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Libre échange Canada-Europe: un traité qui ira plus loin que l’ALENA

La Presse Affaires | 25 septembre 2010

Libre échange Canada-Europe: un traité qui ira plus loin que l’ALENA

Joël-Denis Bellavance
La Presse

(Ottawa) La portée du traité de libre-échange que sont en train de négocier le Canada et l’Union européenne est beaucoup plus ambitieuse et plus vaste que l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) liant le Canada, les Etats-Unis et le Mexique.

Les négociations vont «étonnamment bien», selon le ministre du Commerce international Peter Van Loan, au point où l’échéancier de 2011 sera respecté. Les émissaires des deux parties doivent d’ailleurs se rencontrer à Ottawa à la mi-octobre pour une cinquième et possiblement dernière ronde de négociations, a confié le ministre dans une entrevue accordée à La Presse.

Au terme de cette cinquième ronde, le dossier devrait être remis entre les mains des leaders politiques pour aplanir, s’il le faut, les différends qui n’auraient pu être réglés par les négociateurs.

«Les négociations avec l’Union européenne vont très bien et constituent, et de loin, notre initiative la plus importante en matière de commerce international. Il n’y a personne qui croyait que nous pourrions avancer aussi rapidement dans ce dossier», a dit le ministre Van Loan, rencontré à son bureau de la colline parlementaire.

Contrairement à l’ALENA, l’entente avec l’UE pourrait englober l’accès aux appels d’offres des provinces et des municipalités, la mobilité de la main d’oeuvre, les services financiers, la reconnaissance des titres de compétence, entre autres. Les provinces sont d’ailleurs représentées à la table des négociations, ce qui n’était pas le cas durant les négociations entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique.

Fait intéressant, les États-Unis suivent de très prêts l’évolution des pourparlers entre le Canada et l’UE, selon M. Van Loan. À chaque fois qu’il rencontre son homologue américain Gary Locke, ce dernier l’interroge sur l’état des négociations. Les Américains manifestent d’autant plus d’intérêt que c’est la première fois que l’UE entreprend des négociations afin de conclure un accord de libre-échange avec un pays industrialisé.

En concluant un accord avec l’UE tout en étant signataire de l’ALENA, le Canada disposera d’un avantage stratégique important pour attirer des entreprises et des investisseurs désirant brasser des affaires sans entrave à la fois sur le continent européen et sur le marché américain. Le Canada constituera la porte d’entrée par excellence pour ces deux marchés importants, estime M. Van Loan.

«Si tout ce passe comme prévu, le Canada sera le seul pays industrialisé à avoir une entente de libre-échange avec les Etats-Unis et l’Union européenne, soit la première économie du monde et la deuxième économie du monde. Le Canada disposera ainsi d’un avantage extraordinaire. Le seul endroit qu’une entreprise pourra exporter son produit librement aux États-Unis et en Europe, ce sera à partir du Canada», a affirmé le ministre.

La situation politique aux États-Unis, où le sentiment protectionniste est à la hausse depuis que les démocrates ont pris les commandes de la Maison-Blanche et du Congrès, donne à croire que ce n’est pas demain la veille que les autorités américaines se lanceront dans des négociations avec l’UE pour conclure un traité.

Autre avantage important, le taux d’imposition des entreprises au Canada est parmi le plus bas des pays du G7. Et le fardeau des entreprises devraient encore diminuer à partir du 1er janvier 2011. «Compte tenu que nous avons le déficit le moins élevé des pays du G7, nous serons en mesure de maintenir ces taux d’imposition bas au cours des prochaines années», a dit le ministre.

Selon une étude conjointe mener par les gens d’affaires pour déterminer les avantages de conclure un tel traité, le Canada pourrait enregistrer des retombées économiques de 12 milliards de dollars par année en libéralisant le commerce avec les pays membres de l’Union européenne.

Mais le ministre Van Loan croit que les retombées seront plus importantes encore. Car les auteurs de l’étude tenaient pour acquis que la ronde de Doha visant à libéraliser le commerce mondial serait couronnée de succès. Or, les négociations de Doha sont toujours dans l’impasse.

Les détracteurs du gouvernement Harper l’accusent de négliger les marchés émergents comme l’Inde et la Chine. À ces critiques, le ministre Van Loan répond que l’UE compte au moins 100 millions de personnes qui vivent dans des pays comme la Pologne, la république Tchèque, la Bulgarie, la Roumanie qui étaient autrefois sous le joug du communisme. Or, ces pays connaissent des taux de croissance économique aussi robustes qu’en Chine ou en Inde, a-t-il affirmé.

M. Van Loan a aussi indiqué que le Canada et l’Inde explorent la possibilité de conclure un traité de libre-échange. Des négociations pourraient être lancées au cours des prochains mois, a-t-il affirmé.


 source: La Presse Affaires