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Libre échange. Mercosur, la France réfléchit

L’Humanité | 5 février 2021

Libre échange. Mercosur, la France réfléchit

par Marie-Noëlle Bertrand

Le ministère du Commerce extérieur dit ne pas renégocier l’accord commercial mais songe à le rendre acceptable.

Que la France cherche un chemin pour remettre sur les rails l’accord entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, c’est un fait. La stratégie qu’elle compte employer est en revanche plus trouble. Et c’est bien ce qui laissait perplexe, hier, une part du Comité de suivi de la politique commerciale (CSPC) réuni à l’initiative du ministre du Commerce extérieur. En fin de semaine dernière, Franck Riester avait soumis aux parlementaires, fédérations professionnelles, syndicats et ONG qui le composent un document de travail. Le texte avance une série de conditions additionnelles visant à « répondre aux préoccupations soulevées par le projet d’accord UE-Mercosur » L’idée est de le rendre acceptable, et elle alarme tout autant les agriculteurs que les environnementalistes.

Signé en 2019, mais pas encore ratifié, l’accord, s’il était mis en œuvre, augmenterait la déforestation, aggraverait les émissions de CO2 importées, mettrait en péril l’élevage européen et nuirait, outre-Atlantique, aux droits des paysans et des peuples autochtones, dénoncent-ils.

« Il ne s’agit en aucun cas de réouverture de négociations »

Depuis deux ans, Emmanuel Macron assure les avoir entendus et promet que la France refusera de s’engager dans l’accord « en l’état ». En septembre, Jean Castex confirmait cette position. Mais ce « en l’état » est en train de s’estomper. Le document sur lequel les organisations ont été appelées à plancher propose ainsi de définir « un ensemble de conditions préalables à la finalisation du traité », portant, entre autres, sur la lutte contre la déforestation ou « la constatation d’un abandon par les pays du Mercosur des principales réformes allant clairement à l’encontre des objectifs fixés dans le cadre de l’accord de Paris ». Nettement insuffisant, dénoncent les organisations. Tout cela « ne modifie en rien le socle économique et commercial de l’accord », dénonce Maxime Combes, économiste et membre du collectif Stop Ceta. Non seulement cela, mais ces conditions ne seraient avancées que dans le cadre d’une annexe à l’accord, par définition moins contraignante que le traité lui-même. Reste à savoir ce que le ministre compte faire de tout cela. Ses services l’assurent : « Il ne s’agit en aucun cas de réouverture de négociations », insistent-ils. Le ministre préfère parler de « travail de réflexion », laissant ses interlocuteurs dubitatifs. « Si la France comptait vraiment modifier l’accord sur le fond, le renégocier pourrait être stratégique », relève encore Maxime Combes. « Mais là, réellement, rien n’est clair. »


 Fuente: L’Humanité