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Accord UE-Mercosur : Lula met la pression, les eurodéputés campent sur leurs positions

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Euractiv | 1 février 2023

Accord UE-Mercosur : Lula met la pression, les eurodéputés campent sur leurs positions

Par : Paul Messad

Les eurodéputés ont réitéré leur volonté que les aspects environnementaux soient dûment pris en compte dans l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur prêt à être ratifié, alors que le président brésilien presse pour une signature rapidement.

Mercredi (25 janvier), le président brésilien a déclaré qu’il était « urgent et hautement indispensable » pour son pays que soit ratifié l’accord UE-Mercosur élaboré il y a plus de 20 ans. Il s’agirait, pour le Brésil, d’un préalable avant d’avancer ses pions en direction de la Chine.

La Commission européenne pousse également dans ce sens et espère une ratification durant le second semestre de cette année, pendant la présidence espagnole du Conseil de l’UE.

Or, pour les parlementaires européens, le bât blesse sur le respect d’exigences environnementales minimales pour ratifier l’accord avec l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay.

« Il nous faut véritablement des engagements qui permettent de changer les choses », s’est élevée Marie-Pierre Vedrenne, eurodéputée française Renew (centre) et vice-présidente de la commission Commerce internationale (INTA), lors de l’audition du commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovkis, lundi 23 janvier.

Actuellement, la Commission propose d’accoler à l’accord un acte additionnel. Une manœuvre, en cours de négociation depuis l’accord de principe conclu en 2019, qui permet d’ajouter des impératifs environnementaux à l’accord sans pour autant toucher à sa lettre. Néanmoins, ces exigences nouvelles seraient non-contraignantes…

Dans ces conditions, « une simple déclaration additionnelle [à l’accord] ne sera pas suffisante », a ajouté Mmme Vedrenne, pour que le Parlement européen ratifie l’accord.

Avenir incertain selon les europarlementaires

Pour l’heure, la réponse du commissaire M. Dombrovkis, ne semble pas avoir rassuré ses détracteurs au Parlement.

« Le commerce peut également nous aider à atteindre nos objectifs en matière de climat et de durabilité », s’est-il d’abord fendu, ajoutant que « rouvrir certaines négociations concluent risquerait de défaire l’équilibre si prudent » de l’accord.

Il s’agirait donc de compléter l’accord par un acte additionnel par lequel l’UE « tend la main aux nouvelles autorités brésiliennes ».

Mais rien n’y fait, l’eurodéputé français de la Gauche unie et membre de la commission INTA, Emmanuel Maurel, réitérant la position de nombre de ses collègues : en l’état, l’accord « ne passera pas du tout facilement au Parlement européen ».

D’autant que le Parlement européen a voté le 6 décembre 2022 une directive visant à stopper l’entrée en Europe de produits issus de la déforestation, dont le soja, l’une des principales denrées traitées dans l’accord trans-continental.

La diplomatie du soja

De l’autre côté de l’Atlantique, le président brésilien met la pression sur les instances européennes. En amont de son élection en octobre 2022, Lula avançait que l’accord serait ratifié dans les six mois.

« Il l’avait déjà affirmé pendant sa précédente mandature [2006-2010] : pour lui, le Brésil payera sa dette avec le soja », avait rappelé l’eurodéputé français Les Verts/ALE, Claude Gruffat, dans les colonnes d’EURACTIV France fin octobre.

Si l’eurodéputé écologiste sonnait la charge contre un accord destructeur pour l’Amazonie, il reconnaissait toutefois qu’avec Lula, plus qu’avec l’ancien président Jaïr Boslonaro, la forêt et ses peuples pourraient être préservés.

Lula n’avait-il pas dit lui-même lors de son discours de victoire le 30 octobre 2022 qu’il souhaitait ratifier l’accord, mais « sur de nouvelles bases » ?

« Nous ne pouvons pas les blâmer », nous confiait également l’eurodéputée française et co-présidente de la Gauche unie, Manon Aubry, pourtant fervente opposante à l’accord. Ce dernier est en effet d’une importance considérable pour l’économie du continent sud-américain.

Certains États membres semblent toutefois déterminés à faire valoir cet aspect des négociations pour une ratification rapide.

En visite en Argentine samedi (28 janvier), le chancelier allemand Olaf Scholz a rappelé « l’importance spéciale » de l’accord, rappelant mardi sur Twitter qu’il souhaitait faire des « progrès rapides » sur l’accord.

Le président argentin Alberto Fernandez ayant souligné dans la foulée sa volonté que l’accord soit « finalisé une fois pour toutes ».

Dans le même esprit, le commissaire M. Dombrovskis recevra mercredi (1er février) le ministre des affaires étrangères et du commerce international argentin, Santiago Andrés Cafiero. Le même jour, le chancelier allemand achèvera trois jours de visite au Brésil.


 Fuente: Euractiv