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Signature des Ape : Les centrales syndicales du Sénégal exigent un délai de trois ans

Walfdjri | Samedi 30 Août 2008

Signature des Ape : Les centrales syndicales du Sénégal exigent un délai de trois ans

Mamadou SARR

En dépit de la signature d’accords préférentiels entre l’Union européenne et certains pays Afrique-Caraïbes-Pacifique (Acp), la levée des barrières douanières n’est pas pour demain. Pour faire de la signature des très contestés Accords de partenariat économique (Ape) une réussite, cinq organisations syndicales sénégalaises préconisent un délai de trois ans au moins avant tout paraphe.

Les organisations syndicales sénégalaises (Csa, Cnts/Fc, Cnts, Unsas, Udts) affiliées à la Confédération syndicale internationale/Afrique (Csi), par ailleurs membres de la Plate-forme des Acteurs non étatiques (P/Ane), viennent de sortir d’un séminaire de renforcement des capacités de deux jours (27 au 29 août 2008) sur les Ape en vue de leur meilleure implication.

Au sortir de cet atelier, les centrales syndicales sénégalaises sont arrivées à deux constats. D’une part, elles considèrent que la configuration actuelle des Accords de partenariat économique (Ape) ne reflètent pas les accords actuels d’intégration économique régionale et suscitent même des inquiétudes perceptibles au niveau des Etats, de la société civile et du secteur privé.

D’autre part, pour elles, il convient de veiller à ce que les retombées de l’intensification des échanges commerciaux et de la croissance économique contribuent à la réduction de la pauvreté, afin de répondre aux engagements pris à Cotonou.

Par conséquent, les responsables des centrales syndicales qui ont rencontré la presse hier, au siège de la Confédération des syndicats autonomes du Sénégal (Csa) sous la houlette de la Confédération syndicale internationale (Csi), ‘rejettent les propositions actuelles de l’Union européenne et appuient l’Etat du Sénégal dans ses contre-propositions consistant à faire des Ape des accords de partenariat pour le développement (Apd)’.

C’est la raison pour laquelle, les centrales syndicales sénégalaises pour qui ‘la négociation de ces accords ainsi que leur probable mise en œuvre, s’ils sont conclus, doivent être constamment guidées par les objectifs d’en faire des instruments en faveur du développement et de l’éradication de la pauvreté dans les pays Afrique-Caraîbes-Pacifique’, exigent ‘un délai supplémentaire de trois ans au moins avant toute signature, afin de donner plus de chances de réussite aux négociations au bénéfice de toutes les parties’.

‘Ce nouveau délai devra être mis à profit quant au partage de l’information, la conduite d’études d’impact économique et sociale des Ape, leur implication dans le processus de négociations par les experts de la Cedeao, de l’Uemoa, la diffusion par le gouvernement du contenu des contre-propositions faites à l’Union européenne et les alternatives qu’elles posent pour sortir notre région du ‘mal développement’, estime Mamadou Faye de la Cnts, par ailleurs coordonnateur du Comité nationale des organisations syndicales chargé des Ape.

En outre, les organisations syndicales sénégalaises sont d’avis que quelles que soient les propositions européennes dans le cadre du libre-échange entre l’Ue et les pays Acp avec la suppression de toutes entraves douanières, on doit veiller à ce que les réalités économiques africaines soient prises en compte.

‘Nous sommes d’avis que libéraliser des produits qui constituent les bases de nos économies agricoles et rurales, pourrait porter un coup très dur à notre potentiel économique de développement à l’échelle régionale’, précise Mamadou Faye, le point focal des centrales syndicales sénégalaises sur la question des Ape.

Même son de cloche pour Mamadou Diouf de la Csa. Pour ce dernier, dans la perspective de la reprise des négociations avec l’Union européenne, les pays Acp doivent s’accorder sur une liste de produits stratégiques pour lesquels, la libéralisation risque de provoquer des chocs socio-économiques. C’est le cas de certains produits alimentaires comme le riz, les cultures commerciales tels que le coton, l’arachide, les produits halieutiques et d’élevage.

A titre d’exemple, explique Mamadou Faye de la Cnts, ‘l’éleveur ou le paysan pourrait souffrir en voyant ses produits concurrencés par des produits subventionnés et une productivité élevée. Ce qui pourrait se traduire par des invendus sur des produits comme le lait, la pomme de terre, l’oignon et avec comme conséquence, le démantèlement de l’économie agricole et rurale’.

Un avis que partage largement Claire Courteille, économiste à la Confédération syndicale internationale. ‘Pour nous, il faut donner la priorité à la sécurité alimentaire par rapport à la libéralisation des échanges avec l’Europe.

Il faut développer l’emploi décent dans le monde rural pour éviter que les populations viennent se perdre en ville’, soutient-elle. Avant d’ajouter qu’’on ne doit pas traiter les produits alimentaires comme de vulgaires maquillages. C’est pourquoi, il faut protéger les produits comme le riz qui assurent la survie des populations’.


 Fuente: alpha2-info