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Libre-échange Canada-UE: élus et citoyens dénoncent des négociations opaques

AFP | 9 décembre 2011

Libre-échange Canada-UE: élus et citoyens dénoncent des négociations opaques

MONTREAL — Des députés et citoyens canadiens ont dénoncé jeudi l’opacité entourant les négociations sur le projet d’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, craignant qu’il ne cache des dispositions dangereuses pour l’économie locale.

Les Canadiens ont assisté à une scène insolite sur la colline parlementaire à Québec: un cheval de Troie, haut de cinq mètres, accompagnait une manifestation demandant un débat public sur les pourparlers de libéralisation des échanges entamés en 2009 par Ottawa et Bruxelles.

La centaine de manifestants issus de la société civile et de syndicats réclamaient plus d’informations sur ce projet qui pourrait avoir des conséquences importantes pour les provinces canadiennes. Pour la première fois dans l’histoire du pays, ces dernières participent à des négociations internationales aux côtés du gouvernement fédéral.

"L’élément qui nous inquiète beaucoup, c’est l’accès des compagnies multinationales européennes aux marchés publics québécois. Vous connaissez l’histoire du cheval de Troie, ce qui était à l’intérieur du cheval était dangereux. On peut faire le parallèle", a souligné un syndicaliste, Denis Bolduc, joint par téléphone après la manifestation.

A l’Assemblée nationale de la province francophone, des députés s’interrogeaient également sur la nature de l’ambitieux projet de libre-échange.

"Le fait que le gouvernement nous refuse l’accès aux documents nous porte à nous demander ce qu’il a à cacher dans cette négociation", a déclaré la députée indépendante Louise Beaudoin, qualifiant cette situation de "déficit démocratique".

"Quand on ne sait pas, on s’inquiète de tout", a pour sa part ajouté le député Pierre Curzi.

Le Canada et l’Union européenne espèrent boucler les négociations de libre-échange en 2012. Ce traité pourrait faciliter le commerce, stimuler les investissements et simplifier la mobilité de la main-d’oeuvre entre les deux parties.

Avec cet accord, certains députés, militants altermondialistes et syndicalistes craignent toutefois que les gouvernements et les villes ne puissent plus favoriser l’achat local et le développement économique des régions. Selon eux, l’accord risquerait aussi de réduire l’accès aux médicaments génériques.

L’opposition formée par le Parti québécois (indépendantiste), quoique généralement favorable aux accords de libre-échange, demande aussi plus de transparence afin de s’assurer que cet accord sera bénéfique pour la province.

"Comment le gouvernement peut-il nous garantir que les arbitrages et les compromis que fera le négociateur fédéral ne favoriseront pas certaines provinces canadiennes au détriment du Québec?", a déclaré le député Nicolas Marceau dans un communiqué.

"Dans ce contexte, nous réclamons que tous les parlementaires de l’Assemblée nationale aient accès immédiatement au projet d’accord ainsi qu’aux études d’impact de ce projet sur l’économie québécoise", a-t-il ajouté.

Ce manque d’information dérange aussi les députés de l’opposition à Ottawa. "Jusqu’à maintenant, ils ont refusé de dévoiler combien cet accord coûterait aux Canadiennes et Canadiens. Les conservateurs doivent dévoiler les détails de cet accord et protéger les intérêts et la santé des Canadiens", affirmait mercredi le porte-parole du Nouveau Parti démocratique, Brian Masse.


 source: AFP