Lutte contre les APE : Des producteurs de Saint-louis dénoncent le relâchement
L’Observateur | le mercredi 6 Août 2008
LUTTE CONTRE LES APE : Des producteurs de Saint-louis dénoncent le relâchement
par El Hadji TALL
Des représentants d’organisations paysannes du Delta du fleuve Sénégal, sous l’initiative du Programme d’appui aux initiatives du Nord (Pinord) ont planché sur les Accords de partenariat économique (APE) à Ross-Béthio. Cette rencontre a permis d’étudier les enjeux et les perspectives des accords APE que l’Union européenne propose aux pays ACP.
La lutte contre la signature des Ape qui a tenu en haleine le pays semble être reléguée au second plan. Et, aujourd’hui, c’est le relâchement. Après un tollé général qui avait accompagné les sorties de nos gouvernants pour montrer leur désapprobation à travers des marches. Des producteurs du Nord, conscients que ce sont eux qui souffriront si ces accords de partenariat économique venaient à être signés, sont montés au créneau pour réaffirmer leur désaccord. Le président du comité de pilotage du PINORD, Djibril Diaw, pense que de tels accords ne manqueraient pas de nuire à l’agriculture africaine en général et sénégalaise en particulier. Ceci, dans la mesure où ils mettraient en concurrence les productions agricoles d’Afrique et celles importées à bas prix de l’Ue, parce qu’insuffisamment voire pas du tout taxées aux frontières. «L’avenir de plusieurs productions et de millions de familles de producteurs serait ainsi compromis, car déjà les politiques commerciales actuelles, sans Ape, mettent en péril l’aviculture locale, la viande bovine, les céréales, le lait entre autres. L’Ue, à l’instar des autres pays agro exportateurs, continue en effet ses exportations à bas prix, tandis que les programmes d’ajustement structurel, imposés par le Fmi, ont réduit inconsidérément les protections douanières des pays africains », renseigne M Diaw. À l’en croire, les producteurs qui seront en faillite seraient dans l’impossibilité de trouver des moyens ailleurs car, en Afrique de l’Ouest dira-t-il, les autres secteurs économiques et notamment le secteur industriel, ne disposent pas de possibilité d’absorption de main-d’oeuvre. Djibril Diaw reste convaincu que les résultats des négociations sur les Ape, donneront lieu à un accord qui n’arrange pas les paysans si des mesures correctives et fortes ne sont pas prises. Dans ce même ordre d’idées, Ibrahima Ly, coordonnateur du Comité d’appui technique du Pinord, souligne que l’ouverture des marchés entraîne une inondation des produits européens et une perte d’emplois surtout dans les exploitations agricoles. «Pour l’accès des produits africains, l’Ue a posé des conditions techniques et des normes d’hygiène», s’est désolé M. Ly.
