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Difficultés dans les négociations entre le Canada et l’UE

Le Devoir | 15 juillet 2011

Difficultés dans les négociations entre le Canada et l’UE

Antoine Robitaille

Québec — Québec a nié hier les informations selon lesquelles les négociations entre le Canada et l’Europe ont été rompues en raison de désaccords au sujet des secteurs des services et des marchés publics. Ces pourparlers, qui en sont à leur huitième séance formelle à Bruxelles, ont pour objectif la conclusion d’un Accord économique et commercial global Canada-Europe (AECG en français, CETA en anglais). Joint dans la capitale européenne en soirée hier (vers 22h heure de Belgique), le négociateur du Québec, l’ancien premier ministre Pierre Marc Johnson, a refusé de faire quelque commentaire, soutenant qu’il était «en plein dans une réunion».

Reuters rapportait plus tôt hier que les négociations avaient achoppé sur les deux sujets les plus délicats, les services et les marchés publics. L’agence de presse affirmait même qu’il était improbable que l’AECG soit conclu, et ce, même si des négociations se poursuivaient sur des sujets moins importants. Toujours selon Reuters, le directeur du Forum sur le commerce Canada-Europe (FORCE), Jason Langrish, rend les Européens responsables des retards.

«Les négociations ne sont pas suspendues», a toutefois insisté hier après-midi Jolyane Pronovost, l’attachée de presse du ministre québécois du Développement économique, Clément Gignac. «M. Johnson est toujours à Bruxelles et les discussions portent, tel que convenu, sur les marchés publics et les tarifs de biens», a précisé un peu plus tard Jean-Pierre D’Auteuil, de la Direction des stratégies et des communications du MDEIE. Notons que c’est l’Europe qui a souhaité que les provinces participent aux pourparlers sur l’AECG puisqu’elles seront très importantes dans l’application d’un éventuel accord.

Le 8 juin, Le Devoir soulignait que les négociations entreraient ce mois-ci dans leur phase la plus difficile. Les deux parties devaient s’échanger une liste de domaines et des organisations qu’elles veulent mettre à l’abri de leur futur traité (liste négative) en ce qui a trait au très délicat secteur des services. Ce printemps, l’Europe s’était montrée préoccupée par l’insistance du Canada à recourir, comme dans l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), à ce type de «liste négative». Les Européens ont plutôt l’habitude de dresser des «listes positives», lesquelles comprennent tous les domaines et organisations soumis au traité. Malgré tout, les négociateurs de l’AECG interrogés en marge de la Conférence de Montréal en juin s’étaient montrés plutôt optimistes. «Les négociations devraient être terminées pour la fin de 2011; sinon, je suis plutôt sûr qu’on y sera arrivés pour la fin de la première moitié de 2012», avait estimé Maurizio Cellini, chef de la section économique et commerciale de la délégation de l’Union européenne au Canada. La 9e séance de négociations est prévue pour octobre et elle devrait se tenir à Ottawa.

«Le Canada a besoin de diversifier ses marchés, pour réduire sa dépendance envers les États-Unis, et cet accord [AECG] le lui permettra. Le premier ministre québécois, Jean Charest, a joué un rôle décisif dans ce dossier», a déclaré le patron de Power Corporation, Paul Desmarais fils, au magazine L’Express à la fin de juin. Plus tôt ce mois-là, le Parlement européen a adopté une résolution généralement favorable à la conclusion d’un AECG. Les députés y rappelaient toutefois leurs préoccupations concernant l’exploitation des sables bitumineux, l’extraction de l’amiante ainsi que le respect des engagements d’ouverture des marchés publics par les provinces et villes canadiennes.


 source: Le Devoir