CETA: comment des députés LREM veulent encadrer son application

Challenges | 18 octobre 2017

CETA: comment des députés LREM veulent encadrer son application

Dix-huit députés LREM ont adressé mercredi 18 octobre au Premier ministre Edouard Philippe une trentaine de propositions d’encadrement de l’application du Ceta, le traité commercial controversé entre l’Union européenne et le Canada, dans une lettre dont l’AFP a eu copie.

Cette lettre intervient alors que l’exécutif doit dévoiler prochainement un "plan d’action" sur l’application du Ceta, après la remise d’un rapport d’experts constitué en raison des craintes liées aux effets de l’accord sur l’environnement et la santé principalement. Ces experts y regrettaient le "manque d’ambition" environnementale du traité.

Dans son courrier, le groupe de travail LREM, mené par les députés Jacques Maire et Matthieu Orphelin, propose notamment des mesures concernant l’importation de viande. C’est un des volets qui suscite le plus d’inquiétude, tant sur le volet sanitaire (règles canadiennes plus souples sur l’usage d’antibiotiques ou d’accélérateurs de croissance) qu’économiques, avec une concurrence accrue pour des éleveurs français déjà en difficulté.

Outre des études d’impact économique sur l’élevage français, le groupe de députés suggère, comme le groupe d’experts, d’étudier un étiquetage spécifique des viandes ou produits à base de viande destinés à informer les consommateurs sur l’usage de produits comme les antibiotiques.

"Veto climatique"

Ils recommandent également de renforcer les contrôles sur les produits interdits dans l’UE (boeuf aux hormones, saumon transgénique) et d’"étendre le moratoire français actuel aux +nouveaux OGM+", une nouvelle classe d’OGM susceptible d’échapper à la réglementation en vigueur.

Sur le climat, les députés de la majorité proposent également des "dispositifs législatifs ou réglementaires nationaux en 2019 pour dissuader ou taxer très fortement" les hydrocarbures dits non conventionnels (sables bitumineux, pétrole et gaz de schiste, etc.). Cette taxation se ferait "quelle que soit leur provenance" pour rester conforme aux règles européennes.

Comme l’avait également recommandé la commission d’experts, les élus proposent la mise en place d’un "veto climatique" qui empêcherait les investisseurs de former des recours devant les tribunaux d’arbitrage sur des mesures concernant la lutte contre le dérèglement climatique. Une des craintes des adversaires du Ceta est de voir se développer des recours d’intérêts économiques contre les mesures environnementales des Etats devant ces tribunaux privés et opaques.

Enfin, la lettre recommande des mesures destinées à renforcer la transparence des négociations et des futurs accords de libre-échange, comme celui avec le Mercosur, l’union douanière sud-américaine. Elle propose "la mise en place d’une commission de transparence" qui inclurait "la société civile et les parlementaires".

Ratifié en février par le Parlement européen, le Ceta doit encore être adopté par les parlements nationaux. Mais il est entré en vigueur de façon provisoire le 21 septembre.

(Avec AFP)

source : Challenges

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