Le Mercosur et le Canada relancent les négociations pour un accord de libre-échange après cinq ans d’arrêt
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Point Sud | 9 octobre 2025
Le Mercosur et le Canada relancent les négociations pour un accord de libre-échange après cinq ans d’arrêt
par Simon Lesage
Le Mercosur et le Canada relancent les négociations pour un accord de libre-échange après cinq ans de pause
Les autorités du Mercosur et du Canada ont repris ce jeudi à Brasilia, au Brésil, les discussions en vue de conclure un accord commercial suspendu depuis la pandémie de Covid-19, qui avait interrompu le processus entamé en 2018. Cette reprise officielle, confirmée par des sources gouvernementales, s’étale sur deux journées de travail qui s’achèveront vendredi.
Sous la présidence tournante brésilienne jusqu’à la fin de l’année, les équipes de négociation vont actualiser leurs échanges « à la lumière du nouveau contexte international », comme l’a annoncé la diplomatie brésilienne. Plusieurs points essentiels seront abordés, notamment l’accès aux marchés, la facilitation des échanges, les barrières tarifaires, sanitaires et phytosanitaires, ainsi que les secteurs des services, des marchés publics, de la propriété intellectuelle et de l’environnement.
Cette relance avait été convenue en août dernier lors de la visite du ministre canadien du Commerce international, Maninder Sidhu, à Brasilia où il avait été reçu par le ministre brésilien des Affaires étrangères, Mauro Vieira. Lors de cette rencontre, Sidhu avait souligné la nécessité de s’appuyer sur « les meilleurs partenaires » face aux menaces portées aux règles commerciales, en allusion claire aux politiques protectionnistes des États-Unis sous Donald Trump. De son côté, Mauro Vieira a qualifié ce rapprochement avec le Canada de « démarche stratégique et opportune, en phase avec la situation économique internationale actuelle. »
Le Mercosur, regroupant l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay, avec la Bolivie en voie d’adhésion, accélère depuis peu son agenda d’ouverture autour du commerce extérieur. En septembre dernier, le bloc a signé un accord de libre-échange avec l’Association européenne de libre-échange (AELE), composée de l’Islande, de la Norvège, de la Suisse et du Liechtenstein.
Dans ce contexte, le Mercosur poursuit également l’objectif prioritaire de finaliser avant la fin de l’année l’accord historique avec l’Union européenne, fruit de plus de 25 ans de négociations. Pedro Miguel da Costa e Silva, représentant brésilien auprès de l’UE, a souligné lors d’une conférence en ligne organisée à Madrid que si le processus de ratification du traité n’avançait pas à ce stade, les deux blocs pourraient abandonner les négociations.
L’accord transatlantique prévoit la création d’un marché commun de 780 millions de personnes, couvrant non seulement les biens et services, mais aussi les investissements, la coopération politique et les normes environnementales, avec un impact majeur sur le produit intérieur brut mondial. Cependant, la ratification reste fragilisée, notamment en raison des réserves de la France, qui s’inquiète des effets sur son agriculture.
Le ministre brésilien Mauro Vieira a affirmé que le Mercosur « est prêt » à signer l’accord avec l’UE, rappelant que la décision finale appartient désormais au Conseil européen, chargé de la validation dernière du texte.
Les Points Importants
- La reprise des négociations Mercosur-Canada symbolise une étape clé pour renforcer les liens commerciaux entre l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud dans un contexte géopolitique en mutation.
- Le cadre renouvelé de négociation prend en compte les transformations récentes de l’économie mondiale, notamment les préoccupations relatives aux enjeux sanitaires et environnementaux.
- L’ouverture progressive du Mercosur à d’autres accords commerciaux, notamment avec l’AELE et potentiellement l’UE, traduit une dynamique d’intégration économique renforcée sur la scène internationale.
- La France, porteuse d’une agriculture exigeante et protectrice, joue un rôle crucial dans l’équilibre des négociations UE-Mercosur, illustrant la nécessité de conjuguer ambitions commerciales et préservation des secteurs sensibles.
- Ce contexte invite à penser que les relations économiques internationales ne peuvent plus ignorer la dimension environnementale ni le poids des valeurs culturelles et sociales inhérentes aux régions participantes.
En tant qu’observateur des dynamiques mondiales, je mesure combien ce type de négociations représente plus qu’un simple échange commercial : c’est un dialogue entre des visions du monde, un effort pour bâtir des passerelles entre des économies, des sociétés, et des façons diverses d’appréhender le futur. Il nous invite à réfléchir sur notre capacité collective à trouver des chemins communs, où l’intérêt économique s’harmonise avec la responsabilité écologique et sociale. Quels compromis sommes-nous prêts à faire pour un progrès durable et partagé ? Voilà une question que ces alliances régionales, et plus largement internationales, posent à notre conscience citoyenne contemporaine.


