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Libre-échange UE-ACP : un saut dans l’inconnu ?

par Anne-Marie Mouradian

Les ministres européens du Commerce et du Développement feront le point, le 16 octobre, sur les négociations d’accords de partenariat économique (APE) entre l’Europe et les six grandes régions d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Lancées en septembre 2002, les négociations doivent déboucher sur la mise en place de zones de libre-échange à partir du 1er janvier 2008. L’OMC exige qu’à cette date, soient supprimées toutes les préférences commerciales que l’Europe accorde depuis trente ans à ses partenaires ACP.

Ces derniers vont donc devoir ouvrir progressivement leurs marchés aux produits européens mais l’inquiétude augmente, au fur et à mesure qu’approche l’échéance. Certains, à l’instar du ministre du Commerce du Sénégal, Mamadou Diop, parlent de saut dans l’inconnu. «Nous avons beaucoup de choses à reprocher à la Commission européenne mais nous ne lui jetons pas la pierre à elle seule. Il y a des difficultés du côté de l’Afrique. Je sais par exemple que le secrétariat de la Cedeao est assez faible. Par ailleurs, les études d’impact sur les conséquences des accords de partenariat économique ont pris beaucoup de retard. Certains pays africains n’ont pas encore lancé ces études. Or les études d’impact sont un préalable nécessaire à la signature de bons accords de partenariat économique. Nous ne se serons pas prêts à temps. C’est pourquoi nous avons demandé de proroger l’échéance de janvier 2008. Cette échéance avait été calée sur le cycle de Doha et des négociations multilatérales à l’OMC. Force est de constater qu’aujourd’hui le cycle de Doha semble dans l’impasse. C’est une raison supplémentaire pour proroger le délai de 2008».

La Commission de Bruxelles, qui mène les discussions au nom de l’UE, estime, quant à elle, que les négociations de zones de libre-échange se déroulent à un rythme satisfaisant. Mais elle demandera lundi aux Vingt Cinq de concrétiser enfin leurs engagements financiers. A commencer par les deux milliards d’euros promis en 2005 pour aider les pays ACP à se préparer à la libéralisation commerciale et qui n’ont toujours pas été versés.


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