La fin du Partenariat transpacifique profitable à la Russie?
RBTH | 27 janvier 2017
La fin du Partenariat transpacifique profitable à la Russie?
par KSENIA ILIINSKAÏA
À peine arrivé à son poste, le nouveau président américain Donald Trump a signé l’acte de retrait des États-Unis du Partenariat transpacifique (TPP). Cette décision permet à la Russie et à la Chine d’intensifier leurs négociations sur la mise en place de zones de libre-échange avec leurs partenaires en Asie.
Donald Trump a commencé sa première journée à la Maison Blanche en réalisant l’une de ses promesses électorales : il a signé un décret mettant fin à la participation des États-Unis au traité de libre-échange baptisé Partenariat transpacifique (TPP).
L’administration a annoncé précédemment qu’elle était prête à prendre des mesures de rétorsion contre les pays violant les accords commerciaux et a exigé de réviser les modalités concernant l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). L’objectif de cette nouvelle politique commerciale est de réduire le déficit américain dans les échanges avec les plus grands partenaires.
Les experts internationaux mettent en garde contre les conséquences négatives d’un accroissement unilatéral des tarifs douaniers. Ainsi, Roberto Azevêdo, le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a rappelé au Forum de Davos le risque d’« effet domino », l’augmentation des taxes risquant de faire brusquement chuter les importations et les exportations.
Quel profit pour la Russie ?
Selon la Banque mondiale, pour Moscou l’effet commercial direct d’une éventuelle entrée en vigueur du TPP aurait été nul, tandis que la Chine aurait vu ses exportations baisser.
Toutefois, explique Evgueni Vinokourov, directeur du Centre des études d’intégration de la Banque eurasienne, si le TPP et le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) étaient devenus réalité, l’Union économique eurasiatique (UEE) – qui regroupe la Russie, la Biélorussie, l’Arménie, le Kazakhstan et le Kirghizistan – se serait retrouvée dans l’isolement en matière de commerce et d’investissement.
Le retrait des États-Unis du TPP ouvre la voie au développement de relations commerciales et économiques de la Russie et de l’UEE avec les pays de la région Asie-Pacifique, a-t-il précisé.
En tant que membre de l’UEE, la Russie possède d’ores et déjà une zone de libre-échange avec un pays signataire du TPP, le Vietnam. Ainsi, les industriels de l’automobile russes, comme KamAZ ou AvtoVAZ, se sont entendus avec le Vietnam sur la production de leurs véhicules dans le pays. KamAZ a annoncé que ses exportations vers les pays non membres de la CEI avaient doublé l’année dernière, notamment grâce aux livraisons au Vietnam, qui est devenu le plus grand marché de la société après la CEI.
Des négociations sur la simplification des modalités des échanges sont en cours avec d’autres partenaires asiatiques. Ainsi, un accord sur la coopération économique est sur le point d’être élaboré avec la Chine. Bien que ce document n’ait pas pour objectif de réduire les taxes, il doit faciliter la circulation des marchandises grâce à la levée des barrières non tarifaires et à la signature d’ententes sur des contrôles communs de la qualité des produits.
Une éventuelle mise en place de zones de libre-échange en Asie est examinée également avec Singapour, la Corée du Sud et l’Inde. En outre, la Russie est membre du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (APEC) qui est lui aussi une plateforme de négociations sur des zones de libre-échange.
Les méga-accords comme le TPP seront d’actualité à l’avenir, mais ils pourraient changer de forme, a indiqué pour sa part Alexeï Portanski, professeur à la Haute école d’économie et collaborateur à l’Institut de l’économie mondiale et des relations internationales. Ils établissent de nouvelles règles dans le monde des affaires, des règles indispensables au marché international bien qu’incapables de remplacer l’Organisation mondiale du commerce (notamment les mécanismes destinés à trancher les litiges), a-t-il souligné.