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Objectif 2010 : une grande zone euroméditerranéenne de libre échange

EditoWeb | Jeudi 01 Novembre 2007

Objectif 2010 : une grande zone euroméditerranéenne de libre échange

Par Fathi B’Chir, Bruxelles

Construire dans l’Euroméditerranée la plus grande zone de libre échange au monde, c’est le rêve qu’entendent réaliser les Européens et leurs voisins de la rive sud dont plus de la moitié forment le nord de l’Afrique. Ils viennent de confirmer l’objectif, malgré les doutes.

Pour l’UE, créer un marché intégré de 700 millions de consommateurs, à l’horizon 2010, répartis entre les pays de l’Union européenne et des Etats du pourtour méditerranéen, c’est préparer la riposte face aux grands géants mondiaux, Chine, Etats-Unis et Russie.

Pour la plupart des observateurs, dont le parlement européen, il est irréaliste de l’envisager pour une échéance si proche, comme envisagé dès le départ, tant les enjeux paraissent peu clairs car limités à un commerce dont les flux venant du Nord écrasent ceux provenant de la rive sud. Les ministres du commerce de l’espace EuroMed (L’UE plus ses partenaires voisins de la région, 35 pays au total plus la Commission européenne. La Libye y a assisté à titre d’observatrice) n’en démordent pas.

Réunis le dimanche 21 octobre à Lisbonne, les ministres ont confirmé l’objectif de 2010 et ont même décidé d’accélérer le processus. Ils ont décidé de « créer un groupe de travail de haut niveau, qui se réunira en 2008 ». Sa mission sera de « définir une feuille de route », selon le ministre portugais de l’Economie, Manuel Pinho, qui présidait la conférence.

Déficit à combler Pour le Commissaire européen au commerce, Peter Mandelson, l’enjeu est d’abord dans le constat que l’UE est le partenaire commercial le plus important des pays de la Méditerranée avec près de 42 % des exportations (59.9 milliards €) et importations (60 milliards €) méditerranéennes en 2006, soit environ 5 % des importations et exportations de l’UE. Selon des données européennes, les achats européens de produits de la rive Sud ont doublé entre 1995 et 2006, alors que les ventes à destination des pays de la Méditerranée ont augmenté d’environ 60 %. Un développement qui n’empêche pas la persistance du déficit dans les échanges de biens malgré la tendance à la diminution. Il a été, selon la Commission, ramené de 20 % en 1995 à moins de 10 % en 2006.

M. Mandelson note que le commerce entre pays au sud de la Méditerranée demeure faible (15 % du commerce total de la région) même s’il est en augmentation (il est passé de près de 1,34 milliard € en 1995 à 6 milliards € en 2004). La Turquie, le pays le plus dynamique, a « considérablement développé son commerce avec ses voisins » sud méditerranéens (2,5 milliards € en 1995, 8 milliards € actuellement).

Réunis le dimanche 21 octobre à Lisbonne, les ministres ont confirmé l’objectif de 2010 et ont même décidé d’accélérer le processus.

Quoi qu’il en soit, M. Mandelson a appelé à ne plus commettre « l’erreur » de considérer le commerce euroméditerranéen comme entre deux régions séparées. « Nous sommes une région unique, car l’Europe a pris naissance en Méditerranée ». Nous serions même, déjà, en « Union méditerranéenne », empruntant explicitement cette formule à un « grand ami ». Sarkozy, en clair.

Enrichir les cultures Le Commissaire estime que les échanges sont le point focal dans la relation Europe-Méditerranée : « le flux de marchandises et des personnes enrichit les idées et les cultures ». A son avis, il apporte le développement, la stabilité et la croissance. C’est, assure-t-il « la définition exacte de ce qu’on dit mutuellement avantageux ».

Sur l’objectif de 2010, il admet que le délai de trois ans qui reste n’est pas long mais y parvenir serait un « élément essentiel » du processus d’intégration régionale et pour permettre aux pays de la rive Sud d’engranger de nouveaux avantages. Déjà, selon M. Mandelson, ces pays ont tiré des accords d’association, un bénéfice certain qui serait plus net si la rive sud accentuait son intégration. Il faisait référence à « l’Accord d’Agadir » qui lie quatre pays (Maroc, Tunisie, Egypte et Jordanie) et qui constitue un « un grand pas en avant» bien qu’il « reste encore beaucoup à faire ».

L’Afrique du Nord est, relève-t-il, « le marché le moins bien intégré de tous les régions du monde » et n’attire ainsi que 1% de l’investissement de l’UE. « Une de nos priorités devrait être de convenir comment nous pouvons aider à faire avancer ce processus. Personne ne cherche à imposer des structures ou des choix ». Il y des choix inéluctables pour lesquels la Commission est prête à aider, a affirmé le Commissaire.

Avec précaution Au plan global, la Commission relève que les achats européens de produits de la rive Sud ont doublé entre 1995 et 2006, alors que les ventes à destination des pays de la Méditerranée ont augmenté d’environ 60 %. Un développement qui n’empêche pas la persistance du déficit dans les échanges de biens bien qu’ayant tendance à diminuer. Il a été, selon la Commission, ramené de 20 % en 1995 à moins de 10 % en 2006.

Les ministres ont, en outre, examiné divers dossiers liés à cette démarche vers la libéralisation du commerce des biens et des services et l’affinement des mécanismes d’échanges. Des progrès sont annoncés dans les négociations sur les services avec l’Égypte, le Maroc et Israël. Les échanges agricoles sont visés mais seront libéralisés avec précaution.


 source: EditoWeb