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ALE Maroc-Turquie : Le volet agricole passé au scanner

L’impact de la libéralisation des échanges avec la Turquie sur le secteur agricole marocain est redouté.

L’Economiste | 2012/05/28

ALE Maroc-Turquie
Le volet agricole passé au scanner

 Une étude lancée pour cerner les enjeux
 La Turquie subventionne massivement son agriculture à l’export

L’impact de la libéralisation des échanges avec la Turquie sur le secteur agricole marocain est redouté. Le ministère de l’Agriculture lance une étude pour mieux cerner les conséquences de l’ouverture du marché aux produits turcs avant d’entamer les négociations sur l’article 35 de l’accord de libre-échange. L’objectif étant de déterminer le pourcentage d’ouverture actuel des échanges ainsi que le mode de libéralisation à retenir. Le tout sachant que les tarifs de droits de douane turque appliqués aux produits agricoles sont assez élevés comparativement à ceux du Maroc.

Trois options sont à l’étude: un schéma de démantèlement progressif, un simple échange de concessions selon le principe de la liste positive figée ou encore, celui de la liste positive évolutive. L’effet de l’ALE avec la Turquie sur la production, les prix, l’emploi et la fiscalité devrait être également évalué. Le secteur agricole turc bénéficie de soutiens importants à l’export créant ainsi des distorsions au commerce. Elles sont généralement accordées sous la forme de restitutions à l’exportation. C’est le cas pour l’huile d’olive (125 dollars/t pour 100% de la quantité exportée), les préparations et conserves de poissons (200 dollars/t pour 100% de la quantité exportée), les œufs (15 dollars / 1.000 pièces pour 78% de la quantité exportée), etc.

D’ailleurs l’étude du ministère de l’Agriculture devra proposer des mesures compensatoires aux distorsions créées par ces subventions. Celles-ci pourraient se matérialiser par la mise en place de quotas réduits, de faibles réductions de droits de douane, etc. Entré en vigueur en janvier 2006, l’accord de libre-échange avec la Turquie a été signé en 2004. Si les produits industriels seront totalement libéralisés en 2015, les produits agricoles bénéficient de concessions tarifaires accordées par les deux pays pour un nombre limité de produits. Plus exactement, l’accord prévoit une clause évolutive assortie d’une libéralisation progressive des échanges. Une clause sur laquelle la Turquie s’est appuyée pour formuler une requête additionnelle visant l’amélioration des concessions accordées par le Maroc sur certains produits. Ce qui risque d’avoir un impact important sur le secteur agricole marocain.

Globalement, le solde commercial du Maroc avec la Turquie reste déficitaire même s’il s’est redressé. Depuis 2006, le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a progressé de 17% en moyenne annuelle s’établissant à 9,3 milliards de dirhams en 2010, ce qui représente 2,1% du total du commerce extérieur du Maroc. Dans le cas de la balance commerciale agricole, le déficit s’est réduit de 8%. Il est passé de 90 millions de DH pour la période 2003-2005 à 83 millions de dirhams pour la période 2006-2010. En 2009, ce déficit a atteint un maximum de 152 millions de dirhams. Un niveau attribué surtout aux fausses déclarations en douane avec un niveau d’importation de près de 165 millions de dirhams.

4,2% du PIB de soutien à l’agriculture

En Turquie, la superficie agricole utile s’élève à 27 millions d’hectares dont 18% sont des surfaces irriguées. Ce pays où l’agriculture occupe 25% de la population compte 3 millions d’exploitations d’une superficie moyenne de 6 hectares. Et en moyenne près de 4,2% du PIB est affecté au soutien de l’agriculture via des aides directes aux agriculteurs et les primes à la production. Les filières subventionnées sont l’élevage (298 millions d’euros), la production du thé (63 millions d’euros), le soutien aux produits de lait et semences certifiées (42 millions d’euros).

K. M.


 source: L’Economiste