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Les discussions sur le libre-échange avec l’Australie reprennent

L’Australie et la Chine ont repris mercredi 24 février leurs discussions sur le-libre échange après une interruption de quatorze mois, un geste que le gouvernement australien interprète comme un indice de la bonne santé des relations commerciales entre les deux pays, bien que les experts chinois estiment qu’il reste encore des incertitudes quant à l’avenir.

L’AFP a précisé que les discussions, qui devraient durer trois jours, se tiendront à Canberra. Le ministre du Commerce Simon Crean a déclaré que le vaste secteur des ressources australien faisait l’objet d’un intérêt marqué de la part de la Chine, tout en ajoutant que leur cadre devrait refléter l’importance de l’investissement en tant que « voie à double sens ».

« Parce que l’Australie a également un intérêt significatif à investir davantage dans l’économie chinoise », ainsi que ses paroles ont été rapportées.

L’Australie et la Chine avaient à l’origine commencé à discuter d’un accord de libre-échange en avril 2005, mais les pourparlers avaient été interrompus après la 13e séance de négociations à Beijing en décembre 2008.

Su Hao, directeur du Centre de Recherche et de Gestion des Conflits et de la Stratégie pense que l’établissement d’un accord de libre-échange est très important pour les deux pays. « Cela montre que les liens bilatéraux reprennent. Les deux pays sont complémentaires sur le plan économique, et particulièrement en ce qui concerne le commerce ».

Pour lui, l’accord envisagé bénéficierait aux deux pays, et tant la Chine que l’Australie devraient prendre les intérêts de l’autre partie en considération.

« D’une manière générale, l’Australie s’est, dans le passé, montrée plutôt ccopérative s’agissant de la politique chinoise, et en particulier sur le problème de Taïwan. Mais l’année dernière, nous avons dû constater avec regret une détérioration des liens diplomatiques », dit M. Su.

« La Chine a ainsi été classée comme menace stratégique par le Livre Blanc australien sur la défense, et les liens ont par la suite été distendus plus encore par la visite de la séparatiste Ouighour en exil Rebiya Kadeer en Australie. A ce jour, les relations sino-australiennes n’ont pas encore retrouvé leur niveau d’antan », a-t-il ajouté.

Pan Zhongying, expert en relations internationales à l’Université Renmin a décrit les relations sino-australiennes comme étant, depuis toujours, complexes.

« D’un côté les Australiens veulent plus d’engagement économique, mais de l’autre côté ils n’oublient pas de travailler avec d’autres acteurs de la scène internationale pour contrebalancer la puissance montante de la Chine ».

Il cite, et pour lui ce n’est qu’un exemple, les alarmes toujours plus fortes du ministère de la défense australien sur les « implications stratégiques » de la Chine, telles qu’elles ont été décrites dans le Livre Blanc de mai 2009.

« Les liens bilatéraux entre la Chine et l’Australie sont plus que de simples liens commerciaux. Il y a aussi toute une série de facteurs qui concernent les intérêts propres de l’Australie dans la Région Asie-Pacifique ».

Les relations entre les deux pays ont connu davantage de tensions en juin de l’année dernière lorsque l’un des dirigeants de la société australienne Rio Tinto, Stern Hu, a été arrêté, suspecté de corruption et d’espionnage commercial lors de discussions difficiles pour établir un prix contractuel pour du minerai de fer, dont l’Australie est le plus gros fournisseur pour la Chine. Stern Hu, qui détient un passeport australien, ainsi que trois employés chinois de Rio Tinto, attendent en ce moment leur procès, qui se déroulera à Shanghai.

La Chine est le premier partenaire commercial de l’Australie, pour un montant, dans les deux sens, de 83 milliards de dollars australiens (74 milliards de dollars US) en 2008-2009, dans lesquels la Chine a acheté pour plus de 25 milliards de dollars australiens de minerai de fer et de charbon, d’après Reuters. Cependant, M. Crean ne pense pas que l’arrestation de Stern Hu ait gravement perturbé les relations commerciales entre les deux pays, qui n’ont cessé de croitre en vigueur depuis cet évènement.

D’ailleurs, afin d’apaiser les tensions et de redonner de la vigueur aux discussions sur l’accord de libre échange qui étaient restées en plan, le Vice-premier ministre chinois Li Keqiang avait rencontré le Premier ministre australien Kevin Rudd en novembre dernier.

M. Su pense que « Il y a une confiance mutuelle entre les deux pays, particulièrement s’agissant du commerce, mais le prix du minerai de fer australien est trop élevé ». L’Australie, croit-il, devrait aussi prendre en compte les intérêts de la Chine et en retour, la Chine pourrait offrir plus de parts de marché à son partenaire, quand bien même cela pourrait vouloir dire une concurrence plus forte pour les produits chinois.


 source: le Quotidien du Peuple en ligne