Exportations : comment l’Europe freine l’Algérie malgré l’accord d’association
ObservAlgerie, 8 mai 2025
Par Aylan Afir
Exportations : comment l’Europe freine l’Algérie malgré l’accord d’association
L’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne (UE), signé en 2002, visait à établir un partenariat économique équilibré. Cependant, après plus de deux décennies d’application, les produits agricoles algériens font face à d’importants obstacles bureaucratiques sur le marché européen. Ces restrictions, bien souvent non tarifaires, nuisent gravement à la compétitivité des produits agricoles du pays et empêchent leur expansion sur le marché européen.
Les produits agricoles algériens se heurtent à une série de restrictions techniques et administratives sur le marché européen. En dépit des protocoles relatifs à l’agriculture inclus dans l’accord, l’accès aux marchés européens reste limité par des exigences telles que les spécifications techniques de taille et d’emballage, les normes de santé animale et des procédures douanières complexes. Ces obstacles engendrent des retards aux points d’entrée, augmentent les coûts et détériorent la qualité des produits frais. Ces défis ne sont pas seulement techniques ; ils sont aussi perçus comme des barrières non tarifaires injustifiées.
Un déséquilibre commercial persistant
« Le produit algérien est parfois confronté à des procédures bureaucratiques complexes dans les pays de l’Union, à des normes parfois inéquitables et à des retards injustifiés aux points d’entrée des pays de l’Union, ce qui augmente les coûts et affecte la qualité des produits agricoles frais », a en effet dénoncé Mohamed Tifouri directeur central au ministère de l’Agriculture
Malgré un excédent commercial général en faveur de l’Algérie avec l’UE, ce dernier est principalement dû aux exportations d’hydrocarbures, qui représentent environ 95% des exportations nationales. Le secteur agricole, lui, peine à s’imposer dans les échanges commerciaux avec l’Europe. Ce déséquilibre est d’autant plus flagrant que les produits agricoles algériens sont largement affectés par des normes parfois inéquitables et des processus bureaucratiques complexes. Pour Mohamed Tifouri, ce manque d’accès direct au marché européen empêche l’Algérie de diversifier ses exportations et de tirer profit de son potentiel agricole.
Appels à une révision de l’accord
Lors d’une journée parlementaire organisée mardi 6 mai, plusieurs responsables ont exprimé leur mécontentement face à l’accord actuel. Ils appellent à une révision en profondeur de celui-ci, soulignant que 20 ans d’application sont suffisants pour réévaluer son efficacité et son équité. Le parlementaire Nacer Bettiche a proposé la création d’une commission nationale ad-hoc, composée de représentants de différents secteurs, pour analyser clause par clause l’accord et proposer des amendements qui restaureraient un partenariat équilibré.
La révision de l’accord d’association est désormais une priorité pour les autorités algériennes. L’objectif est d’alléger les procédures douanières et de garantir une application des normes plus transparente et sans discrimination. En facilitant l’accès des produits agricoles algériens au marché européen, l’Algérie espère non seulement diversifier ses exportations, mais aussi améliorer sa position dans les échanges commerciaux avec l’UE. Il est crucial que les deux parties aboutissent à un partenariat véritablement équitable, où chaque acteur bénéficie des opportunités d’échange dans un environnement clair et sans entraves bureaucratiques injustifiées.