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Le combat de la pêche artisanale en Indonésie

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Indonesian traditional fishers from Makassar coastal areas
Photo by Arie Kurniawaty

bilaterals.org - 22 mai 2023

Le combat de la pêche artisanale en Indonésie

L’Indonésie est un pays particulièrement actif et offensif dans les négociations d’accords de libre-échange et d’investissement. Le secteur alimentaire, et notamment de la pêche, est souvent menacé par ces accords. En tant qu’archipel, le domaine de la pêche est vital pour l’économie indonésienne. Plus de 90 % de l’activité est effectuée par des pêcheurs et pêcheuses artisanaux travaillant dans les zones côtières.

La surpêche menaçant la durabilité, la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance, un ensemble de restrictions a été imposé. Elles vont de la réduction ou de l’élimination des subventions à une stratégie de pêche basée sur des quotas. Cette question fait l’objet de discussions dans le cadre de plusieurs accords de libre échange, tels que l’accord de partenariat économique global entre l’Indonésie et l’Union européenne ou le Cadre économique pour l’Indo-Pacifique.

Pour en savoir plus sur l’impact de ces mesures sur le secteur de la pêche artisanale en Indonésie, vous pouvez lire notre entretien avec Budi Laksana, Secrétaire général du Serikat Nelayan Indonesia (SNI / Syndicat indonésien de la pêche).

Q : Pouvez-vous présenter votre organisation ?

R : Le SNI est une organisation dont les membres sont des femmes vivant sur les côtes, des petits pêcheurs et petites pêcheuses, et des personnes pratiquant le pêche traditionnelle, ainsi que des communautés dont les moyens de subsistance dépendent des zones côtières.

Q : Quelle est la position des pêcheurs et pêcheuses et quelle est leur contribution à l’économie indonésienne ?

R : En général, le secteur de la pêche ournit des emplois à la population du pays. Les pêcheurs et pêcheuses, en particulier de petite taille, contribuent également à satisfaire les besoins en protéines de la population indonésienne. Toutefois, les pêcheurs et pêcheuses artisanaux, qui exercent leurs activités quotidiennes pour satisfaire leurs besoins de consommation, et les fournisseurs de produits de la mer ont actuellement de plus en plus de mal à s’en sortir. En effet, les poissons sont de plus en plus difficiles à pêcher, en partie dû au changement climatique, qui rend leur comportement plus imprévisible.Ils deviennent donc plus dur à attraper.

Q : Quels sont les principaux défis auxquels est confrontée la pêche artisanaleen Indonésie aujourd’hui ?

R : Le premier défi est la politique basée sur les quotas, selon laquelle un nombre maximum de poissons à attraper leur ai attribué. En définitive, une concurrence s’établit avec les grandes entreprises et les gros bateaux de pêche. Un autre défi est l’éloignement des zones de pêche, car la concurrence des géants de la pêche fait que les pêcheurs et pêcheuses artisanaux sont repoussés plus loin. Un autre problème est la pollution de la mer. Elle rend la pêche de plus en plus difficile.

Q : L’Indonésie est membre de l’Organisation mondiale du commerce et négocie activement plusieurs accords de libre-échange susceptibles de lier le pays à un certain nombre d’engagements, tels que l’élimination des subventions à la pêche. Quel est votre point de vue ?

R : L’élimination ou la réduction des subventions à la pêche montre que le gouvernement se range de plus en plus du côté des entreprises. Au lieu de protéger les personnes travaillant dans le secteur de la pêche artisanale et traditionnelle, l’Etat les considère comme un fardeau. C’est le cas, par exemple, lorsqu’il fixe des quotas de pêche au nom de la protection des ressources de la mer. Les pêcheurs et pêcheuses sont ainsi abandonnés à leur sort face à des puissances plus importantes. Les subventions sont essentielles pour ces personnes. Elles sont garanties par la loi en Indonésie, en guise de protection. Mais ce qui se passe aujourd’hui est exactement l’inverse, car ce que le gouvernement met en œuvre ne profite qu’aux grandes entreprises.

Q : Y a-t-il des initiatives mises en place par les pêcheurs et pêcheuses artisanaux comme modèle alternatif aux politiques commerciales mondialisées actuelles ?

R : La justice sociale et en matière de commerce est primordiale, c’est pourquoi nous avons créé une coopérative de femmes pêcheuses. Il s’agit d’une initiative de notre organisation pour que la justice ne soit pas sexiste. C’est une forme de souveraineté économique. La justice doit être reconnue et accordée aux groupes qui ont été marginalisés, en l’occurrence au sein de la pêche traditionnelle, et en particulier les femmes.

Interview par bilaterals.org


 source: bilaterals.org