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Décrypter les droits de douane : note d’information de La Via Campesina

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Image: La Via Campesina

La Via Campesina | 4 juin 2025

Décrypter les droits de douane : note d’information de La Via Campesina

Coincée entre un discours néolibéral hystérique qui diabolise les droits de douane et une administration américaine qui les utilise comme instruments de politique étrangère impérialiste, cette note vise à clarifier la position de La Via Campesina sur la question. Destinée à la formation interne au sein de La Via Campesina, cette note rassemble plusieurs arguments en faveur de l’utilisation des droits de douane et des barrières non tarifaires (BNT) pour protéger les personnes productrices alimentaires à petite échelle, et pour promouvoir la souveraineté alimentaire ainsi que l’autodétermination économique.

Comme expliqué dans ce document, La Via Campesina affirme que, lorsqu’ils sont appliqués avec une intention juste et accompagnés de services publics adéquats, les droits de douane et les BNT peuvent être des outils puissants pour soutenir les petites et petits producteur·trices alimentaires, améliorer la disponibilité des aliments, créer des emplois et renforcer la souveraineté alimentaire, tant dans le Nord que dans le Sud global. Toutefois, ces outils sont de plus en plus détournés par des gouvernements aux intérêts particuliers qui cherchent à protéger les multinationales, à renforcer leur pouvoir sur les marchés mondiaux et à affirmer leur domination géopolitique.

Même au sein de nos propres pays, il est important de reconnaître que les droits de douane ne sont pas toujours utilisés pour soutenir les petites productions. Trop souvent, les revenus douaniers sont dirigés vers la protection de l’agrobusiness national orienté vers l’exportation, au détriment de la sécurité alimentaire locale. Cela souligne l’urgence de disposer de mouvements populaires forts et organisés pour s’assurer que les outils du commerce soient utilisés au service des systèmes alimentaires locaux et des personnes productrices qui ne travaillent pas principalement pour l’exportation.

Comme le souligne cette note, la souveraineté alimentaire—le droit des peuples et des nations à définir leurs propres systèmes alimentaires, en priorisant la production locale, la durabilité et le bien-être des communautés—ne peut être atteinte que par l’utilisation collective et coordonnée d’outils tels que les droits de douane et les BNT, en combinaison avec des politiques publiques nationales robustes. Bien qu’ils ne soient pas les seuls instruments nécessaires, les droits de douane et les BNT font partie des leviers essentiels pour protéger l’agriculture locale, garantir un commerce équitable, et promouvoir des systèmes alimentaires diversifiés, agroécologiques et portés par les paysan·nes.

La Via Campesina soutient depuis longtemps que le dogme néolibéral qui structure le commerce international doit être démantelé. Il n’a fait qu’aggraver les inégalités et la faim, générer des crises de la dette, et intensifier la crise climatique, avec des conséquences catastrophiques pour les populations et la planète. Il est temps de repenser les structures du commerce mondial, en réorientant les outils tels que les droits de douane et les subventions vers celles et ceux qui en ont le plus besoin : les paysan·nes, les petit·es producteur·trices alimentaires, les pêcheur·euses, et les travailleuses et travailleurs ruraux.

Dans ce contexte, une attention renouvelée à l’usage et à l’abus des droits de douane devrait susciter un débat plus large et une exigence pour un cadre commercial alternatif, fondé sur les principes d’équité, de justice sociale et de souveraineté alimentaire.

Nous espérons que cette note d’information contribuera à enrichir le débat parmi les membres et allié·es de La Via Campesina.

Télécharger la note d’information (FR)


 source: La Via Campesina