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Droit dans les yeux - Je te pleure, ô mon pays bien-aimé

Le Pays (Ouagadougou)| OPINION | 20 Février 2007

Droit dans les yeux- Je te pleure, ô mon pays bien-aimé

Les voeux à l’occasion de la nouvelle année sont un peu spéciaux au Burkina Faso selon ce que je lis dans les journaux. Il y a une chose qui vient toujours et une chose qui ne vient jamais.

On demande toujours de meilleures conditions de travail, davantage de salaire, de primes, des perdiems. Mais jamais on ne demande de chercher ensemble comment mieux faire son travail. Comment faire pour que les usagers ne viennent pas pour s’entendre dire " il est sorti". Comment faire pour que les gens ne soient pas obligés d’attendre des heures et des heures et ne soient pas obligés de revenir d’innombrables fois. Comment va progresser notre pays si l’on cherche seulement ses droits et pas ses devoirs.

Je te pleure, ô mon pays bien-aimé.

Au Burkina, le Sida recule fortement selon les chiffres des services gouvernementaux. Séropositifs: en 1997 : 7,17%.

En 2002 : 4,2% ; en 2005 : 2,3%. Comment est-ce possible ? Seulement une personne sur quatre est traitée comme il faut. Le gouvernement ne peut pas assurer un traitement gratuit. Si ces chiffres sont justes, cela doit être le résultat de la coordination de la lutte contre le Sida. Mettons en place encore deux de ces secrétariats, et il n’y aura plus de séropositifs au Burkina !

Je te pleure, ô mon pays bien-aimé.

Le président Blaise Compaoré est devenu le nouveau président de la CEDEAO et de l’UEMOA. Il a dit à l’occasion de sa prise de présidence : "Il nous faut mobiliser davantage les populations, les acteurs et les décideurs autour des défis importants." Mais 85% de la population ne veut pas le TEC que notre président a déjà signé et ne veut pas l’APE que notre président va signer.

Et c’est justement maintenant, comme président de la CEDEAO et de l’UEMOA, qu’il peut faire quelque chose pour lutter contre la pauvreté et la vie chère, mais le peuple n’a que de belles paroles pour se nourrir.

Je te pleure, ô mon pays bien-aimé.

Selon la Banque mondiale et le FMI, selon le président et le Premier ministre, tout va très bien au Burkina, tous les indications sont au vert. Mais avec le même montant d’argent depuis dix ans, on peut chaque année acheter 5% de moins que l’année précédente parce qu’il y a plus de 5% d’inflation. Plus de 40% de la population vit dans la pauvreté absolue.

Je te pleure, ô mon pays bien-aimé.

Le Burkina Faso est depuis des années le troisième pays le plus pauvre au monde.

Tous les jours, de petits enfants meurent parce que leurs parents ne peuvent pas payer quelques centaines de francs pour les remèdes contre un accès de paludisme.

Je te pleure, ô mon pays bien-aimé.

La moitié des enfants ne peuvent pas aller à l’école car leurs parents ne peuvent pas payer la scolarité alors que le gouvernement construit une nouvelle présidence et un nouveau bâtiment pour le ministère des Affaires étrangères digne de sa politique extérieure. Mais à quoi servent ces bâtiments pour le peuple ?

Je te pleure, ô mon pays bien-aimé.

Pourquoi notre gouvernement ne veut-il pas lutter contre la pauvreté de la population et assurer un prix rémunérateur des produits agricoles qui fait vivre plus de 80% de la population ? Pour rester au pouvoir ? Pour s’enrichir ? Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.

Je te pleure, ô mon pays bien-aimé.

Norbert Zongo : un homme qui savait qu’il risquait sa vie pour la vérité. Dieu est amour, Dieu est lumière, Dieu est vérité. Il est mort. Le juge d’instruction peut savoir où se trouve le meurtrier, car il a montré dans quel groupe de personnes se trouvait le meurtrier, et qui pouvait donner des ordres à une ou plusieurs personnes de ce groupe. Les pistes sont tracées, mais le juge ne les suit pas.

Ils ont prononcé le "non-lieu" et ils ont raison, même s’ils ont tort. C’est la loi de la jungle : celui qui est le plus fort a raison.

Le président lui-même a reconnu que la justice au Burkina Faso est parfois injuste.

Je te pleure, ô mon pays bien-aimé.

Ces sont toujours les mêmes choses sur lesquelles je reviens. Ce sont toujours les mêmes choses qui font souffrir les gens. Ce sont toujours les mêmes choses auxquelles les gens sont habitués si bien qu’à la longue, ils les croient normales. Ils doivent se rendre compte que c’est mauvais et ils vont ainsi réagir pour que ça change. Le vol n’est pas normal, il est mauvais. L’injustice n’est pas normale, elle est mauvaise. Ce n’est pas normal que les riches s’enrichissent de plus en plus et que les pauvres deviennent de plus en plus pauvres. Ce n’est pas normal que les décideurs ne cherchent que leurs propres intérêts : c’est mauvais. Ce n’est pas normal que les enfants ne reçoivent pas l’éducation à l’école primaire, qu’ils ne reçoivent pas les soins élémentaires de santé, qu’ils soient malades et meurent de faiblesse alors que tout cela pourrait être évité.

Je te pleure, ô mon pays bien-aimé.

Mon coeur a mal quand je vois la maladie qui n’est pas soignée, l’analphabétisme surtout des enfants, la famine, la pauvreté, la souffrance des faibles, l’injustice, l’impunité, la vie chère.

Je te pleure, ô mon pays bien-aimé.

Au moins, consommons et achetons les produits burkinabè.

Bonne nouvelle : Bienheureux ceux qui pleurent parce qu’ils seront consolés.

F. Balemans B.P. 332 Koudougou


 source: AllAfrica.com