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Commerce transatlantique : la France veut jouer la fermeté

Les Echos | 18 février 2019

Commerce transatlantique : la France veut jouer la fermeté

par Gabriel Gresillon

Paris se singularise en refusant de céder à la pression de Donald Trump. Nancy Pelosi a rencontré Jean-Claude Juncker, lundi à Bruxelles.

La tension monte à nouveau dans la relation transatlantique. Tandis que Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants américaine, rencontrait lundi Jean-Claude Juncker à Bruxelles, la confrontation entre l’Union européenne et Washington devenait de plus en plus perceptible. Le rapport que le ministère américain du Commerce a remis à Donald Trump sur l’industrie automobile pourrait donner à ce dernier les armes lui permettant d’instaurer, sous 90 jours, une taxe sur les importations d’automobiles. De quoi donner des sueurs froides aux Allemands, et susciter chez les Européens une réflexion stratégique sur la meilleure façon de réagir à cette pression.

La France en solo

Pour la plupart, la meilleure réponse est d’accélérer le déclenchement des négociations commerciales promises à Washington. Mais Paris ne l’entend pas de cette oreille et rechigne à signer pour donner un mandat dans ce sens à la Commission européenne. Une stratégie qu’une source au Conseil fustige comme étant « très mal avisée et décevante » mais que Paris fonde sur quelques principes.

D’une part, Emmanuel Macron a toujours refusé de « négocier avec un pistolet sur la tempe ». D’autre part, la France s’interroge sur l’opportunité politique d’ouvrir une négociation commerciale avec les Etats-Unis, fût-elle très restreinte, alors que la tentative d’accord global avec Washington (TTIP) avait déclenché les foudres d’une partie de l’opinion publique. Mieux vaut faire évoluer la doctrine commerciale dans son ensemble, argue-t-on à Paris, plutôt que d’agir dans la précipitation.

A ce stade, la France ne semble pas en capacité de bloquer le mandat de négociation. Mais elle pourrait pousser ce sujet au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement, lors du prochain sommet européen.

Fermeté et ouverture

A Bruxelles, la pression américaine suscite une réaction où se mêlent fermeté et ouverture. Sur le premier registre, le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas, a prévenu lundi que si le rapport du ministère américain du commerce « se traduisait par des mesures préjudiciables aux exportations européennes, la Commission européenne réagirait de manière rapide et adéquate »

Mais Bruxelles dit aussi croire à un esprit « positif », et Margaritis Schinas met en avant l’agenda de négociations ouvert par l’accord entre Jean-Claude Juncker et Donald Trump, en juillet 2018. Un agenda qui prévoit précisément d’ouvrir des négociations commerciales pour un accord restreint aux biens industriels tout en travaillant à des convergences réglementaires.

Problème : la Maison-Blanche veut inclure l’agriculture dans les négociations, contrairement aux termes de l’accord de juillet. Une requête aux relents de politique intérieure qui a de très faibles chances de se voir concrétiser : les Etats-membres ne donneraient pas un mandat de négociation élargi à la Commission européenne.

Course de vitesse

En revanche, les Européens sont prêts à faire preuve de bonne volonté en donnant rapidement mandat à Bruxelles pour ouvrir la négociation sur les droits de douane industriels. Et répondre ainsi à l’impatience de Washington.


 source: Les Echos