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Accords de Partenariat Economiques : les Agriculteurs vous parlent

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Vienne, 19 juin 2006

Accords de Partenariat Economiques : les Agriculteurs vous parlent

A l’initiative du Réseau des Organisations paysannes et des producteurs
agricoles de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA), des leaders de trois réseaux
d’organisations paysannes des régions ACP se sont réunis en parallèle à
l’Assemblée parlementaire paritaire (APP), à Vienne ce 19 juin 2006, afin
d’évaluer le processus visant à instaurer des Accords de Partenariat
Economiques entre leur région respective et l’Union Européenne. Les
réseaux représentés étaient le ROPPA pour l’Afrique de l’Ouest ; l’East
African Farmer’s Federation (EAFF) pour l’Afrique de l’Est ; et la Windward
Island Farmers Association (WINFA) pour les Caraïbes.
Le débat s’est tenu en présence et avec la participation de parlementaires
des ACP et de l’UE, d’ambassadeurs ACP, de représentants de la
Commission européenne et des représentants de la société civile des pays
ACP et européens.

1. Intégration régionale : un objectif important, mais comment y arriver ?
Si l’objectif de l’intégration régionale est largement partagé par les
représentants des organisations paysannes, ces dernières constatent qu’au
niveau agricole loin de se renforcer, le mouvement d’intégration commercial
est en recul par rapport aux années antérieures. C’est ainsi qu’en Afrique de
l’Ouest, la part des échanges alimentaires intra régionaux relativement aux
importations totales de produits alimentaires est passée entre 1995 et 2004
de 11 à 7%. La dépendance alimentaire augmente partout.

Alors que le commerce des pays ACP a une tradition d’ouverture vers
l’extérieur beaucoup plus forte que celle observée à l’échelle régionale,
l’intégration régionale forte préalable à la libération des échanges entre les
régions ACP et l’UE doit pouvoir s’appuyer :

 sur la protection des espaces régionaux par la mise en œuvre de
politiques de « préférence régionale » ;
 et sur le développement d’investissements destinés prioritairement
aux agricultures familiales qui sont dominantes dans les pays ACP
et constituent la base de leurs économies et de leurs sociétés.

L’expérience européenne confirme l’importance de ces piliers d’intégration
régionale.

2. Consommateurs et producteurs : une situation de gagnant-gagnant
S’agissant de la protection des marchés, les consommateurs seraient
supposés être les grands perdants d’un renforcement du niveau de taxation.
Les producteurs agricoles familiaux rappellent que s’il faut considérer la
baisse des droits de douane en regard au faible pouvoir d’achat des
consommateurs urbains, il faut aussi considérer soigneusement les constats
suivants :

 65% des consommateurs sont des ruraux qui tirent leurs revenus de la
production et de la commercialisation des produits agricoles. Le niveau
de leurs revenus dépend donc fortement du niveau de protection du
marché régional ;
 La grande majorité des populations à faible pouvoir d’achat sont des
ruraux ;
 La baisse des droits de douane ne bénéficie pas directement aux
consommateurs finaux, car on constate régulièrement une
augmentation des prix à la consommation. D’autres acteurs empochent
le bénéfice.

3. Soutenir l’agriculture est un impératif, mais quelle agriculture ?
Un large consensus s’est également exprimé sur la faiblesse de l’appui à
l’agriculture dans les pays ACP (moins de 10% des budgets nationaux). Mais
quelle agriculture privilégier ? L’essentiel de la production agricole dans les
pays ACP est assuré par les exploitations agricoles familiales, ce qui justifie
déjà qu’une priorité leurs soit accordée dans l’orientation de ces appuis. Mais
il faut aussi considérer l’agriculture familiale par rapport à sa
« multifonctionnalité » - ce qui est traduit par les « préoccupations autres que
commerciales » dans le langage de l’OMC - qui lui permet de pourvoir à de
nombreux besoins sociaux (en particulier grâce à l’engagement la femme à
garantir la sécurité alimentaire, la solidarité au sein des groupes...) mais
également économique et environnementaux.

En conclusion, pour les organisations paysannes, il est urgent de
développer et d’argumenter des alternatives au schéma de libéralisation
dogmatique conçu actuellement par les négociateurs des APE. Les marges
de manœuvres sont bien réelles, y compris vis-à-vis de l’OMC, tant sur les
délais de constitution des APE que sur les asymétries des échanges entre les
ACP et l’UE. Une partie très large du secteur agricole pourrait bénéficier
d’une protection temporaire, voire permanente. Elle est justifiée par les études
d’impacts qui ont été développées dans le contexte des négociations des
APE. L’occasion de la revue à mi-parcours offre une opportunité de mettre
ces questions en évidence et il faut absolument la saisir. Mais, elle doit
reposer sur un « partenariat » réel, valorisant le « P » des APE, et dans lequel
une place effective doit être accordée aux organisations de producteurs
agricoles familiaux.

ROPPA - EAFF - WINFA
L'organisation du colloque « Les APE peuvent-ils être un instrument pour promouvoir l'intégration socio-économique et culturelle dans les régions ACP ? » a bénéficié du soutien de la campagne « EuropAfrica : pour une agriculture solidaire et durable au Nord et au Sud « (Terra Nuova, Collectif Stratégies Alimentaires, Crocevia), et de “AlimenTerre” (SOS-Faim, CFSI), FIDA, FAO, APRODEV et EED.

Contacts :
ROPPA : Saliou Sarr saliou.sarr@asprodeb.org
EAFF : Philip Kiriro info@eaffu.org
WINFA : Renwick Rose winfa@caribsurf.com
EuropAfrique : Nora McKeon nora.mckeon@fastwebnet.it. +39 335-8388785


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