Aéronautique, automobile, agriculture : les gestes de Trump obtenus par Londres
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Les Echos | 17 juin 2025
Aéronautique, automobile, agriculture : les gestes de Trump obtenus par Londres
Par Samir Touzani
Automobile, aéronautique, agriculture : Londres obtient des allègements ciblés face à Washington, mais échoue à faire plier les Etats-Unis sur l’acier. Donald Trump et Keir Starmer ont signé leur premier accord commercial depuis le retour du président américain à la Maison-Blanche. À l’occasion du sommet du G7 à Kananaskis, au Canada, les deux dirigeants ont officialisé un compromis visant à alléger certains droits de douane bilatéraux.
Selon ce document signé lundi, les Etats-Unis s’engagent à réduire les droits de douane sur les voitures britanniques, de 27,5 % à 10 % à partir de la fin juin, dans la limite d’un quota annuel de 100.000 véhicules. Le secteur aéronautique civil britannique sera également exempté du tarif de base de 10 %, une bouffée d’oxygène pour une industrie étroitement liée à Boeing.
« Je les aime bien. C’est la protection ultime », a déclaré Donald Trump à la presse à l’issue de sa rencontre avec Keir Starmer. Un moment de flottement a suivi, lorsque le président a ouvert un dossier pour présenter les documents signés, ils ont glissé et se sont répandus sur le sol. « Oups, désolé pour ça », a-t-il dit alors que Keir Starmer se démenait pour rassembler les feuilles détachées et les remettre dans le dossier, avant que le président américain ne décrive à tort l’accord comme « un traité commercial avec l’Union européenne », bloc que le Royaume-Uni a pourtant quitté depuis cinq ans.
Pas d’accord sur l’acier
En contrepartie des concessions américaines, le Royaume-Uni s’engage à renforcer les exigences américaines sur la sécurité des chaînes d’approvisionnement, en particulier dans l’acier et l’aluminium. Le texte évoque « la nature de la propriété » des aciéries, un clin d’oeil à l’inquiétude persistante de Washington concernant British Steel, toujours contrôlée juridiquement par le groupe chinois Jingye malgré la reprise en main du gouvernement britannique.
Sur l’acier, les discussions achoppent encore. Les droits de douane américains restent pour l’instant fixés à 25 %, même si Washington a accepté de négocier un quota d’exemption. Ce plafond sera déterminé ultérieurement par le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick.
Du côté agricole, les deux parties ont convenu d’un accès réciproque à 13.000 tonnes de boeuf. Londres insiste néanmoins sur le respect de ses normes sanitaires, une manière de désamorcer les critiques internes. En toile de fond, cet accord offre à Trump un argument de campagne : celui d’une guerre tarifaire qui porterait ses fruits. Après des mois d’hostilité commerciale, le président américain entend capitaliser sur ces concessions britanniques pour justifier sa ligne dure, y compris face à d’autres partenaires comme la Chine.
L’équilibre est plus délicat pour Keir Starmer. Le Premier ministre britannique évite soigneusement toute critique ouverte de Trump, espérant verrouiller des protections douanières avant que d’autres puissances - notamment européennes - ne décrochent elles-mêmes des concessions. Mais l’absence de progrès immédiats sur l’acier est un revers, d’autant que le précédent document-cadre signé le mois dernier prévoyait leur suppression pure et simple.