La Presse | 28 novembre 2021
L’Inde veut relancer les négociations avec le Canada
par Mike Blanchfield, La Presse Canadienne
(Ottawa) Le Canada et l’Inde préparent tranquillement le terrain pour relancer les pourparlers officiels de libre-échange alors que le gouvernement Trudeau cherche des partenaires économiques autres que la Chine à la suite du différend sur l’affaire impliquant Meng Wanzhou et les deux Michael.
Les négociateurs commerciaux des deux pays ont tenu quatre « réunions consultatives » au cours de la dernière année par vidéo, et au cours de la plus récente, en octobre, les deux parties ont échangé des propositions préliminaires, a déclaré Anshuman Gaur, le haut-commissaire adjoint de l’Inde au Canada.
« Ils ont parlé des approches et de la voie à suivre », a-t-il déclaré dans une entrevue au cours des derniers jours.
L’engagement renouvelé est le résultat de la nouvelle politique commerciale dynamique de l’Inde, surnommée « récolte précoce », qui a vu le pays tenter d’avancer progressivement vers des accords de libre-échange à grande échelle avec la Grande-Bretagne, l’Union européenne, l’Australie, les Émirats arabes unis et maintenant le Canada.
Cela survient également alors que le gouvernement fédéral sort de son gel diplomatique de trois ans avec la Chine après le retour de Michael Spavor et Michael Kovrig au Canada. Ils ont passé plus de 1000 jours dans des prisons chinoises dans ce qui est largement considéré comme des représailles pour l’arrestation par la GRC de Meng Wanzhou, une dirigeante de Huawei, à la suite d’une demande d’extradition américaine en 2018.
Le Canada cherche à réduire sa dépendance économique à l’égard de la Chine et à se diversifier sur de nouveaux marchés asiatiques. Il a récemment lancé des négociations commerciales formelles avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est – connue sous le nom de ANASE – un bloc de 10 pays qui comprend les Philippines, l’Indonésie et la Thaïlande.
Le discours du Trône du 23 novembre du gouvernement libéral a reconnu cette priorité en déclarant : « Un monde en évolution exige une adaptation et une expansion de l’engagement diplomatique. Le Canada continuera de travailler avec des alliés et partenaires clés, tout en faisant des efforts délibérés pour approfondir les partenariats dans l’Indo-Pacifique et à travers l’Arctique. »
La ministre du Commerce international, Mary Ng, a discuté de l’accord possible avec son homologue indien, Piyush Goyal, l’été dernier à Rome lors d’une réunion du G20.
Le Canada a entamé des négociations commerciales avec l’Inde il y a plus d’une décennie sous le gouvernement conservateur de Stephen Harper. Le processus a à nouveau été suspendu en 2018, alors que le Canada était au milieu de sa renégociation intense de l’accord de libre-échange nord-américain avec les États-Unis et le Mexique à l’initiative de l’ancien président américain Donald Trump.
Le premier ministre Justin Trudeau a effectué une visite controversée en Inde en février 2018, où lui et sa famille ont été vivement critiqués dans leur pays pour s’être habillés avec des vêtements indiens traditionnels.
M. Gaur rejette toute idée que M. Trudeau aurait offensé son pays, affirmant qu’il comprenait la nécessité du Canada de se concentrer sur les États-Unis et le Mexique.
Rien de tout cela, a-t-il dit, ne diminue l’intérêt de l’Inde à faire des affaires avec le Canada dans le but d’augmenter les 12,8 milliards d’échanges commerciaux annuels entre les deux pays.
Cela a fait du Canada l’un des pays prioritaires de la stratégie commerciale de « récolte précoce » de l’Inde, qui constitue un véritable tremplin pour accélérer les progrès vers des accords de libre-échange plus larges. Il s’agit de poursuivre des progrès partiels dans la réduction des tarifs sur certains biens et services tout en laissant des questions plus difficiles en suspens pour des accords de libre-échange ultérieurs plus complets.
« Nous essayons de formaliser un accord sur les domaines où les différences sont les moins importantes et nous continuons à discuter de certains des domaines sur lesquels il y a le plus de divergences », a déclaré M. Gaur.
La poursuite d’accords commerciaux par l’Inde intervient alors que de nombreux pays, y compris le Canada, réexaminent leur position face à la Chine dans la foulée des préoccupations croissantes concernant les droits de la personne.