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Le Maghreb à la conquête de l’Afrique subsaharienne

Africa News | 14 mars 2017

Le Maghreb à la conquête de l’Afrique subsaharienne

by Carole KOUASSI

L’appétit des pays du Maghreb pour l’Afrique subsaharienne se matérialise de plus en plus. Il n’y a qu‘à voir l’intérêt manifesté récemment par certains pays de cette région d’ intégrer des organisations subsahariennes pour se rendre compte de cette nouvelle tendance.

Après avoir réussi avec succès sa réintégration au sein de l’Union africaine 32 ans plus tard, le royaume chérifien a mis le cap sur une organisation sous-régionale : la CEDEAO. Le 24 février, le Maroc exprimait son désir de faire partie de cet ensemble dont le marché représente près de 1 milliard de dollars d‘échanges commerciaux par an.

“Nous allons mettre au point une commission paritaire pour que dans un mois et demi nous puissions signer un accord de partenariat économique déclarant le Maroc comme un associé privilégié”, a déclaré le secrétaire général de la CEDEAO, le Burkinabè Marcel de Souza comme pour jeter les bases d’une nouvelle ère.

En octobre 2016, c’est la Tunisie qui se voyait acceptée dans un marché plus vaste, le COMESA (Common Market for Eastern and Southern Africa) dont font également partie la SADC (Southern African Development Community) et l’EAC (East African Community). Dans environ sept mois, la Tunisie sera donc le 20e pays de ce marché qui pèse un peu plus de 1000 milliards de dollars et rassemble quelque 625 millions d’habitants. Des informations font également état d’un intérêt de la Tunisie pour la CEDEAO, même si la demande n’est pas encore officielle.

Comme la Tunisie, l’Algérie serait également tentée par les opportunités d’affaires aussi bien avec le COMESA que la CEDEAO.

L’Afrique subsaharienne, un marché prometteur

Si ces pays évoquent une intention de consolider leurs échanges avec le reste du continent, il n’en demeure pas moins que cette volonté de réorienter les priorités économiques et politiques s’impose dans la mesure où l’Europe, premier partenaire du Maghreb semble désorienter après le Brexit.

Dans le cas du Maroc, par exemple, il sera la 2e puissance économique de la CEDEAO après le Nigeria et pourrait ainsi devenir un interlocuteur incontournable sur le continent. Sur le plan politique, ce serait également l’opportunité de rallier à sa cause quelques États sur la question du Sahara occidental. Et dans le même temps, profiter des accords de défense de la CEDEAO, renforçant un peu plus sa posture face à son rival algérien, première puissance militaire d’Afrique.

Sur un autre plan, l’adhésion du Maroc à la CEDEAO représente sur le plan géostratégique un choix intéressant. De par sa position au Nord, le royaume pourrait favoriser les échanges entre l’Afrique occidentale et l’Union européenne qui est son premier partenaire.

S’agissant de la Tunisie et de l’Algérie, elles espèrent grignoter quelques parts sur des marchés en pleine croissance que sont l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe.

Quoi qu’il en soit, cet intérêt évident du Maghreb pour l’Afrique subsaharienne ne fait que confirmer le potentiel économique de l’Afrique occidentale, jusque-là mal exploité.


 source: Africa News