Le Figaro 27/01/2013
UE et États-Unis vont négocier un accord de libre-échange
Par Jean-Jacques Mevel
En cas de succès, des baisses de coût importantes pourraient bénéficier aux industries manufacturières comme l’automobile. Mais les discussions les plus difficiles porteront sur les services et l’agriculture.
Il s’agit de stimuler, face à la croissance de l’Asie, un hémisphère occidental qui pèse la moitié de la richesse de la planète mais seulement un tiers du commerce mondial. Les vingt pays de l’UE s’y sont engagés pour 2013, lors d’un sommet cet automne. La décision politique est attendue d’ici à quelques semaines des deux côtés de l’Atlantique. Les bénéfices ne font guère de doute aux yeux des industriels et des milieux d’affaires. L’investissement américain en Europe est trois fois plus élevé qu’en Asie. Pour les investisseurs européens, les États-Unis pèsent huit fois plus lourds que la Chine et l’Inde prises ensemble. Sur le plan commercial, l’UE approche le tournant en bonne posture: elle a exporté pour 260 milliards d’euros outre-Atlantique en 2011, les États-Unis 184 milliards.
En quête de croissance et d’emplois, les deux puissances ont tout intérêt à développer encore leur commerce et leurs investissements croisés. Bruxelles évalue à 1/2 point de PNB par an le bénéfice escompté d’un accord de libre-échange incluant libéralisation des services et accès aux marchés publics. L’industrie automobile est l’un des moteurs du commerce transatlantique et l’élimination des barrières non douanières pourrait réduire les coûts jusqu’à 15 %. Sans surprise, l’Allemagne est, avec le Royaume-Uni, un partisan déterminé.
Casse-tête de l’agriculture
Avec les États-Unis, la question porte moins sur les droits de douane - déjà tombés à moins de 3 % en moyenne - que sur le casse-tête de protections, règlements et certifications contradictoires. De fait, si l’accord semble à portée sur les produits manufacturés, il en va autrement pour les services et surtout la question ultrasensible de l’agriculture. Le libre-échange euro-américain pourrait bien esquiver ces deux secteurs en tout ou partie. Washington maintient, entre autres, l’interdit sur le bœuf européen depuis plus de quinze ans. En retour, Bruxelles bloque les importations de volaille et de bœuf traités chimiquement ou encore de maïs et de soja OGM. L’UE a déjà conclu des accords de libre-échange avec une trentaine de pays, notamment sur le pourtour méditerranéen, l’Afrique du Sud et dernièrement la Corée du Sud, objet d’une sérieuse polémique avec Paris. Elle a ouvert des négociations avec une dizaine d’autres, dont le Mercosur, l’Inde et le Canada.