Avec ou sans ALE, le déficit se creuse

L’Économiste | Édition N° 3853 du 2012/08/27

Echanges extérieurs
Avec ou sans ALE, le déficit se creuse

 La mise à niveau du tissu industriel n’a pas suivi
 Prédominance des produits finis de consommation

Les importations effectuées dans le cadre des accords de libre-échange ont connu une croissance très rapide dégageant au passage des déficits parfois très élevés

Mis à part l’Association européenne de libre-échange, toutes les transactions effectuées dans le cadre des accords de libre-échange (ALE) dégagent un déficit commercial. Lequel devrait se creuser davantage avec le démantèlement des tarifs douaniers appliqués à certains produits. Car, la plupart des ALE prévoient un traitement asymétrique en faveur du Maroc dans l’objectif d’assurer la mise à niveau de certains secteurs avant leur ouverture à la concurrence. C’est particulièrement le cas des accords signés avec l’Union européenne, les Etats-Unis et la Turquie. Or, l’essentiel du déficit commercial provient des échanges réalisés dans ces cadres. «Ceux-ci ont été marqués par une augmentation rapide des importations se traduisant globalement par d’importants déficits», relève Bank Al-Maghrib dans son dernier rapport annuel.

Sur l’année 2011, le déficit commercial du Maroc vis-à-vis de l’Union européenne s’est chiffré à 45,3 milliards de DH. Il résulte de la hausse de 14,6% des importations (75,3 milliards de DH). Dans le cadre de l’accord, le Maroc achète à l’UE le gasoil, les voitures de tourisme et le blé. Trois grands postes à l’import. Les équipements industriels et les demi-produits représentent encore une part non négligeable, mais les produits finis de consommation l’emportent de plus en plus. A tel point que «les divers produits» qui n’entrent dans aucune nomenclature de l’Office des changes ont représenté 30 milliards de DH en 2011, en baisse de 20% par rapport à 2010.

A l’opposé, nos exportations ont pratiquement doublé entre 2009 et 2011, sans atténuer le déficit. Elles ont porté pour l’essentiel sur des produits traditionnels: alimentaire, phosphates et dérivés, textile, bonneterie et tout récemment les fils et câbles. Avec les Etats-Unis, la situation n’est pas brillante non plus. Le déficit a atteint 7,5 milliards de DH en 2011 pour une valeur des échanges de 18 milliards de DH.

Selon les données de l’Office des changes, deux tiers des importations (12,6 milliards de DH) portent sur les céréales et le charbon alors que les phosphates et engrais représentent la même proportion pour ce qui est de nos ventes (5,2 milliards). Le reste est constitué de conserves de poisson et de fruits et légumes. Le même constat de déséquilibre des échanges est valable pour l’Accord d’Agadir et celui signé avec la Turquie. Le premier se caractérise pratiquement par des importations: 3, 5 milliards de DH contre 460 millions de DH à l’export. Et c’est grâce à la voiture Logan. En revanche les échanges avec la Turquie dégagent un déficit de 3,1 milliards pour un montant global de 7,3 milliards. Mais tous les produits importés sont des équipements ou des matières semi-élaborées.

A. G.

source : L’Économiste

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