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L’Union européenne veut placer l’Asie au coeur de sa politique commerciale

LE MONDE | 11.09.06 | 14h33 HELSINKI ENVOYÉ SPÉCIAL

Philippe Ricard

Européens et Asiatiques veulent libéraliser davantage leurs relations commerciales, en pleine expansion. Telle est la perspective tracée par les différentes réunions au sommet tenu les 9, 10 et 11 septembre à Helsinki entre les Vingt-Cinq et les pays asiatiques : les dix de l’Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean) - où se côtoient Indonésie, Philippines, Malaisie, Singapour, Thaïlande, Vietnam, Laos, Cambodge, Brunei et Birmanie - auxquels se sont joints, comme chaque année depuis 1996, le Japon, la Corée du Sud et la Chine.

Avec la Corée du Sud et la Chine, l’Union européenne affiche son intention de relancer les négociations au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), après leur suspension, en juillet. Mais faute de perspective d’accord, elle "envisage d’aller plus avant dans les relations commerciales bilatérales" avec la région la plus dynamique au monde, a indiqué pour la première fois José Manuel Barroso, président de la Commission.

Séoul devrait être "un partenaire clef" dans la stratégie bilatérale des Européens, a indiqué M. Barroso à l’issue d’une rencontre, samedi, avec président sud-coréen, Roh Moo-hyun.

Les services du commissaire au commerce, Peter Mandelson, comptent obtenir un mandat de négociation cet automne, pour tenter de boucler un accord d’ici à la fin 2007. Onzième puissance mondiale, la Corée du Sud négocie aussi avec Washington.

L’Union européenne ne veut pas s’arrêter là, comme l’a montré le sommet de l’ASEM (Asian-Europe Meeting), consacré à la mondialisation. Pour les dix ans de ce forum, les trente-huit chefs d’Etat et de gouvernement présents ont discuté terrorisme, sécurité énergétique, grandes pandémies, ou, à l’instar de Jacques Chirac lundi, réchauffement climatique. Mais dans les coulisses, c’est le commerce qui a galvanisé les pourparlers.

Les Vingt-Cinq souhaitent en effet engager des négociations en vue d’un accord de libre-échange avec une grande partie des membres de l’ASEM, regroupés au sein de l’Asean. Une éventuelle signature semble plus lointaine qu’avec la Corée du Sud. L’Asean est en effet un ensemble hétéroclite et la Birmanie agit souvent comme un repoussoir.

L’Inde et la Chine ne devraient pas échapper à la stratégie bilatérale des Européens, même si les eurocrates ne parlent pas encore de libre-échange avec ces deux puissances émergentes.

"Faire du libre-échange avec la Chine serait très difficile à vendre politiquement en Europe, vu la sensibilité de l’opinion au sujet de ses importations", dit un diplomate européen en poste à Pékin. Lors d’une rencontre avec le premier ministre chinois, Wen Jiabao, il a néanmoins été décidé, samedi, de lancer les négociations pour un nouvel accord de partenariat. Si elles divergent sur le volet politique de cette coopération, les deux parties espèrent progresser dans le domaine commercial.

Européens et Asiatiques espèrent apaiser des relations rendues houleuses par l’explosion des échanges. Les exportations chinoises en Europe ont doublé en dix ans, et les Vingt-Cinq sont divisés sur les réponses à apporter aux problèmes suscités par ces importations.

En 2005, l’Union a réintroduit des quotas sur les textiles les plus exposés et cherche aujourd’hui à limiter le dumping sur les chaussures importées de Chine. Elle vient par ailleurs d’imposer des droits antidumping sur les réfrigérateurs de grande capacité importés de Corée du Sud, et a saisi l’OMC contre les aides versées par Séoul à ses chantiers navals.

La recherche d’accords bilatéraux en Asie constitue un tournant pour les Européens. Ces derniers ont privilégié les négociations au sein de l’OMC depuis leur lancement en 2001. "L’Union européenne ne peut rester les bras croisés pendant que tous les autres cherchent la défense de leurs intérêts à travers des accords bilatéraux", a justifié le commissaire aux affaires économiques Joaquin Almunia.

Article paru dans l’édition du 12.09.06


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