Les négociations sur les APE ne respecteront pas la dernière date limite

IPS | 22 novembre 2010

Les négociations sur les APE ne respecteront pas la dernière date limite

Par Servaas van den Bosch

WINDHOEK, 22 nov (IPS) — Même si un accord commercial entre l’Union européenne (UE) et les pays d’Afrique australe est proche, il ne sera pas conclu avant la fin de cette année. En attendant, l’Afrique du Sud reste dans la poursuite de son ambitieux programme d’intégration régionale.

Le ministre namibien du Commerce, Hage Geingob, a confirmé que la date limite de décembre 2010 pour un accord de partenariat économique (APE) avec l’UE, que les Etats d’Afrique australe ont eux-mêmes fixée à Gaborone, au Botswana, en début de cette année, ne sera pas respectée.

"Même pour l’UE, le temps n’est plus ce qui importe beaucoup", a ajouté le ministre sud-africain du Commerce, Dr Rob Davies. "Ils sont plus intéressés à investir dans une relation forte."

Les ministres sont intervenus suite à la rencontre bilatérale entre les chefs d’Etat d’Afrique du Sud et de la Namibie le 4 novembre à Windhoek. Lors de la réunion, le président de l’Afrique du Sud, Jacob Zuma, a manifesté sa confiance à travers "une résolution rapide" de toutes les questions en suspens dans ces négociations complexes.

"Suite à notre interaction récente avec l’UE, nous sommes convaincus, comme jamais auparavant, que les désaccords avec l’UE ont été réduits et que nous sommes sur le point de finaliser un accord qui reconnaisse nos défis de développement tout en créant des opportunités pour un avantage mutuel", a déclaré Zuma.

Malgré la pression de Bruxelles, la Namibie a refusé de signer un accord commercial intérimaire, soutenant que l’ouverture forcée du marché namibien à des entreprises européennes plus compétitives réduirait sérieusement sa croissance économique future.

Bien que le Botswana, le Lesotho, et le Swaziland aient signé un APE intérimaire, l’Afrique du Sud a soutenu la Namibie dans sa résistance en vue d’obtenir un meilleur accord.

"L’Afrique du Sud a soutenu la Namibie dans les négociations des APE", a fait remarquer Geingob. "En conséquence, nous avons donné une nouvelle orientation aux négociations pour cet APE intérimaire et nous pouvons plutôt attendre impatiemment la négociation d’un accord complet avec l’UE".

Davies a ajouté: "Nous avons décidé de participer au processus des APE bien que l’Afrique du Sud dispose déjà du TDCA [Accord sur le commerce, le développement et la coopération] avec l’UE. Nous pensons que l’APE est très important.

"A notre avis, l’APE, tel que présenté au départ, aurait causé un énorme préjudice au développement de la région. L’APE final comprendra plus que le contenu de l’accord intérimaire, mais il est important de ne pas surcharger maintenant le programme en ajoutant un nouvel ensemble d’obligations. Il est temps d’avancer avec cet accord", a déclaré Davies.

En attendant, l’Afrique du Sud est en train de poursuivre l’intégration économique des Etats africains comme "un processus naturel évoluant à partir des communautés économiques régionales qui vont logiquement fusionner en une seule économie gigantesque conformément aux exigences du traité d’Abuja", selon les propos de Zuma.

Le traité d’Abuja de 1991 est une "feuille de route" pour une communauté économique africaine.

C’est la troisième fois cette année que Zuma a visité la Namibie voisine qui détient la présidence de la communauté de développement d’Afrique australe et qui abrite le Secrétariat de l’Union douanière d’Afrique australe (SACU).

Ces visites visent l’accélération du processus de l’intégration régionale. L’Afrique du Sud veut utiliser la SACU comme un élément de base pour la zone de libre échange tripartite suggérée qui couvre 26 pays et 578 millions d’habitants.

"Nous ne ménagerons aucun effort dans l’accroissement de l’élan d’intégration entre la SADC, le COMESA (Marché commun de l’Afrique orientale et australe) et la CAE (Communauté d’Afrique de l’Est)", a déclaré Zuma. "Ce projet économique tripartite a de réelles perspectives pour la contribution aux efforts du continent visant l’accroissement du commerce intra africain".

Davies a ajouté: "au milieu des conditions économiques déprimées continuelles, l’Afrique est en train d’émerger comme la prochaine histoire de succès économique. Individuellement, les pays africains n’ont pas la taille pour faire concurrence sur la scène mondiale; mais en tant que groupe, nous pouvons le faire. C’est pourquoi nous devons promouvoir l’intégration régionale".

Un rapport de juin 2010, "Lions on the move" (Les lions en mouvement), réalisé par ’McKinsey Global Institute’ (MGI – l’institut McKinsey), a indiqué que le produit intérieur brut collectif de l’Afrique qui fait 1,6 milliard de dollars équivaut à celui du Brésil et de la Russie. Le MGI est le bras de recherche de ’McKinsey and Company’, un cabinet de conseil en gestion qui conseille les entreprises.

L’augmentation de la stabilité macroéconomique et des réformes politiques, combinée avec la hausse du prix des matières premières et l’émergence d’une classe moyenne, ont convaincu les auteurs du rapport que le dynamisme économique est là pour rester.

Les Sud-Africains considèrent la réforme de la SACU comme un facteur contribuant à l’intégration régionale. Tshwane (ex-Pretoria) veut changer l’union douanière d’un fonds commun de revenus pour les pays du BLNS (le Botswana, le Lesotho, la Namibie, et le Swaziland) en un fonds de développement.

Davies a réitéré cette position à Windhoek: "Nous devons transformer la SACU en un outil de promotion du développement. La SACU pourrait contribuer à créer des projets infrastructurels et à ajouter de la valeur aux secteurs minier et agricole.

"Nous devons poser la question de savoir comment les petites économies peuvent bénéficier de la grande économie sud-africaine au niveau de leurs frontières et vice-versa. Nous devons créer une chaîne de valeur entre les pays.

"Lorsqu’on a laissé tomber les droits de douanes au niveau de la SACU, ça n’a rien changé dans l’équilibre du commerce entre l’Afrique du Sud et le reste. Donc, ce dont nous avons vraiment besoin au niveau de la SACU, c’est de produire plus de biens et de services", a conclu Davies.

Lors de la rencontre bilatérale, l’Afrique du Sud a annoncé son intention de faire partie de la ligne ferroviaire trans-Kalahari qui reliera le bassin houiller de Mmamabula au Botswana et celui de Waterberg en Afrique du Sud au port de Walvis Bay.

"Les voies de transport deviennent très importantes sur tout le continent. Il est important d’évoluer avec le programme de développement d’un corridor de transport", a expliqué Davies.

La Namibie et l’Afrique du Sud ont également renforcé leur coopération en matière de zones de conservation transfrontalières, de normes industrielles, de services aériens, de projets d’énergie écologique et de développement du champ gazier de Kudu en Namibie.

Les pays vont aussi travailler ensemble sur la valorisation des minéraux.

Davies a distingué le titane: "Une tonne de dioxyde de titane extrait en Afrique du Sud rapportera peut-être deux milliers de dollars, mais si nous pouvons transformer ceci en alliage de titane, le revenu monte d’un coup à plus de 100.000 dollars par tonne".

source : IPS

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