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Cameroun-Canada : un accord pour plus d’investissements

Afrique Expansion | Mardi, 05 Mars 2013

Cameroun-Canada : un accord pour plus d’investissements

par Serge Tchaha

Il est un peu plus de 10 heures quand son Excellence Benoit-Pierre Laramée, haut-commissaire du Canada au Cameroun et son homologue camerounais, Solomon Azoh-Mbi, arrivent au 123 Queen street, au Sheraton Toronto, en discutant comme deux grands complices. La température extérieure qui est plutôt fraîche, n’entame pas le bonheur qui se dégage d’eux.

Ils sont à l’image de leurs pays ; ces deux diplomates d’expérience savent mieux quiconque l’importance de la signature qui aura lieu dans les toutes prochaines minutes. Il est attendu depuis de longs mois et ce 4 mars, l’Accord de Promotion et de Protection des Investissements Étrangers (APIE) entre le Canada et le Cameroun va être signé.

Vers 10h05, l’essentiel des participants est déjà rassemblé. Nous reconnaissons le ministre camerounais de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, monsieur Emmanuel Nganou Djoumessi, qui devise avec différents membres de la délégation qu’il conduit, dont le Secrétaire d’État auprès du ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique, monsieur Fuh Calistus Gentry. Nous remarquons aussi le ministre canadien du commerce international, monsieur Ed Fast, qui est déjà parmi les convives.

Quelque temps après, le protocole invite tout le monde à entrer dans la salle baptisée Grand Ball Room West.

La courte cérémonie qui va s’y dérouler en dit long sur les orientations stratégiques de ces deux pays qui ont décidé de booster leurs relations commerciales bilatérales.

Une base solide pour construire

Le ministre Ed Fast a été le premier à prendre la parole. Il faut signaler ici que le Canada revoit présentement l’orientation de sa stratégie économique africaine. Comme le ministre lui-même l’a indiqué, de nombreuses entreprises canadiennes voient des opportunités en Afrique. Il a même rappelé que sa première mission commerciale en 2013 a été en Afrique. En effet, il a conduit au Nigéria et au Ghana une délégation de près de 30 entrepreneurs du secteur des infrastructures et de celui de l’extraction minière.

Ce qui a le plus retenu notre attention, c’est cet extrait du discours du ministre Fast, dont Afrique Expansion a obtenu copie : « Après plus de 50 ans de relations bilatérales, les relations entre le Cameroun et le Canada sont devenues un partenariat diversifié basé sur les forces de chacun. Ici au Canada, ce partenariat est enrichi par un groupe petit mais influent de Canadiens d’origine camerounaise.

Le Cameroun est le troisième plus important partenaire bilatéral du Canada en Afrique centrale […]. Et il y a plusieurs entreprises phares canadiennes qui font des affaires avec nos amis camerounais.

Nous avons donc une excellente base sur laquelle bâtir, et nous sommes réunis aujourd’hui pour préparer le bloc de construction suivant l’intérêt mutuel ».

Vers l’émergence avec le Canada

Prenant à son tour la parole, le ministre camerounais Nganou Djoumessi a pour l’essentiel signifié aux entrepreneurs canadiens qu’ils étaient les bienvenus pour investir au Cameroun au moment où celui-ci est résolument tourné vers les grandes réalisations et désireux d’émerger en 2035.

Le ministre a listé une série d’indicateurs économiques qui disent la santé du pays des Lions Indomptables dont le solde budgétaire est positif. Voici quelques-uns :

 Taux croissance en 2012 : 5,1%
 Taux de croissance prévu en 2013 : 6,1%
 Endettement « maîtrisé » : 14,75% du PIB

Plus tard, il proposera aux chefs d’entreprises canadiennes de « conclure des partenariats publics-privés, nouer des joint-ventures ou de participer aux appels d’offres au Cameroun ». Le ministre camerounais a présenté les secteurs des infrastructures, de l’agriculture, de l’énergie ou du tourisme comme étant particulièrement importants.

Impacts des APIE

Le communiqué de presse émis par le gouvernement du Canada, dans le cadre de cette signature, signale : « Un APIE est un traité qui vise à protéger et à promouvoir les investissements canadiens à l’étranger au moyen de dispositions juridiquement contraignantes ainsi qu’à promouvoir les investissements étrangers au Canada. En offrant une protection accrue contre les pratiques discriminatoires et arbitraires et en améliorant la prévisibilité du cadre politique des marchés, un APIE permet aux entreprises d’être plus confiantes au moment de réaliser des investissements. Le Canada a toujours appuyé des pratiques d’investissement solides fondées sur des règles, et ce, au moyen de négociations visant la conclusion d’APIE. »

Un membre influent de la délégation camerounaise, fier et satisfait, nous confie : « C’est une grande affaire ! ».

Le Canada n’aurait, pour l’heure, signé des APIE qu’avec seulement 24 pays, même si de nombreux autres sont en négociation. Cette signature, l’on peut l’espérer, sera de nature à diminuer le risque perçu de la part des opérateurs canadiens pour la destination Cameroun. Cela constitue visiblement une marque de confiance du gouvernement canadien vis-à-vis de son homologue camerounais. Dans le marketing du pays des Lions Indomptables, il y a donc désormais un élément de plus pour signifier l’intérêt d’aller sur son territoire.

« Je vous renouvelle mon invitation à venir visiter le Cameroun très prochainement », a lancé le ministre Nganou Djoumessi au ministre Ed Fast. Une réponse positive, un déplacement du ministre Fast avec des hommes d’affaires canadiens, serait un signal assurément positif.

Serge Tchaha, à Toronto


 source: Afrique Expansion