bilaterals.org logo
bilaterals.org logo
   

Accord de libre-échange :: L’UE contre les droits fondamentaux ?

PTB.be | 22 novembre 2011

Accord de libre-échange :: L’UE contre les droits fondamentaux ?

Un accord de libre-échange avec le Pérou et la Colombie est en discussion à l’Union européenne. La plateforme Stop the Killings lance une campagne pour l’empêcher d’aboutir. Les droits fondamentaux des travailleurs sont en jeu.

Quentin Vanbaelen

Le 27 octobre, nous publiions un article sur le sujet. Pour rappel, les Accords de libre-échange, ou TLC (pour « tratado de libre comercio » en espagnol), proposés par l’Union européenne aux pays d’Amérique latine menacent la santé, l’emploi, les services publics... À travers ces traités, les pays du Nord imposent la logique du profit aux pays du Sud, au détriment des droits fondamentaux et du bien-être de la population.

Le Mexique a déjà signé des accords de ce type avec les États-Unis et le Canada. Conséquences : perte massive d’emplois dans les zones industrielles des États-Unis, et salaires minables couplés à des conditions de travail déplorables dans les zones industrielles juste à côté de la frontière étasunienne.

C’est pour lutter contre cette logique que la plate-forme Stop the Killings a lancé sa campagne « Le libre-échange ou les Droits de l’homme ? ». Cette plateforme rassemble des syndicats et des ONG qui se battent pour les droits de leurs homologues dans les pays du Sud. Le grand rendez-vous de la campagne aura lieu le 10 décembre, Journée internationale des Droits de l’homme.

La problématique de l’emploi et de la défense des droits fondamentaux, dont ceux des travailleurs, est, en effet, cruciale dans les accords de libre-échange. Les travailleurs du Nord voient leurs emplois menacés par les délocalisations, qui sont largement favorisées par les TLC. Ceux du Sud, eux sont exploités, et travaillent pour des salaires de misère.

Les syndicats en danger

L’autre menace pour les travailleurs du Sud se situe dans les attaques dont sont victimes leurs syndicats. Les multinationales profitent de la situation de pays dans lesquels les syndicats sont faibles et menacés pour casser la résistance des travailleurs. L’exemple le plus frappant est celui de la Colombie, où des entreprises comme Nestlé ou Coca-Cola sont accusées d’avoir fait tuer plusieurs syndicalistes (voir les articles à ce sujet sur www.amnesty.be).

C’est donc en réaction à la signature de tels traités entre l’Union européenne et des pays d’Amérique latine que la campagne de Stop the Killings a été lancée. Des traités économiques ont déjà été signés entre l’UE, d’une part, et le Pérou et la Colombie, de l’autre. Cependant, certains passages pourraient être ajoutés, à propos d’autres thématiques, comme les Droits de l’homme. Si tel est le cas, le texte devra être approuvé par l’ensemble des États membres avant d’être appliqué.

La campagne sera donc l’occasion de contrer la procédure très peu démocratique de l’Union européenne. « C’est très complexe, très peu transparent. Les euro-parlementaires eux-mêmes sont souvent mal informés », remarque Veronique Coteur, collaboratrice à l’ONG intal et active dans la plateforme Stop the Killings.

Trois buts et un rendez-vous

La campagne a ainsi un triple but : empêcher la signature des accords prévus, encourager un débat démocratique sur la question, et promouvoir des politiques européennes de coopération qui soient axées sur le développement durable, le travail décent et les Droits de l’homme.

Le 10 décembre sera donc un jour important. En effet, il s’agit de la Journée internationale des Droits de l’homme. « C’est symbolique, explique Veronique Coteur, les activistes que nous soutenons dans ces pays sont surtout des syndicalistes et des gens qui se battent pour les Droits de l’homme, pour des droits fondamentaux, comme celui de s’organiser. Or, ce sont eux les plus visés. Il y a une menace à la fois pour les droits qu’ils défendent et pour les gens qui sont actifs dans cette défense. »

À 15h, un rassemblement est prévu à la place Flagey, à Bruxelles, qui marquera le départ d’une manifestation en direction du Parlement européen. Arrivés à la place du Luxembourg, les participants se réuniront en un meeting final, pour interpeller des euro-parlementaires et procéder à un vote populaire sur les TLC. « C’est une question de participation démocratique, estime Veronique Coteur. Pour l’instant, le peuple ne décide de rien, il n’y a pas de débat public, alors qu’il y a des conséquences très graves pour la population. »

www.stopthekillings.be


 source: PTB.be