Libre-échange : des effets difficiles à mesurer sur l’emploi

Le Monde | 6 octobre 2015

Libre-échange : des effets difficiles à mesurer sur l’emploi

Par Audrey Tonnelier

Dès sa signature officielle, lundi 5 octobre, Barack Obama a vanté les mérites de l’accord de Partenariat transpacifique (TPP), jugeant qu’il reflétait « les valeurs américaines » et profiterait à l’emploi. Mais les conséquences des accords multilatéraux sur le commerce mondial et l’économie sont loin de faire consensus. En témoigne la bataille entre pro et anti-TTIP, le traité transatlantique en négociation depuis 2013 entre l’Union européenne et les Etats-Unis.

Censé annuler les barrières douanières à l’export et permettre un alignement des réglementations dans l’alimentation, l’environnement, l’agriculture, l’automobile..., il suscite l’ire d’ONG s’inquiétant des risques sur la protection de l’environnement et des consommateurs et du poids des mécanismes d’arbitrage censés régler les litiges entre Etatset multinationales. En juin 2013, le premier ministre britannique, David Cameron, avait promis que le TTIP permettrait de créer 2 millions d’emplois aux Etats-Unis et dans l’UE. La Commission parlait d’un demi-point de PIB annuel supplémentaire. D’autres études ont abouti à un chiffre de... 0,01 % du PIB !

Importations massives

Même pour les conventions les plus anciennes, comme l’accord de libre-échange nord-américain (Alena) signé en 1994 entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, les effets concrets restent controversés. Selon un rapport publié en 2011 par le think tank Economic Policy Institute, l’Alena aurait provoqué la délocalisation de près de 700 000 emplois, en raison d’une concurrence exacerbée et d’importations massives depuis le Mexique. « Ces chiffres sont extrêmement discutables, car ils incluent d’autres phénomènes comme la crise économique. Le but premier de ces accords n’est pas de créer des emplois mais de profiter au consommateur, en rendant les produits moins chers et de meilleure qualité », indique Patrick Messerlin, professeur émerite à Sciences Po. Un objectif plus facile à atteindre il y a quarante ans qu’aujourd’hui, où profusion des biens de consommation et crise économique ont modifié le regard porté sur ces accords.

« L’essentiel de l’impact de ces accords ne concerne pas les tarifs douaniers, mais la coopération réglementaire, avec des processus de reconnaissance mutuelle qui permettent aux entreprises de réaliser des économies d’échelle », souligne Elvire Fabry, de l’Institut Jacques Delors. Malgré ces controverses, les projets d’accords multilatéraux se multiplient. Outre le TTIP et le TPP, six autres sont en négociation en Asie, en Afrique ou en Europe de l’Est.

source : Le Monde

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