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Commerce : Europe et Indonésie visent un accord de libre-échange cette année

Les Echos | 25 janvier 2023

Commerce : Europe et Indonésie visent un accord de libre-échange cette année

Par Richard Hiault

Les négociations s’accélèrent. Après les pourparlers de décembre, les Européens et les Indonésiens reprendront leurs échanges début février. Objectif : finaliser dès cette année l’accord de libre-échange dont l’idée a été lancée en 2016.

C’est ce qu’a indiqué mardi l’ambassadeur européen à Djakarta Vincent Piket. « Les présidents de la Commission européenne (Ursula von der Leyen) et indonésien (Joko Widodo) ont décidé à Bali, en marge du sommet des chefs d’Etat du G20 en novembre dernier, de conclure les discussions à la fin de cette année », a-t-il déclaré. Quatre séries de négociations sont prévues cette année pour y parvenir, selon l’ambassadeur.

Développement durable

L’Union européenne, fidèle à sa philosophie de multiplier les accords de commerce, négocie avec l’Indonésie un nouvel accès au marché, un accroissement des échanges et des investissements entre les deux zones tout en promouvant le développement durable. Les échanges commerciaux de marchandises entre l’Union européenne et l’Indonésie se montaient à 24,7 milliards d’euros en 2021. Le but est de conclure un accord semblable dans sa dimension et sa portée à ce que l’Union a obtenu de Singapour en 2014 et du Vietnam en 2015 .

Le mois dernier, à l’issue du douzième round de discussions, les Européens ont fait état d’avancées sur le plan du commerce des marchandises, des règles d’origine, des procédures douanières, de la facilitation des échanges et des obstacles au commerce. Les discussions sont un peu plus difficiles dans les domaines plus novateurs de l’accès aux marchés publics, des règles régissant les entreprises publiques et du développement durable.

L’huile de palme en jeu

Plusieurs points de friction sont encore à résoudre. La politique européenne de défense de l’environnement et de lutte contre le réchauffement climatique en est un. Certaines mesures adoptées ont été mal accueillies en Asie du Sud-Est. La nouvelle directive européenne, en cours d’adoption, visant à bannir de l’Union les importations responsables de la déforestation suscite les critiques du gouvernement de Djakarta. Le texte devrait affecter plusieurs secteurs indonésiens comme l’huile de palme, le bois, les meubles et le caoutchouc.

De même, le gouvernement indonésien, comme son homologue malaisien, a déposé des recours devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contestant les restrictions européennes à l’utilisation des biocarburants à base d’huile de palme. Dans le cadre de la directive « Red II », Bruxelles a jugé que ceux-ci n’entreraient pas en compte dans ses objectifs concernant l’utilisation d’énergies renouvelables en 2030, ce qui devrait aboutir à restreindre leur usage. L’OMC devait remettre sa décision sur le bien-fondé de la plainte indonésienne avant le deuxième trimestre de 2022. Mais les délais de traduction ont retardé l’échéance.

Le nickel convoité

Un autre sujet de dispute, cette fois-ci à l’initiative de l’Union européenne qui a déposé plainte elle aussi à l’OMC, concerne les restrictions d’exportations de nickel adoptées par l’Indonésie. Première productrice mondiale de ce minerai avec 800.000 tonnes en 2019 (près de 30 % de la production mondiale), l’Indonésie devrait conserver sa domination jusqu’en 2040, estime l’OMC. La demande internationale de nickel augmente en raison de l’utilisation du minerai dans la production de batteries lithium ion, composant important des véhicules électriques.

Or depuis janvier 2020, toutes les exportations de minerai de nickel, quelle que soit sa qualité, sont interdites. Bruxelles a obtenu gain de cause contre l’Indonésie à la fin de l’année passée. Mais Djakarta a choisi de faire appel, bien décidé à attirer des investissements sur son sol et à capter davantage de valeur ajoutée dans la chaîne de valeur du nickel, et ne pas se contente d’exporter le minerai brut. La décision du groupe minier français Eramet, et du chimiste allemand BASF, en voie de finaliser un accord pour investir entre 2,2 et 2,6 milliards de dollars en Indonésie, en est la parfaite illustration.


 Fuente: Les Echos