Les litiges entre investisseurs et États sur les ressources atteignent un sommet en dix ans
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Zone Bourse | 3 novembre 2025
Les litiges entre investisseurs et États sur les ressources atteignent un sommet en dix ans
par Reuters
Les différends entre gouvernements et investisseurs concernant les ressources naturelles ont atteint leur plus haut niveau en dix ans, selon le cabinet d’avocats DLA Piper. Cette augmentation est alimentée par la montée du nationalisme des ressources et la concurrence croissante entre les États-Unis et la Chine pour l’accès aux minéraux critiques.
Ce phénomène reflète la ruée vers les minéraux nécessaires à la fabrication de composants électroniques pour la vague de l’intelligence artificielle, aux véhicules électriques, ainsi qu’aux précieuses recettes pétrolières et gazières, vitales pour les finances publiques, notamment dans les économies émergentes.
D’après DLA Piper, les 32 litiges déjà déposés en 2025 devant l’organe d’arbitrage de la Banque mondiale — concernant des ressources allant du pétrole et du gaz à l’or, l’uranium et le lithium — ont d’ores et déjà dépassé le total de l’an dernier.
« À mesure que la valeur de ces ressources devient plus évidente, les États ressentent le besoin d’exercer un contrôle accru sur tout gisement de minéraux critiques présent sur leur territoire », explique Gabriela Alvarez-Avila, associée chez DLA Piper et co-responsable de l’arbitrage international.
Selon l’analyse de DLA Piper de la base de données du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), 17 des affaires concernent des actifs pétroliers et gaziers.
L’Amérique latine concentre le plus grand nombre de litiges, avec 11 dossiers, dont quatre pour la seule Colombie, qui détient ainsi le record régional.
Le président colombien Gustavo Petro a, l’an dernier, classé plusieurs zones minières comme réserves naturelles temporaires, interdit la fracturation hydraulique (fracking) et menacé de bloquer les exportations de charbon vers Israël, suscitant des tensions avec certains investisseurs.
Le Mexique, qui a nationalisé le lithium en 2022, fait face à deux litiges, tout comme l’Équateur et le Panama.
DLA Piper n’a pas détaillé la nature précise de ces différends.
L’Afrique, riche en réserves de minéraux critiques, compte dix litiges impliquant le Niger, la Tanzanie, la République démocratique du Congo (RDC), le Mali, le Maroc et le Sénégal.
La RDC abrite notamment du cobalt, du cuivre, du lithium et du manganèse, des ressources prisées par de nombreux pays et investisseurs.
Les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, ont notamment déclaré être ouverts à l’exploration de partenariats sur les minéraux critiques en RDC, après qu’un sénateur congolais a contacté des responsables américains pour proposer un accord « minéraux contre sécurité ».
La société australienne AVZ Minerals a indiqué en juillet qu’un nouvel accord entre Kinshasa et KoBold Metals, soutenue par les États-Unis, pour le développement d’une partie d’un projet de lithium, violait une décision d’arbitrage international.
La plupart des autres litiges identifiés par DLA Piper se situent en Europe et en Asie centrale.


