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Accord d’association Tuniso-Européen - Démantèlement tarifaire

La Presse de Tunisie | 3 janvier 2007

Accord d’association Tuniso-Européen - Démantèlement tarifaire

La dernière ligne droite

• Les négociations en cours portent sur la libéralisation des services et de l’agroalimentaire

« La période transitoire de 12 ans a été bien gérée. Et l’heure est venue pour relever de nouveaux défis ». C’était la note finale sur laquelle a conclu Mme Khadija Chahloul, chef de cabinet du ministre du Commerce, au terme d’un entretien accordé exclusivement à La Presse, au sujet des relations commerciales dans le cadre de l’accord d’association et de partenariat signé en 1995 entre la Tunisie et l’Union européenne.

En effet, il ne reste qu’une seule année, jour pour jour, avant la levée totale des barrières douanières sur les produits industriels. « Et nous n’avons enregistré aucun dérapage, ni grand problème nécessitant le rétablissement des droits de douane pour un quelconque produit. Cela nous amène à engager une nouvelle phase avec la même volonté et le même enthousiasme, celle des services et des produits agricoles ».

Aujourd’hui, tous les produits industriels sont pratiquement libres. Seule la quatrième liste est libérée à hauteur de 79%. Mieux encore, les entreprises totalement exportatrices sont d’ores et déjà autorisées à écouler 1/3 de leur production sur le marché local.

Cet état des lieux est donc devenu familier aux entreprises tunisiennes opérant uniquement pour le marché local. Plusieurs d’entre elles ont été mises à niveau, d’autres ont établi des partenariats stratégiques avec de grandes enseignes européennes, justement pour affronter la concurrence.

Mme Chahloul affirme : « On ne peut pas dire que la Tunisie n’a pas tiré profit de l’accord d’association avec l’Union européenne. Nos entreprises, les plus importantes du moins, ont été préparées à temps et nos exportations continuent d’enregistrer des croissances annuelles à deux chiffres... ».

L’accord d’association signé en juillet 1995 avec l’Union européenne était un choix politique de la Tunisie pour accompagner la libéralisation de l’économie nationale et lui a servi de catalyseur pour engager des réformes structurelles, moderniser son infrastructure et améliorer sa compétitivité que ce soit en tant que site tunisien, ou même au niveau des différents secteurs de production.

L’état actuel du marché tunisien, c’est un fait, est en rupture avec ce qu’il était, il y a une dizaine d’années. Même le comportement du consommateur a changé.

Autre précision de la responsable du ministère du Commerce : « Les grandes marques, baptisées initialement comme totalement exportatrices, mais qui commencent à commercialiser leurs marchandises sur le marché local, sont au fait fabriquées par des Tunisiens. Elles emploient des Tunisiens et font partie des produits tunisiens. » C’est une valeur ajoutée locale, témoignant, par ailleurs, que cette ouverture a conduit un certain savoir-faire et permis à la main-d’œuvre tunisienne de gagner une certaine technicité, le fameux principe de transfert technologique apporté par les IDE.

Le cadre réglementaire ayant permis cette transition devrait cependant être renforcé à moyen et long termes. Les négociations en cours portent, en effet, sur la libéralisation des services et de l’agroalimentaire. Il serait également question d’accès préférentiel au marché européen, de libre circulation des personnes, de reconnaissance mutuelle des normes et des qualifications, bref, c’est l’ouverture d’un chantier tout à fait nouveau.

Au fait, ce sont là les nouveautés apportées par le nouvel instrument européen de voisinage qui, dans son volet financier, vient en remplacement de l’instrument MEDA, à partir du 1er janvier 2007.

Dans l’analyse de cet aspect précis, Mme Chahloul insiste sur l’importance qu’accorde la Tunisie à la mobilité des personnes concernées par l’exportation des services. Avocats, architectes, médecins, consultants dans plusieurs domaines, tout comme d’autres prestataires de services, auraient à se déplacer sans grandes contraintes entre la Tunisie et l’Europe. Les visas d’une journée, les séjours de trois jours seraient donc appelés à être revus et orientés vers plus de souplesse. Une expérience commence déjà avec la France qui accorde des visas allant jusqu’à trois ans, mais à entrées multiples, favorisant une libre circulation et de courts séjours dans les Etats Shenghen.

Aussi, il paraît évident que les compétences tunisiennes puissent exercer en Europe sans être contraintes à passer des tests ou subir des examens.

Mme Chahloul souligne toutefois que les négociations sont actuellement au stade du « tronc commun ». L’Union européenne et l’ensemble de ses partenaires de la rive sud de la Méditerranée négocient les grands axes. Par la suite, les détails seront arrêtés au niveau bilatéral.

Dans cet ordre d’idées, notre interlocuteur note que l’ouverture des services ainsi établie permettra de consolider la position de la Tunisie, déjà bien arrimée commercialement à l’Europe. Il s’agit bien évidemment de nouvelles ressources d’entrées en devises, puisque les services s’exportent déjà sur place (tourisme de santé, ingénierie, etc.), mais surtout parce que l’élargissement en cours de l’Union européenne est à même d’élargir le marché à l’exportation.

La responsable du ministère explique que malgré cet attachement à l’Europe (plus de 70% des échanges), la Tunisie projette de renforcer d’autres marchés potentiels. « La Tunisie figure parmi les cinq premiers fournisseurs de vêtements de l’Europe, premier fournisseur d’huile d’olive (hors UE), les industries mécaniques et électriques sont aussi dans une bonne position, etc. Cette position vis-à-vis de l’Europe sera consolidée, mais on essayera d’avancer plus rapidement sur d’autres marchés ». Pour ce faire, les producteurs tunisiens auront à utiliser un éventail de mécanismes, notamment la possibilité de cumuler les origines d’un tel produit pour bénéficier de l’exonération. En effet, lorsque les matières premières et les semi-produits intégrés dans le produit final sont en provenance d’un pays partenaire de l’Europe, ce produit sera écoulé sur le marché européen ou sur un autre pays partenaire avec 0% de taxes douanières. « Plusieurs combinaisons sont donc possibles pour développer les exportations sur le Maghreb et même sur les marchés arabes, avec qui la Tunisie est liée par des accords de libre-échange. » Ces produits seront également exonérés des tarifs douaniers sur les marchés partenaires de l’UE hors Méditerranée, en Asie ou en Amérique latine.

Aux entreprises donc de jouer le jeu !

Lassâad BEN AHMED


 source: La Presse