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Energie : Washington ouvre une procédure contre le Mexique

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Les Echos | 19 juillet 2022


Energie : Washington ouvre une procédure contre le Mexique

Après les investisseurs, le président mexicain s’est mis à dos le gouvernement américain. Les Etats-Unis ont annoncé, ce mercredi, le lancement d’une procédure contre le Mexique dans le cadre de l’accord TMEC, qui remplace leur accord de libre-échange, en raison d’une mésentente sur la politique énergétique.

Washington voit en effet d’un mauvais oeil le fait que Mexico ait pris des mesures protectionnistes au profit de ses entreprises publiques, notamment dans le secteur énergétique. Cela pénalise fortement les firmes qui ont déjà investi au Mexique, estime la Maison Blanche.

Dix milliards de dollars d’investissements en jeu

La procédure américaine s’inscrit dans le cadre de l’accord Etats-Unis-Mexique-Canada (AEUMC), en vigueur depuis juillet 2021, pour remplacer l’accord de libre-échange nord-américain (Alena) de 1994. Les parties doivent désormais tenir des consultations dans les 30 jours. Sans résolution dans les 75 jours, Washington peut demander l’intervention d’un groupe spécial de règlement du conflit, processus pouvant conduire à des droits de douane punitifs contre le Mexique. De hauts responsables du département du Commerce américain ont toutefois indiqué aux journalistes que l’objectif était de trouver une solution pour l’éviter. Seul un sujet avait, jusqu’à présent, fait l’objet d’une procédure dans le cadre de l’AEUMC : les produits laitiers. Les Etats-Unis ont lancé deux procédures contre le Canada.

Dix milliards de dollars d’investissements des fournisseurs d’énergie propre pourraient être menacés dans la procédure mexicaine, selon les annonces de Washington. Cette affaire n’est pas sans conséquences pour l’avenir économique et la transition écologique car elle « décourage les investisseurs des fournisseurs d’énergie propre et des entreprises qui cherchent à acheter une énergie propre et fiable », selon la représentante américaine au Commerce Katherine Tai.

Vague d’annulation de projets dans l’énergie

Le secteur mexicain de l’électricité avait été libéralisé en 2013, sous le mandat d’Enrique Peña Nieto. Les entreprises américaines s’étaient alors empressées d’investir dans le pays. Dès son arrivée, le président Andrés Manuel Lopez Obrador a entrepris une rupture avec les politiques de ses prédécesseurs.

Cela a donné lieu à une vague d’annulation de projets, de ruptures de contrats de concession et des mesures qui favorisent les entreprises publiques CFE (pour l’électricité) et Pemex (pour le pétrole et le gaz). Et cela malgré les engagements de 2019. Encore les députés mexicains ont-ils rejeté en avril un projet de réforme constitutionnelle, mesure phare du président de gauche nationaliste, qui prévoyait de renforcer encore le rôle de l’entreprise CFE face au secteur privé et aux entreprises étrangères.

Yoanna Herrera


 source: Les Echos