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L’Europe citoyenne contre le traité transatlantique

Un collectif d’organisations s’est donc constitué pour mettre un coup d’arrêt à cet accord comme ce fut le cas contre l’AMI en 2005, ou l’Acta récemment.

L’Humanité | 16 septembre 2013

Fête de l’Humanité 2013
L’Europe citoyenne contre le traité transatlantique

Lors du débat sur l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les États-Unis, de fortes convergences sont apparues entre différents acteurs politiques, associatifs, syndicaux.

« Mobilisons-nous ! » Ce mot d’ordre, les participants au débat sur l’accord transatlantique de libre-échange en cours de négociation l’ont martelé. Et appliqué : Aurélie Trouvé, d’Attac, Willy Pelletier, de la Fondation Copernic, Guillaume Balas, conseiller régional d’Île-de-France (PS), et deux députés au Parlement européen, Yannick Jadot (Europe Écologie-les Verts) et Patrick Le Hyaric (Front de gauche), ont développé toute une batterie d’arguments, donnant des armes pour le combat.

«  Les pays riches et les multinationales ont un problème : les processus de libéralisation ont ralenti au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Ils passent désormais par des accords bilatéraux. L’accord de partenariat trans­atlantique serait l’aboutissement de ce processus car il concernerait la moitié du PIB mondial  », a expliqué la voix d’Attac. Un accord pour satisfaire les appétits des grandes multinationales. D’ailleurs, des représentants de celles-ci étaient présents à 119 des 130 réunions de préparation au cours desquelles ont été actées la suppression de l’ensemble des droits de douane dits sensibles et celle des obstacles non tarifaires, quand ceux de la société civile n’y ont été conviés que onze fois.

Pourtant, comme l’a relevé Patrick Le Hyaric, qui consacre un ouvrage au décryptage de ce texte, «  c’est de la vie quotidienne qu’il va s’agir  ». Bœuf aux hormones, OGM… pourraient débarquer sur les tables. Et les grandes entreprises européennes espèrent pouvoir, elles, conquérir le marché américain dans le secteur des travaux publics, par exemple. Jusqu’alors construits démocratiquement, les normes et les droits seront «  élaborés par des technocrates  » si ce traité passe, précise Yannick Jadot. Bref, la «  souveraineté populaire  » sera abandonnée, et les décisions seront prises par des experts, «  qui n’ont aucune légitimité pour décider  », pourfend Willy Pelletier.

Est-ce donc un hasard si les négociations s’effectuent «  en catimini  », selon le mot de Guillaume Balas ? Il rappelle en tout cas que «  le PS a pris une position : arrêter la négociation s’il y a danger  ». Il faut «  être vigilant  » face à «  ce retournement du droit  », souscrit Yannick Jadot. Pour Patrick Le Hyaric, le «  forcing de Barroso  », le président de la Commission européenne, ne doit pas faire oublier que «  la Commission s’est donné à elle-même un mandat de négociation certes validé par le Conseil européen (qui regroupe les chefs d’État et de gouvernement des 28 États membres — NDLR) mais les peuples n’ont pas été consultés  ». Au final, «  l’Europe serait mise sous la coupe des dirigeants nord-américains  », prévient le député du Front de gauche.

Un collectif d’organisations s’est donc constitué pour mettre un coup d’arrêt à cet accord. Comme ce fut le cas contre l’AMI en 2005, ou l’Acta récemment. La mobilisation passera aussi par les élections européennes. «  Il faudra demander à tous les candidats s’ils sont pour ou contre ce texte  », a conclu Aurélie Trouvé.

Un réseau contre l’accord. À l’appel d’Attac et d’Aitec, plus de 50 représentant(e)s d’organisations et de réseaux citoyens affirment leur refus du traité transatlantique. Alors que le 2e cycle de négociations officielles aura lieu à Bruxelles, à partir du 7 octobre, ces organisations souhaitent lancer une mobilisation citoyenne contre ce projet de traité. En outre, comme l’a rappelé Patrick Le Hyaric lors du débat à la Fête, «  le Parlement européen et chacun des gouvernements européens pourront apposer leur veto à ce projet  ».

Fabien Perrier


 source: L’Humanité