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Zone maghrébine de libre-échange : Une autre chimère de l’UMA

Le Quotidien d’Oran | mardi 28 décembre 2010

Zone maghrébine de libre-échange : Une autre chimère de l’UMA

La mise en place d’une zone maghrébine de libre-échange cafouille. Beaucoup plus sur des questions politiques que techniques.

A la réunion, début décembre à Alger, des ministres maghrébins du Commerce, le SG de l’UMA Lahbib Benyahia a bien voulu faire accélérer le processus, en mettant cependant l’Algérie dans l’embarras, sinon devant le fait accompli en annonçant la mise en place de cette ZLEM dès le début de 2011. Pour autant, beaucoup de points restent encore en suspens pour le démarrage de ce projet. « On imagine mal comment une zone de libre-échange peut fonctionner sans mécanismes propres, comme une banque commune, un code douanier spécifique aux échanges des pays de la région », estiment des économistes.

Pour le moment, la zone de libreéchange maghrébine bloque sur plusieurs points, et que la prochaine session des ministres du Commerce devrait plus ou moins résoudre, à défaut de les lever. Mais « les pays de l’UMA ont-ils mis la charrue devant les boeufs », s’interrogent les mêmes milieux spécialisés. En fait, la Banque maghrébine d’investissements et de commerce extérieur (BMICE), qui devait être opérationnelle en 2010, n’a pas elle aussi encore vu le jour. Et pourtant, c’était au mois d’avril dernier à Alger que l’annonce de sa mise en place, avant la fin de l’année 2010, avait été faite. C’est le ministre algérien des Finances Karim Djoudi qui avait annoncé, lors des travaux de la 7ème session du Conseil maghrébin des ministres des Finances tenue à Alger, que la BMICE sera opérationnelle durant l’année 2010. Et, apparemment, tous les obstacles qui se dressaient devant sa mise en place n’ont pas été levés.

Plus concrètement, 500 millions de dollars ont été affectés à la création de cette Banque, une dotation budgétaire équitablement répartie entre les cinq pays membres de l’UMA, dont 150 millions de dollars représentant un capital libéré et 25% du capital de la Banque devront être libérés la veille de la tenue de l’assemblée constitutive de la Banque. Son siège sera établi à Tunis. Mais, si un certain nombre de questions techniques ont été réglées, comme la répartition équitable des financements pour le fonctionnement de la Banque, la définition des mécanismes internes et externes de contrôle, l’aboutissement à un accord sur le principe d’alternance (rotation) sur les postes de directeur général et de président, la définition de la politique d’investissement propre à la Banque et l’étude de la faisabilité et de la rentabilité des projets prioritaires, les questions de fonds restent en suspens. Notamment, celle politique et celle-là dévolue aux Chefs d’Etat de faire démarrer la BMICE.

UNION DOUANIÈRE, ÊTRE OU NE PAS ÊTRE

L’autre motif de contrariété pour la mise en place de cette zone de libre-échange est l’absence de mécanismes douaniers propres aux cinq pays de l’UMA. En fait, c’est tout le projet de Conseil maghrébin de coopération douanière qui somnole. La relance de ce projet bute également sur plusieurs obstacles, pas encore levés, malgré les bonnes intentions affichées lors de la réunion d’avril dernier à Rabat des patrons des Douanes des pays maghrébins. La machine maghrébine est, là encore, en panne et patine sur un tas de PV de réunions d’officiels maghrébins qui donnent l’impression que tout « marche bien ». Sauf que la création de l’Union douanière maghrébine, en prélude à la mise en place d’une zone de libre-échange, reste dans les cartons ou à l’état de simples projets. En attendant des jours meilleurs pour l’Union du Maghreb Arabe, seul regroupement politique régional dans le monde qui n’a pas encore sa zone de libre-échange.

Les politiques d’aujourd’hui ont-ils à ce point oublié que les médinas maghrébines de Marrakech, Fès à Tlemcen, Alger, Constantine, Tunis ou Tripoli, étaient réputées dans le moyen-âge européen pour avoir été des villes de lumière et de grand négoce ?

Yazid Alilat


 source: Quotidien d’Oran