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Accord commercial Royaume-Uni/Etats-Unis : ce que l’on sait des discussions

La Tribune | 31 mars 2025

Accord commercial Royaume-Uni/Etats-Unis : ce que l’on sait des discussions

par Mathieu Viviani

Un nouveau grand accord de libre-échange avec les États-Unis, son deuxième partenaire commercial, après l’UE. Depuis sa sortie officielle de l’Union européenne en janvier 2021 (Brexit), le Royaume-Uni en rêve. Mais le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, avec sa batterie de droits de douane imposés à la hâte, a accéléré les négociations.

Keir Starmer, Premier ministre britannique depuis juillet 2024, y travaille plus que jamais : le 27 février dernier, il a effectué une première visite aux Etats-Unis. Parmi ses objectifs : parvenir à une entente bilatérale entre le Royaume-Uni et les États-Unis afin d’éviter, ou a minima atténuer, « les droits de douane réciproques » promis pour le 2 avril par Donald Trump sur les importations américaines du monde entier.

L’enjeu économique est de taille pour le Royaume-Uni : selon l’Organisme britannique de prévision budgétaire (OBR), des droits de douane de 20 % sur les importations américaines du monde entier réduiraient le PIB britannique de 0,6 % d’ici 2026. Depuis, les deux chefs d’État et certains ministres et délégations se sont reparlé. Voici, à date, ce que l’on sait de ce potentiel accord.

Une dernière discussion « productive »

Dimanche, Keir Starmer et Donald Trump se sont parlé au téléphone au sujet de ce potentiel nouvel accord économique. Dans son communiqué, Downing Street s’est fait l’écho de l’échange en ces termes : « Les deux chefs d’État ont discuté des négociations productives entre leurs équipes respectives sur un accord de prospérité économique entre le Royaume-Uni et les États-Unis, et ont convenu que ces négociations se poursuivraient à un rythme soutenu cette semaine. »

« Nous travaillons d’arrache-pied », a précisé le Premier ministre britannique, sans donner plus de détails sur le contenu de l’accord. Un pas pressé qui s’explique en partie par l’annonce mercredi dernier de nouveaux droits de douane de 25 % sur les importations de véhicules non-américains aux États-Unis. Pour rappel, les Etats-Unis représentent le deuxième marché d’exportation des automobiles britanniques.

Un accord plutôt pour atténuer les droits de douane américains

Si certains attendent un grand accord commercial entre les États-Unis et le Royaume-Uni, plusieurs experts temporisent cette ambition. Interrogé par l’AFP, Jonathan Portes, économiste au King’s College de Londres, estime qu’un accord pour « échapper à certains droits de douane est possible », mais « il ne s’agirait pas d’un accord commercial à part entière ».

En effet, de par leur rapidité et leur urgence, ici le format de discussions ne ressemble pas à celui d’un accord commercial classique, très technique, et dont la négociation dure sur plusieurs années. « Au mieux, nous pouvons nous attendre à quelques concessions britanniques en échange de la non-application » de certaines taxes, expliquait aussi à l’AFP David Henig, du Centre européen pour la politique économique internationale.

Dans une interview accordée la semaine dernière au journal The Guardian, le porte-parole du gouvernement britannique est allé dans ce sens, indiquant que les négociations en cours concerneraient « moins un accord de libre-échange à part entière, qu’un accord couvrant uniquement certains secteurs ».

Une concession majeure sur le secteur technologique ?

C’est l’information qu’une grande partie du monde économique convoite : sur quoi va porter ce futur accord ? Si Downing street n’a pas encore révélé sa réponse, plusieurs sources consultées par la presse britannique, notamment celles de The Telegraph, concordent sur une chose : l’accord porterait essentiellement sur le secteur technologique.

L’intelligence artificielle pourrait être au menu de l’accord, comme l’esquissait ce propos à la presse de Keir Starmer, après sa visite de Donald Trump à la Maison-Blanche : « Au lieu de trop réglementer ces nouvelles technologies [l’intelligence artificielle, NDLR], nous saisissons les opportunités qu’elles offrent. Nous avons donc décidé aujourd’hui d’aller plus loin pour commencer à travailler sur un nouvel accord économique avec une technologie de pointe en son cœur. »

Une autre information a émergé la semaine dernière : Londres songe à revenir sur sa taxe sur les services numériques, considérée comme une sorte de « taxe GAFA » britannique contre les dérives des géants de la tech américaine. Celle-ci est une source de revenu fiscal non négligeable puisqu’elle rapporte la bagatelle 800 millions de livres par an. Interrogée sur le sujet la semaine dernière, le ministre britannique des Affaires et du Commerce Jonathan Reynolds a répondu que cet impôt n’était « pas quelque chose d’immuable, ou dont on ne pourrait jamais discuter ».


 source: La Tribune