L’Arabie saoudite isolée face à ses partenaires du CCG

MANAMA, 19 déc 2004 (AFP)

L’Arabie saoudite isolée face à ses partenaires du CCG

L’Arabie saoudite, en perte d’influence depuis les attentats du 11 septembre 2001, a fini par lever son opposition à un accord de libre-échange que Bahreïn, hôte lundi d’un sommet régional, a conclu avec les Etats-Unis, a affirmé dimanche le ministre bahreïni de l’Information.

Mais son prince héritier, Abdallah ben Abdel Aziz, qui dirige de facto le royaume ne va pas assister à ce sommet, a indiqué à l’AFP un responsable du Golfe.

"Le prince héritier Abdallah ne participera pas au sommet. La délégation saoudienne sera dirigée par le ministre des Affaires étrangères Saoud al-Fayçal", a dit ce responsable qui a requis l’anonymat, sans expliquer les raisons de cette absence.

L’Arabie saoudite, qui avait vivement critiqué l’accord bahreïno-américain, conclu en septembre dernier, s’est finalement "contentée d’exprimer des réserves" sur l’accord, a déclaré dimanche à des journalistes Nabil al-Hamr.

Outre Bahreïn, les quatre autres pays du CCG, à l’exception de l’Arabie saoudite, sont engagés dans des négociations pour la conclusion d’accords de libre-échange avec les Etats-Unis, a-t-il affirmé.

"Cinq pays du CCG sont convenus d’aller de l’avant dans leurs accords de libre-échange" avec Washington, a-t-il dit, ajoutant que des démarches sont entreprises pour "convaincre l’Arabie saoudite que ces accords, loin d’être préjudiciables, servent les intérêts des pays du Golfe".

L’Arabie saoudite, jadis un allié de taille des Etats-Unis dans la région du Golfe et dans le monde arabe, se voit ainsi isolée par ses petits voisins, Bahreïn et Qatar en tête, présentés comme des démocraties émergentes dans cette région généralement conservatrice.

Les relations entre Washington et Ryad se sont dégradées après les attentats du 11 septembre 2001, dont 15 des 19 auteurs étaient des Saoudiens. Les Etats-Unis ont redéployé au Qatar le quartier général de leurs forces aériennes dans le Golfe.

Après ce désaveu américain au plan militaire, les autorités de Ryad voient leurs pairs du CCG, dont elles ont toujours été les chefs de file, prendre le risque de les froisser par des initiatives isolées en direction des Etats-Unis, cette fois au plan économique.

Les pressions de Ryad n’ont pas dissuadé Manama d’aller de l’avant dans son accord de libre-échange avec Washington. En septembre, un haut responsable du ministère bahreïni des Finances avait fait état de la suspension, en juillet, par l’Arabie saoudite d’une donation de 50.000 barils par jour de brut.

La question de l’accord bahreïno-américain devait être discutée par les ministres des Affaires étrangères du CCG, réunis dimanche à Manama pour mettre les dernières touches aux documents devant être soumis aux dirigeants du groupe régional, prévu lundi et mardi dans la capitale bahreïnie.

Mais le président de la réunion, le Bahreïni cheikh Mohammad ben Moubarak al-Khalifa, n’a pas évoqué cette question, que les ministres des Finances et de l’Economie du CCG avaient pourtant décidé, après l’avoir examinée samedi, de soumettre aux chefs de diplomatie.

Cheikh Mohammad a indiqué que les discussions devaient porter sur les questions du marché commun du CCG, de l’union monétaire et de l’augmentation du nombre des expatriés dans les six monarchies pétrolières membres.

Les discussions tenues à huis clos ont été "constructives", a affirmé cheikh Mohammad, interrogé par la presse lors d’une pause.

Les six monarchies du Golfe, qui ont lancé en janvier 2003 une union douanière, devraient, à l’occasion du sommet de Manama, faire le point de leur projet d’intégration économique avec l’établissement annoncé pour 2005 d’une union monétaire, suivie d’un marché commun en 2007 et d’une monnaie unique en

La présence massive des expatriés dans les monarchies du Golfe, qui comptent au total 35,8 millions d’habitants, est une source d’"inquiétude pour nous tous" car elle constitue "un énorme danger pour la structure démographique (...) et l’identité arabe" de la région, a averti le ministre bahreïni de l’Information.

source : Courrier international

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