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Les Costariciens ont approuvé le traité de libre-échange avec les Etats-Unis

LE MONDE | 08.10.07

Les Costariciens ont approuvé le traité de libre-échange avec les Etats-Unis

SAINT-DOMINGUE CORRESPONDANT

Les Costariciens ont approuvé par référendum, dimanche 7 octobre, avec 51,7 % des voix, un traité de libre-échange avec les Etats-Unis, leurs voisins d’Amérique centrale et la République dominicaine. Ce référendum, le premier de l’histoire du Costa Rica, était suivi avec attention à Washington, où le président George Bush bataille avec la majorité démocrate du Congrès pour faire approuver des accords similaires avec la Colombie, le Panama, le Pérou et la Corée du Sud.

Le président social-démocrate Oscar Arias a appelé les opposants à respecter les résultats du référendum et à dépasser les divisions. "Nous sommes un seul peuple qui aspire, a besoin et mérite le développement", a-t-il déclaré. L’Organisation des Etats américains (OEA) a validé la transparence du référendum, mais l’opposition veut procéder à un décompte manuel des votes.

Souvent qualifié de "Suisse de l’Amérique latine" en raison de sa longue tradition démocratique, le Costa Rica risquait de se convertir en "Albanie de l’Amérique latine" si le "non" l’emportait, avait menacé M. Arias, qui a mis tout son poids en faveur du "oui". Le "non" aurait empêché le Costa Rica d’élargir ses marchés, y compris en Europe, a-t-il plaidé.

Le traité, signé en 2004 par le Costa Rica, les Etats-Unis, le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua, la République dominicaine et le Salvador, a été ratifié par les Congrès de tous les pays signataires à l’exception du Costa Rica, le seul à avoir choisi la voie référendaire. La campagne a profondément divisé ce pays, le plus stable d’Amérique centrale.

"STIMULER LA PEUR"

Pour ses partisans, le traité va augmenter les investissements étrangers et les exportations. Les opposants craignent que les paysans costariciens ne puissent résister aux produits agricoles subventionnés des Etats-Unis. Ils réclamaient une renégociation de l’accord pour en gommer les dispositions "néolibérales", telles que la privatisation des services publics, menaçant le "modèle social" costaricien.

La divulgation, début septembre, d’un mémorandum confidentiel, envoyé par le vice-président Kevin Casas à Oscar Arias, a fait basculer de nombreux indécis dans le camp du "non". Dans ce courrier électronique, le vice-président, qui a été contraint à la démission, suggérait de "stimuler la peur" des électeurs en accusant les promoteurs du "non" d’être liés aux présidents cubain et vénézuélien, Fidel Castro et Hugo Chavez, et en menaçant de couper les crédits aux maires des communes qui voteraient majoritairement contre le traité.

Le président Arias a accusé l’Eglise catholique d’avoir favorisé le "non". Fin septembre, 92 prêtres, dont plusieurs évêques, avaient pris position contre le traité, le qualifiant de "réforme radicale de l’Etat vers le néolibéralisme". Syndicalistes, universitaires, petits et moyens entrepreneurs et agriculteurs ont été rejoints par des responsables politiques de l’opposition comme Otton Solis, l’ancien candidat qui avait perdu de justesse l’élection présidentielle de février 2006, mais aussi du parti au pouvoir, comme l’ex-président Luis Alberto Monge.

Selon le recteur de l’Institut technologique, Eugenio Trejos, principal porte-parole de la coalition du "non", le traité tel qu’il est a été "mal négocié" et menacerait "le modèle de développement solidaire qui différencie le Costa Rica du reste de l’Amérique latine".
Jean-Michel Caroit


 source: Le Monde