Maroc-Argentine : «Modèle de partenariat» Sud-Sud
MAP | 29.05.2008
Maroc-Argentine : «Modèle de partenariat» Sud-Sud
Par Mohamed Benmessaoud
L’Argentine est déterminée à faire de sa coopération économique avec le Maroc un "modèle de partenariat" Sud-Sud, a déclaré son ambassadeur à Rabat, Alberto de Nunez.
Les conditions sont réunies pour asseoir les bases d’un tel partenariat et imprimer une nouvelle impulsion à la coopération bilatérale, notamment après la visite de S.M. le Roi Mohammed VI en Argentine en 2004, a estimé M. de Nunez dans un entretien accordé à la MAP, à la veille de la visite d’une forte délégation d’hommes d’affaires argentins au Maroc (4-6 juin).
La visite "historique" de S.M. le Roi à Buenos Aires a insufflé une nouvelle "dynamique" aux relations bilatérales, comme en témoignent l’évolution des échanges commerciaux qui sont passés de 100 millions de dollars en 2002 à 500 millions de dollars en 2007, et les nombreux projets de coopération en cours de négociation, a indiqué l’ambassadeur argentin.
D’après M. de Nunez, la composition de la mission commerciale argentine, regroupant une trentaine de dirigeants d’entreprises leaders dans les domaines industriel, agroalimentaire, biotechnique et pharmaceutique, reflète l’importance qu’accorde Buenos Aires à la consolidation de la coopération avec Rabat.
"Jamais auparavant, une délégation de cette importance ne s’est déplacée au Maroc. C’est une première", a-t-il précisé, mettant l’accent sur l’intérêt que portent les opérateurs économiques argentins au Maroc, en raison du "potentiel énorme" du Royaume en termes d’échanges commerciaux et d’investissement.
Le Maroc, a-t-il estimé, peut constituer un partenaire "considérable" qui permettra à l’Argentine de cibler d’autres pays de la région, d’autant plus que le Royaume est lié par une série d’accords de libre échange avec les Etats-Unis, la Turquie, la Jordanie, l’Egypte et la Tunisie, et par un accord d’association avec l’Union européenne.
La visite des hommes d’affaires argentins, organisée à l’initiative du ministère argentin des Relations extérieures et du Commerce international, en collaboration avec le Conseil d’affaires maroco-argentin, présidé par Saïd Alj, et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), sera marquée par un séminaire sur les perspectives de l’économie argentine ainsi que par des tables rondes réunissant des entrepreneurs des deux pays en vue d’explorer les possibilités de partenariat et identifier d’éventuels secteurs de coopération, a-t-il dit.
Les gouvernements des deux pays sont déterminés à "accompagner les opérateurs économiques argentins et marocains en vue d’intensifier les échanges bilatéraux", a souligné M. de Nunez, précisant que le Maroc est le premier fournisseur de l’Argentine dans le monde arabe, alors que son pays occupe le 18e rang parmi les fournisseurs du Royaume.
Les transactions commerciales entre les deux pays ont totalisé 4,27 milliards de dirhams en 2007, soit une hausse de 30,58% par rapport à l’année précédente, selon les derniers chiffres de l’Office des Changes.
Le Maroc exporte vers l’Argentine essentiellement des phosphates et dérivés, des produits d’origine végétale et animale et des produits textiles et confection, et en importe notamment des produits énergétiques et agroalimentaires, ainsi que des machines et appareils divers.
M. de Nunez a, d’autre part, ajouté qu’une délégation d’hommes d’affaires argentins opérant dans le domaine de l’industrie automobile va se rendre dans les mois à venir au Maroc pour poursuivre les négociations avec les autorités et les élus locaux de Casablanca, en vue de doter les transports publics de la ville de moteurs fonctionnant au gaz naturel.
D’après le diplomate argentin, les professionnels des transports publics de Casablanca sont
"très intéressés" par l’expérience de son pays dans le domaine de la reconversion des transports pour l’utilisation du gaz naturel, en raison de ses retombées sur l’économie d’énergie et de l’environnement. En cas d’aboutissement de ce projet, l’expérience pourrait être étendue à Tanger.
La traçabilité des viandes et du bétail, un projet tout aussi important, fera également l’objet de coopération entre les deux pays, a-t-il poursuivi, précisant à cet égard que des contacts sont en cours avec le ministère de l’Agriculture pour doter le Maroc de la technologie nécessaire.
Il a, par ailleurs, fait état de progrès dans les discussions entre les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) et le Maroc, liés depuis novembre 2004 par un accord-cadre qui prévoit, à terme, la création d’une zone de libre-échange.
Il a précisé à ce sujet que la réunion des experts des deux parties, tenue en avril dernier à Rabat, a permis d’établir une "feuille de route" pour l’aboutissement de ce projet qui, selon lui, sera précédé par un accord préférentiel sur les tarifs douaniers avant de voir le jour, probablement, en 2010.
Une autre réunion est prévue au Brésil pour un échange complet d’informations sur la macroéconomie des pays concernés ainsi que sur les produits devant faire l’objet d’un accord tarifaire, a-t-il indiqué.
