faudra donc pas compter sur lui pour freiner les ardeurs de Wilbur Ross. Surnommé « le roi des faillites » (il a aussi bâti sa fortune sur les déboires de banques chypriote, grecque et irlandaise), ce dernier est, lui aussi, un pourfendeur du libre-échange. Il a pourtant largement profité personnellement des « dégâts » provoqués par les importations chinoises, en participant activement notamment aux restructurations dans la sidérurgie américaine. « Free trade is free lunch. There is no free lunch », a-t-il coutume de dire (« Le libre-échange est synonyme de repas gratuit. Les repas gratuits n’existent pas »), en expliquant que dans ce type d’affaires, il y a un gagnant et un perdant.

Il faut ajouter la présence, aux côtés de Donald Trump, au titre de conseiller national pour le commerce (poste nouvellement créé) de Peter Navarro, un économiste auteur de Death by China, un livre dans lequel il dénonce les pratiques commerciales chinoises. Les partenaires des Etats-Unis sont donc prévenus : le prochain président des Etats-Unis devrait mettre en oeuvre les menaces proférées durant sa campagne contre les pays ne jouant pas, à ses yeux, le jeu en matière d’échanges.

Au cas où les intéressés en auraient douté, il a d’ailleurs lancé de nouvelles attaques sur Twitter contre Pékin qui a soufflé « des montants massifs d’argent et de richesse des Etats-Unis via des échanges commerciaux à sens unique », sans aider pour autant Washington à régler le dossier de la Corée du Nord qui menace aujourd’hui son pays de son arme nucléaire, accuse-t-il.


 source: L’Opinion