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L’Algérie, la grande perdante de l’accord avec l’UE

El Watan | 15 octobre 2019

L’Algérie, la grande perdante de l’accord avec l’UE

par Cherif Lahdiri

Que gagne l’Algérie de l’accord d’association que les autorités algériennes ont signé, en 2002, avec l’Union européenne et entré en vigueur en 2005 ? Quatorze ans après, aucun bilan impartial n’a été fait.

Dès janvier prochain, tous les produits issus des pays de l’Union européenne importés en Algérie seront totalement exonérés des droits de douane. En 2020, le démantèlement tarifaire total prévu par cet accord aura des effets catastrophiques sur une économie algérienne déjà fortement fragilisée.

Avec l’entrée en vigueur d’une zone de libre-échange dès janvier prochain, la facture pour l’Algérie sera lourde : les caisses de l’Etat subiront un manque à gagner et la modeste industrie locale sera terriblement impactée par la suppression des droits de douane.

Dans un contexte de déséquilibre commercial, l’accord de libre-échange est bénéfique pour les entreprises, la croissance et les emplois en Europe, mais néfaste pour l’économie algérienne.

Une fois les droits de douane supprimés et à la défaveur de la fin des restrictions à l’importation, ce qui restera de l’industrie algérienne subira un grave préjudice. En l’absence de tout protectionnisme, le marché algérien sera sauvagement ouvert à la concurrence européenne.

Il n’y a aucune évaluation impartiale du manque à gagner depuis l’entrée en vigueur de l’accord d’association avec l’UE en 2005. Aucun impact sur l’économie algérienne n’a été estimé par des organismes indépendants. Aucune prévision n’est aussi faite sur l’impact du démantèlement des barrières douanières.

Combien de postes de travail seront éliminés ? Combien de PME disparaîtront ? Les engagements écrits de l’EU d’aider l’Algérie par un transfert de savoir-faire ne sont que des paroles en l’air.

Les axes contenus dans l’accord, s’articulant autour « du dialogue politique, la gouvernance, l’Etat de droit, la promotion des droits fondamentaux et le développement durable », ne sont que des envolées lyriques.

La faiblesse des investissements européens en Algérie est indéniable. Dans la réalité, il n’y a que le commerce qui prime. A sens unique. L’UE est le premier fournisseur de l’Algérie avec 60% des échanges commerciaux.

Le déséquilibre des échanges est incontestable. En 11 ans, l’Algérie a importé pour plus de 250 milliards de dollars et n’a exporté vers l’Europe que pour moins de 14 milliards de dollars en produits hors hydrocarbures.

La quasi-totalité des exportations algériennes vers l’UE est constituée de gaz et de pétrole, dont les droits de douane pratiqués par l’UE sont déjà nuls en dehors de cet accord.

Des partis politiques de l’opposition et des économistes indépendants n’ont cessé d’appeler à renégocier la clause contenue dans l’accord d’association prévoyant la création d’une zone de libre-échange.

La rive Sud ne doit plus être uniquement un marché. Le fond du problème réside dans le manque criant d’accès à l’information ayant prévalu lors des négociations de cet accord, le culte du secret étant la règle.

La question démocratique est au cœur d’une renégociation citoyenne de cet accord de libre-échange aux effets dévastateurs.


 source: El Watan