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Une zone de libre-échange très attendue en Asie-Pacifique

(Photo : La Via Campesina)

French.china.org.cn | le 09. 08. 2014

Une zone de libre-échange très attendue en Asie-Pacifique

La Réunion 2014 des dirigeants des entités économiques du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (APEC), qui se tiendra en octobre en Chine, aura pour thème « Bâtir ensemble un partenariat Asie-Pacifique orienté vers l’avenir ». Cette réunion portera principalement sur trois sujets : « promouvoir l’intégration économique régionale », « favoriser l’innovation de l’économie, la réforme et la croissance » et « renforcer la construction des infrastructures et l’interconnexion ». Cette réunion servira à exprimer officiellement les arguments qui justifient la création de la « zone de libre-échange » de l’Asie-Pacifique.

Objectifs à long terme

« Promouvoir l’intégration économique régionale » a toujours été un des thèmes des réunions de l’APEC, dont libéraliser et faciliter le commerce et les investissements est l’objectif à long terme. Les niveaux de développement de ses pays membres étant trop disparates, l’APEC a adopté des méthodes distinctes concernant la réalisation des objectifs de libéralisation en établissant deux calendriers. Ils sont définis dans la Déclaration de Bogor, adoptée en 1994 en Indonésie. Selon celle-ci, les pays membres développés et ceux en développement atteindront la libéralisation des investissements respectivement en 2010 et 2020. L’APEC a aussi adopté l’Agenda d’action d’Osaka en 1995 et le Plan d’action de Manille en 1996 pour mettre en œuvre la Déclaration de Bogor. Ainsi dès lors, les plans d’action unilatéraux et d’actions collectives ont été appliqués afin d’atteindre les engagements pris par les pays membres pour libéraliser le commerce et l’investissement.

Début 2006, l’APEC a officiellement lancé l’idée de créer une zone de libre échange en Asie-Pacifique. Mais les principes de cette idée ont toujours été discutés. Aujourd’hui, au moment du 25e anniversaire de l’APEC, l’établissement d’une « zone de libre-échange en Asie-Pacifique » entre dans un cycle de discussions pragmatiques, et de nouveaux objectifs et plans pour son développement à long terme seront fixés lors de la réunion.

L’objectif principal d’une zone de libre-échange en Asie-Pacifique est de promouvoir la libéralisation du commerce, la facilitation de l’investissement, la libéralisation des services et le développement régional durable en conformité avec les règles du libre-échange. La création d’une zone de libre-échange permettra d’améliorer l’environnement commercial et les conditions d’investissement, et guidera la coopération économique de la zone Asie-Pacifique dans la recherche de nouvelles sources de vitalité pour se diriger vers la réalisation des objectifs de Bogor en 2020. Cela est totalement conforme aux buts de l’APEC : maintenir la croissance économique et le développement ; promouvoir l’interdépendance économique entre ses membres, renforcer le système commercial multilatéral ouvert ; réduire les barrières commerciales et celles entravant les investissements régionaux dans le but d’œuvrer en faveur des intérêts communs des peuples de la région.

L’intégration économique régionale est dans l’intérêt commun de tous les pays de la région. Cela correspond aux besoins de reprise économique de l’Asie-Pacifique, de la compétitivité régionale, mais aussi de la montée en gamme industrielle, de la création d’emplois ainsi qu’à l’amélioration du bien-être des peuples des pays membres. Par conséquent, nous devons travailler ensemble pour promouvoir la libéralisation du commerce et la facilitation des investissements.

Problèmes et solutions

Au cours de ces dernières années, l’APEC a dû rechercher de nouveaux points de convergence face à la reprise économique très lente en Asie-Pacifique et aux vieux modèles de croissance économique. L’intégration réussie dans d’autres régions a aussi favorisé le processus d’intégration en Asie-Pacifique. Mais l’APEC se trouve aussi à un carrefour et face à un dilemme, devant choisir entre fragmentation et intégration économique.

Les difficultés se présentent principalement dans trois domaines.

Premièrement, les orientations et les priorités de la coopération économique régionale sont différentes. Les 21 entités de l’APEC se répartissent, géographiquement, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, en Asie et en Océanie. Au niveau du développement économique, elles comprennent des pays industrialisés et des pays en développement. Pour ce qui est des régimes politiques, il y a des pays capitalistes et des pays socialistes. Quant à la croyance religieuse, on y trouve des pays chrétiens et des pays bouddhistes. Sur le plan culturel, il y a des pays de culture occidentale et d’autres de culture orientale. La diversité de ses membres est le fondement de l’existence de l’APEC mais aussi une condition préalable qui doit être considérée en priorité pour établir tous les programmes. Au cours des dix dernières années, le volume des échanges régionaux en Asie est passé de 1 000 milliards de dollars à 3 000 milliards, la part dans le volume total des échanges de tous les pays de la région, de 30 % à 50 %.

Deuxièmement, la fragmentation et l’impact des intérêts « sous-régionaux ». Les raisons en sont multiples : certains pays membres développés ont une attitude négative concernant la coopération économique et technique en faisant souvent d’autres projets unilatéralement. Le Partenariat Trans-Pacifique (TPP) et le Partenariat économique régional intégral (RCEP), deux moyens potentiels pour arriver à une zone de libre-échange en Asie-Pacifique, n’ont pas de rythmes coordonnés. La diversité des membres de l’APEC alimente les obstacles de la coopération. Il y a aussi des facteurs politiques, y compris des questions historiques, territoriales, ainsi que des conflits culturels. En outre, les accords de libre-échange (ALE) au sein de la région Asie-Pacifique ont connu un développement très rapide, ce qui est une bonne chose pour le développement du commerce, mais un trop grand nombre d’ALE produira un effet « bol de nouilles ». La mise en place de l’Accord de libre-échange de l’Asie-Pacifique peut mettre fin à l’effet « bol de nouilles » auquel les entreprises sont confrontées dans les pays membres de l’APEC.

Troisièmement, il manque un mécanisme de libéralisation pratique et des fonds nécessaires au développement régional.

Néanmoins, le processus de création de la zone de libre-échange de l’Asie-Pacifique (FTAAP) a désormais atteint un stade relativement mature. Il y a beaucoup de difficultés, mais aussi plus de solutions.

Tout d’abord, la reprise économique apparue en Asie-Pacifique, notamment en Asie de l’Est, donne de grands besoins au marché, des réserves de capitaux et des facilités. Les différents membres de l’APEC pensent de façon de plus en plus similaire. Le projet de zone de libre-échange de l’Asie-Pacifique a trouvé un écho positif dans les pays de la région, y compris aux États-Unis et au Japon. La Chine a proposé de débuter le plus tôt possible les études de faisabilité pour lancer le processus de construction de la zone de libre-échange de l’Asie-Pacifique par la promotion du TPP et du RCEP dans le cadre de l’APEC, et de la discussion sur les voies à suivre. Cette proposition a fait l’objet d’une réponse positive de la part des parties concernées.

Ces dernières années, les membres de l’APEC ont entrepris des efforts pour contribuer à la réalisation des objectifs de libéralisation du commerce et de l’investissement, principalement par l’intermédiaire de la mise en œuvre de plans d’action unilatéraux. Depuis 1994, année où les objectifs à long terme de la libéralisation du commerce et de l’investissement ont été déterminés, l’APEC a enregistré de grands progrès dans le domaine de la libéralisation du commerce, et le processus de libéralisation de l’investissement est toujours basé sur l’échange d’informations et le dialogue politique. À cause de la crise financière, l’APEC a ralenti la libéralisation du commerce et de l’investissement en 1999, mais ses membres sont toujours d’accord sur l’objectif de la libéralisation. Les États membres ont amélioré les mesures de leurs plans d’action unilatéraux afin de se rapprocher des objectifs commerciaux. En 2000, les membres de l’APEC ont décidé d’adopter « E-IAP », afin de présenter leurs mesures relatives à la promotion de la libéralisation et de la facilitation du commerce et de l’investissement sur Internet. Depuis lors, l’intégration de l’APEC continue d’avancer, bien que lentement.

De plus, des organisations d’intégration régionales comme l’Union européenne ou l’ALÉNA, permettent de fournir de bonnes expériences au projet de la zone de libre-échange de l’Asie-Pacifique. La Chine a appelé à la création d’un groupe de travail spécial pour faire une étude de faisabilité sur cette zone de libre-échange.

La clé réside en Asie de l’Est

Sans un consensus entre les trois pays de l’Asie de l’Est sur la libéralisation du commerce, le projet d’une zone de libre-échange de l’Asie-Pacifique ne pourra pas avancer favorablement. Le problème de l’APEC se concentre principalement sur celui de l’intégration régionale des trois pays de l’Asie de l’Est.

Les trois pays de l’Asie de l’Est sont clairement en faveur d’une zone de libre-échange Chine-Japon-Corée du Sud. Les agrégats économiques des trois pays représentent 70 % des ceux de l’Asie et 20 % du monde, bien que le volume des échanges commerciaux entre les trois pays représente moins de 20 % de leur commerce extérieur total. Malgré les difficultés, les milieux économiques font toujours avancer les négociations sur cette zone de libre-échange. En mai 2012, l’Accord d’investissement entre les trois pays a été signé à Beijing, et en mars 2013, le premier cycle de négociations sur une zone de libre-échange s’est tenu à Séoul, en Corée du Sud. En 2014, quand des gens parlaient d’une « guerre inévitable » en Asie de l’Est, d’autres se sont efforcés de promouvoir les négociations sur une zone de libre-échange Chine-Corée du Sud, une zone de libre-échange Chine- Japon-Corée du Sud, ainsi que le RECP.

La coopération commerciale et économique entre les trois pays permettra aussi de promouvoir la coopération culturelle en Asie de l’Est, ce qui contribuera non seulement à la confiance mutuelle et à la paix, mais aussi à la renaissance des valeurs fondamentales de la civilisation orientale, et cela emmènera le monde vers une direction marquée par l’humanisme, et l’harmonie.

*HE MAOCHUN : directeur du Centre de recherche de la diplomatie économique de l’université Tsinghua et professeur à la faculté des relations internationales de cet établissement.


 source: China Internet Information Centre