La lutte continue au sujet des APE

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Inter Press Service | 1 septembre 2008

La lutte continue au sujet des APE

Francis Kokutse

ACCRA, 1 sep (IPS) — On est en en train de donner une mauvaise réputation pour rien aux Accords de partenariat économique (APE), selon le parlementaire ghanéen, JB Danquah.

Danquah, qui est membre de la Commission du parlement ghanéen sur l’environnement, la science et la technologie, a déclaré à IPS que ’’la menace au commerce africain n’est pas avec les APE, mais avec la Chine et d’autres pays asiatiques qui vendent leurs biens à bas prix sur le continent’’.

Expliquant ce qu’il voulait dire par le dumping, il a cité des fabricants ghanéens qui avaient été ’’dupés’’ par les fournisseurs chinois de matières premières. Des Ghanéens ont donné à ces fournisseurs des spécifications sur leurs produits, seulement pour voir les fournisseurs fabriquer ces mêmes produits.

Danquah se prononçait contre la toile de fond d’une autre rencontre de la société civile protestant contre les APE. Le Réseau africain du commerce (ATN), comprenant les organisations non gouvernementales africaines qui critiquent le statu quo, s’est réuni la semaine dernière dans la capitale ghanéenne, Accra, pour émettre des stratégies autour des nouveaux défis apparaissant dans la campagne contre les APE.

L’ATN considère les accords commerciaux en cours de négociations entre l’Union européenne (UE) et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) comme ’’draconiens’’ et calculés pour ’’approfondir la dépendance continue à l’égard de l’aide et du financement du développement’’.

Par ailleurs, les APE constituent ’’une extension d’une intensification des politiques néo-libérales effrénées dont l’Afrique et d’autres régions en développement sont nourries de force depuis maintenant trois décennies, et dont les principales conséquences sont la destruction des secteurs productifs et du capital humain de l’Afrique’’.

Les politiques néo-libérales ont été promues par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international et impliquent la libéralisation des flux commerciaux, la déréglementation des affaires et le resserrement de l’Etat à travers la privatisation.

Le réseau de la société civile maintient que ’’les APE ont une dynamique dangereuse et puissante. Sans aucun doute, les APE constituent la menace la plus immédiate et urgente pour l’Afrique’’.

La position de l’ATN est insensée pour Danquah qui a soutenu que ’’l’on n’est pas juste envers les politiciens africains impliqués dans les négociations des APE’’.

Il a déclaré que les activistes n’étaient pas ’’sur le terrain’’ et ne comprennent pas les questions en cause. La signature d’un APE intérimaire par le Ghana a été ’’bénéfique’’ au pays : ’’Nous avions pu sauver environ 40.000 emplois. En plus de cela, des produits agricoles d’une valeur de plus de 200 millions de dollars auraient souffert si nous n’avions pas signé’’.

Dot Keet, une spécialiste du commerce au Centre de développement et d’information alternative (AIDC) d’Afrique du Sud, a réfuté les allégations de Danquah. Des pays africains ont étalé leurs faiblesses dans le processus de négociations lorsqu’ils ont cédé et signé les APE intérimaires, a-t-elle indiqué à IPS.

L’AIDC est une organisation non gouvernementale qui cherche à mobiliser des gens en quête d’alternatives au système économique dominant.

Selon Keet, ’’ces pays qui ont signé les accords intérimaires n’étaient pas fermes dans leurs négociations. Tout le problème était une tentative de diviser le continent’’.

Citant la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) comme un exemple où des pays individuels sont allés tout seuls signer des accords intérimaires, elle a dit que ces décisions avaient fragmenté la SADC.

Ce qui inquiétait était que ’’des responsables en provenance de certains de ces pays ont affirmé qu’ils savaient que les accords n’étaient pas bons, mais, nous devions signer’’ à cause des craintes que l’aide serait retirée, a-t-elle ajouté.

L’ATN affirme dans une déclaration que le boom mondial actuel des matières premières ’’est une réalité qui donne aux économies africaines plus de marge de manœuvre et des positions de négociations stratégiques plus puissantes.

’’Les tendances du marché des matières premières reflètent également des changements majeurs dans la puissance économique mondiale, plus remarquable, l’ascension de nouveaux pays en développement tels que le Brésil, l’Inde, la Chine et, à un moindre degré, l’Afrique du Sud.

’’Ceci offre de nouvelles opportunités pour diversifier les relations économiques internationales de l’Afrique loin de la dépendance étroite et débilitante à l’égard de l’UE et de ses marchés.

’’C’est le pire moment possible pour jeter toutes ces ouvertures éventuelles en enfermant l’Afrique dans une relation néo-libérale intensifiée avec l’UE à travers les APE’’, selon la déclaration.

L’ATN soutient que des ’’centaines de millions de producteurs africains’’ risquent d’être des perdants dans tous les secteurs de production et d’échange si les APE arrivaient à être conclus.

L’ATN croit qu’il a contribué à l’échec de l’UE d’obtenir les APE à la fin de 2007. Toutefois, la campagne ne pouvait pas ’’engendrer une dynamique et un programme qui soit suffisamment indépendant du processus de négociations’’.

Ceci est dû en partie au fait que ’’nous devions encore nous approcher d’une étape où de larges couches de syndicalistes ou de pêcheurs associent les menaces aux emplois et les conditions de travail avec la menace des APE.

’’Une importante multitude d’organisations de femmes ne voit pas non plus activement une résistance fructueuse aux APE comme un possible tournant qualitatif dans la lutte contre l’inégalité à l’intérieur et à l’extérieur de l’Afrique’’.

L’approche de la campagne concernant le genre a été critiquée par la directrice chargée du genre et du conflit du Kenya, Awino Okech, de l’Agence pour la coopération et la recherche (ACORD). Elle a affirmé qu’aucun effort n’a été fait pour exploiter les opinions des mouvements de femmes à travers le continent.

L’ACORD est une alliance internationale d’organisations non gouvernementales pour la promotion de la justice sociale.

Les débats sur le commerce se présentent comme ’’indifférents aux questions de genre’’, mais les femmes devraient être engagées pour exprimer leurs préoccupations sur des problèmes, a déclaré Okech. Elle a vite observé que la nature des discussions sur le commerce était hautement ’’technique’’ — une raison de plus pour impliquer des organisations de femmes.

source : IPS

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