L’accord de libre-échange avec la Corée du Sud sous les feux des groupes politiques
Catherine Ashton, commissaire britannique au commerce extérieur: "Je me suis donnée à fond pour négocier un accord ambitieux pour l’Europe"

L’accord de libre-échange avec la Corée du Sud sous les feux des groupes politiques

La Commission présentait lundi soir les grandes lignes de l’accord de libre-échange avec la Corée du Sud. Les groupes politiques du Parlement ont émis des réserves, ils pensent que l’accord désavantagerait l’industrie européenne. Le débat n’a été suivi d’aucun vote.

"La Commission et son président ne semblent pas prêts à relancer les secteurs industriels en Europe, s’est étonné Gianluca Susta (S&D, Italie), il faut rectifier cet accord qui nous pénalise." Les députés se sont faits les porte-paroles des industries automobile et textile européennes, craignant une déferlante de produits coréens à bas prix sur le territoire des 27.

« Avez-vous entendu les représentants du secteur automobile ? Il ne sont pas ravis de cet accord, ils le trouvent déséquilibré, favorisant surtout les constructeurs coréens, j’attends de nouvelles propositions sur ce point », a réclamé le député Peter Stastny, (PPE, Slovaquie), rapporteur du projet au sein de la commission du commerce extérieur.

Clause de non-ristourne

"Un accord bilatéral doit servir les intérêts des deux parties, mais je garantis que dans tous les secteurs, les emplois ne seront pas sacrifiés dans l’Union", a répondu Catherine Ashton, commissaire au commerce extérieur.

Elle a tenté de désamorcer les critiques en évoquant la clause de transparence qui garantirait une meilleure protection en terme de propriété intellectuelle. Mais les préoccupations des députés étaient ailleurs : sur la clause de non ristourne (« no-drawback »). L’Union européenne a essayé ces derniers mois d’obtenir de Séoul l’enregistrement de cette clause. Sans succès. Elle voulait exclure de l’accord de libre-échange des produits venant de Chine ou d’autres pays d’Asie, transitant par la Corée.

" Pourquoi accorder l’abandon de cette clause ? L’accord tel quel va provoquer des distorsions énormes de concurrence. En plus, la clause de sauvegarde ne pourra être activée que 5 ans après l’entrée en application de l’accord", s’est exclamé Kader Arif (S&D, France).

La Commission européenne voulait rappeler l’importance de cet accord de libre-échange avec la Corée du Sud, qu’elle négocie depuis deux ans et qui est sur le point d’aboutir.« Le plus ambitieux jamais obtenu par l’Union européenne », se félicite Catherine Ashton, commissaire du commerce extérieur.

Plus de 90 milliards d’échanges

Il prévoit l’ouverture des barrières douanières, y compris pour les produits agricoles. Le porc, les produits laitiers, le whisky pourront être exportés plus facilement en Corée du Sud, et le pays aura pour obligation d’y faire figurer l’origine. L’Union veut surtout favoriser l’exportation de ses automobiles ainsi que de ses produits pharmaceutiques, chimiques et cosmétiques. La Corée du Sud vise, elle, un large accès au marché européen pour ses pièces détachées automobiles et ses produits électroniques et textiles.

En 2008, l’Union européenne était le deuxième partenaire commercial de la Corée du Sud, avec des échanges évalués à plus de 90 milliards de dollars. « Sur nos exportations, nous économiseront un milliard deux cents millions d’euros de droits de douanes », détaillait la commissaire.

« A l’heure de la crise où la tendance est au protectionnisme, cet accord de libre-échange est un signal contradictoire fort envoyé au monde entier en faveur de la liberté du commerce», s’est réjouit le député Michael Theurer (Alde, Allemagne).

Depuis son investiture, Barack Obama a mis un frein aux négociations d’accord de libre échange entre les Etats-Unis et la Corée du Sud commencées sous l’ère Bush. Une occasion rêvée pour l’Europe de consolider sa position de partenaire commercial de premier plan.

Elodie Berthaud

source : MCS Info

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