Crainte autour des importations du maïs ukrainien

Ouest France | Dimanche 30 mars 2014

Crainte autour des importations du maïs ukrainien

La Coordination rurale affirme, dans un communiqué, que les importations ukrainiennes plombent le marché français.

« La chute du prix du maïs français en dessous du seuil de rentabilité pour nos agriculteurs est due à l’importation massive de maïs ukrainien au sein de l’Union européenne. » À l’heure où l’Occident se mobilise pour l’Ukraine, la Coordination rurale est venue apporter une note discordante.

Dans un communiqué, le syndicat agricole dénonce une « concurrence déloyale de l’Ukraine [...] qui déverse ses excédents en Europe. Au lieu de réguler le marché, la Commission européenne demande aux États membres et au Parlement européen de valider un projet d’accord de libre-échange pour qu’il puisse être effectif dès le mois de juin ».

Mais selon l’AGPM (producteurs de maïs), la branche spécialisée de la FNSEA, cet accord n’a rien de surprenant. « Les négociations avec l’Ukraine se sont conclues techniquement fin 2011. Les épisodes politiques en ont retardé l’échéance mais on sait à quoi s’attendre depuis pas mal de temps déjà », explique Matthieu Çaldumbide, le responsable du service économique à l’AGPM.

L’accord de libre-échange entre l’UE et l’Ukraine porte sur des importations (sans droits de douane) contingentées à 400 000 tonnes les premières années, puis 650 000 tonnes au bout de cinq ans. À titre de comparaison, l’Ukraine va exporter sur cette campagne, 40 % de sa production vers l’UE, soit 18 millions de tonnes. C’est plus que la production totale de la France, environ 15 millions de tonnes.
« On déshabille Pierre... »

L’Ukraine monte en puissance derrière les autres grands pays exportateurs mondiaux que sont les USA (33 millions de tonnes de maïs exportées) ou le Brésil (20 millions de tonnes exportées). Mais l’Union européenne applique des droits de douane quand la tonne de maïs importée (calculée sur le maïs américain) est inférieure à 157 €.

Un prix proche du coût de revient (160 € la tonne) des producteurs de maïs français. Ces derniers exportent 6 à 7 millions de tonne de maïs (60 % alimentation du bétail et 40 % industrie), essentiellement en Europe, et notamment en Espagne où le maïs ukrainien est de plus en plus présent. La concurrence risque d’aligner les prix vers le bas. La tonne de maïs ukrainien se négocie actuellement autour des 185 €. « On sera vigilant », précise-t-on à l’AGPM.

Pour Renaud de Kerpoisson, président de la société ODA (Offre et demande agricole), « le risque n’est pas pour la prochaine récolte. Les Ukrainiens rencontrent des problèmes de financement pour acheter des semences et des engrais. Ils sèmeront plus de tournesol que de maïs ».

Mais l’expert des marchés agricoles craint qu’à l’avenir cette concurrence accrue ne soit pas sans conséquence sur l’agriculture française. « On déshabille Pierre pour habiller Paul. Pauvre Paul... C’est une décision incompréhensible pour des producteurs de maïs français qui ont investi massivement dans des outils de récolte, de séchage et d’arrosage. »

La Coordination rurale y voit aussi une sérieuse menace pour l’avenir de la sole de maïs en France. « Elle se réduira au profit de la monoculture de blé et les élevages devront avoir recours à des importations de maïs OGM [...] de soja OGM pour nourrir le bétail. »

Guillaume LE DU

source : Ouest France

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