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Le mal des APE et les OGM

Soir de Bamako du 27 août 2007

Le mal des APE et les OGM

Mariétou KONATE

abcburkina.org

Le Mali proteste, mais... — Mettre un terme aux APE et à l’introduction des OGM dans la politique agricole, tel est le souci constant de certains pays de la zone CEDEAO et l’Afrique de l’Ouest. Ces APE et cette introduction des OGM dans notre politique agricole représentent un suicide économique pour notre pays, comme pour d’autres pays pauvres. D’ou des campagnes de protestation de la société civile malienne et d’autres organisations.

Rappelons que notre pays est devenu un pays cible pour les programmes de biotechnologie de l’USAID, d’où l’installation d’un centre d’informations sur les biotechnologies, avec le centre national de la recherche agricole (Institut d’Economie Rurale). Alors qu’il n’est pas facile, pour les pays pauvres, de résister à cette pression exercée par la super-puissance mondiale. Il faut reconnaître qu’avec cette question des OGM, peu de gouvernements osent affronter directement les Etats-Unis, et ceux qui le font courent toujours le risque de céder sous la pression permanente.

Au Mali, par exemple, l’un des pays les plus pauvres du monde, les Etat-Unis ont engagé des sommes considérables, que le pays risque de compromettre s’il n’ouvre pas ses portes aux OGM. Et les administrations finissent par aller contre les désirs de leurs populations pour apaiser les Etats-Unis, ou pire, pour obtenir leur part des miettes distribuées par les Etat-Unis. Alors que, dans ce jeu truqué du “donnant-donnant” auquel les élites jouent, les moyens d’existence de millions d’agriculteurs sont en péril.

Pourtant, sur le terrain, une fois que les gens comprennent ce qui est en train de se passer et ce qui est en jeu, la volonté de résister devient plus forte. Alors qu’on ne sait pas si les Etats-Unis réduiront ou non les subventions accordées à leurs producteurs de coton. le Mali doit mieux réfléchir soigneusement à ses décisions prochaines, concernant les essais en champs du coton BT.

Face à cette situation, les organisations paysannes, la société civile et d’autres organisations demandent aux leaders politiques, aux autorités du Mali de rester fermes face à la pression des Etats-Unis et de rejeter les OGM.

L’introduction des OGM n’arrange point le Mali, étant un pays pauvre. Quant aux APE qui doivent démarrer au plus tard le 1er janvier 2008, date ultime autorisée par l’OMC pour le maintien des accords préférentiels actuels, il faut empêcher sa signature et sa mise en oeuvre, car cest la mort programmée de l’économie africaine.

En ce qui concerne notre région, c’est la CEDEAO qui est l’espace de négociationet d’intégration économique et politique ; or, ces APE vont torpiller l’intégration régionale.

Cette signature n’arrange pas les pays ciblés, parce que les APE vont contraindre 77 pays à se soumettre, et affaiblir les politiques alimentaire de nos Etats. La question de l’impact des accords de partenariat éconmique en matière agricole, en ce qui concerne la souvernainté alimentaire, doit particulièrement retenir l’attention. En ce qui concerne le Mali, la signature des APE réduirait à néant les objectifs de la Loi d’Orientation Agricole.

De façon claire, les APE visent l’ouverture totale des marchés africains, dont maliens, aux produits finis, malgré le très grand fossé technologique, économique, bref, de développement entre l’Afrique et l’Europe.

Les intentions véritables des APE sont d’autant plus inquiétantes que les marchés africains sont déjà les plus ouverts aux produits étrangers,contrairement aux Etats européens qui ferment leurs frontières en imposant des taxes et barrièrs douanières prohibitives ou des mesures phytosanitaires inimaginables aux Etats africains africains.

Les objectifs de la régulation des échanges de produits agricoles doivent être de veiller à ce que les relations commerciales soient équitables et concourent à un développement équilibré, équitable et durable, prenant dûment en compte les considérations non commerciales, sans porter atteinte aux intérêts sociaux et environnementaux.

L’assainissement des marchés agricoles mondiaux doit permettre d’y trouver des prix rémunérateurs, capables de couvrir les coûts d’une production durable.


 source: Le Mali