ALE Maroc-CEMAC : Le Congo veut faire cavalier seul

Les Eco | 25 novembre 2015

ALE Maroc-CEMAC : Le Congo veut faire cavalier seul

Par Ayoub NAÏM

Les officiels congolais veulent un accord bilatéral précédant un ALE avec l’ensemble de la communauté des pays de l’Afrique centrale. Une hypothèse qui exclue les autres pays de la région du partenariat. La république du Congo montre également son intérêt pour les investissements marocains, notamment dans le secteur de l’agriculture et de l’électricité.

Tirer la couverture à soi! C’est la stratégie que semble privilégier la République du Congo concernant l’éventuel accord de libre-échange entre le Maroc et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Durant le dernier voyage d’affaires organisé par Maroc Export, l’Asmex et Congo Capital Entreprises SA à l’occasion du forum international «Investir au Congo-Brazzaville», les représentants congolais ont insisté sur l’utilité d’un accord bilatéral entre les deux pays. Un scénario qui occulterait forcément un accord plus global avec l’ensemble des pays de la région. Pourtant, le Maroc n’a cessé de confirmer, ces dernières années, sa volonté d’aller vers une coopération régionale renforcée avec l’ensemble des pays de la communauté des États d’Afrique centrale. D’ailleurs, le département du Commerce extérieur vient de lancer un appel d’offres pour la réalisation d’une étude d’impact d’un accord avec ces pays.

Hub vers l’Afrique centrale

Dans une réunion tenue avec les représentants de la délégation marocaine, le ministre de l’Agriculture et de l’élevage congolais, Rigobert Maboundou a fait part de la volonté de son pays de conclure un accord de partenariat économique avec le Maroc. «L’un n’empêche pas l’autre, mais nous préférons aujourd’hui commencer par un accord bilatéral entre nos deux pays», précise le ministre congolais. Conscient de sa position en tant que porte d’entrée vers l’Afrique centrale, le Congo entend renforcer ses liens avec le royaume dans plusieurs secteurs stratégiques (secteur agricole, BTP, hydraulique, transport, pêche, électrique…).

À ce titre, 6 conventions de partenariat ont été validées durant la dernière visite à la capitale congolaise portant principalement sur le renforcement des échanges institutionnels entre les organismes congolais (Agence de promotion des investissements et Congo Capital Entreprises) et ceux marocains (ASMEX, CGEM, Maroc Export, CFC…). Le Congo appelle à considérer la destination non seulement d’un point de vue des exportations mais également en termes d’investissements. Le pays s’est récemment lancé dans un programme de privatisation de plusieurs secteurs de son économie en vue de répondre à un besoin urgent d’industrialisation. Certains pays disposent déjà d’une longueur d’avance étant donné leur présence ancrée depuis plusieurs années dans le pays. «C’est le cas notamment de la Chine, de l’Afrique du Sud, de l’Inde qui se sont positionnées pendant que nous avons brillé par notre absence», regrette Hassan Sentissi, président de l’ASMEX.

Expertise agricole

Le Maroc tente de rattraper son retard, notamment dans le cadre des secteurs agricole et électrique. Concernant ce dernier, un protocole d’accord a été signé entre la société Congo Capital SA et la Fédération marocaine de l’électricité (FEMADEL) pour la promotion des projets électriques du Congo auprès des membres de la FEMADEL, la coopération et l’échange. Un projet phare retient en particulier l’attention des investisseurs marocains, celui du barrage de Sounda, mobilisant 2 milliards de dollars d’investissement sur 5 ans.

«Nous attendons également du Maroc un apport très important dans le secteur agricole afin de bénéficier de son expertise en termes d’irrigation, de semence, de dynamisme des entreprises mais aussi dans l’ingénierie agricole et de la formation», affirme Rigobert Maboundou. Pour ce secteur, le Maroc est aujourd’hui engagé dans au moins 2 grands projets. Le premier est une chaîne de production avicole permettant la maîtrise de l’ensemble de la chaîne productive allant de la production de matière première à la mise en abattoir de la volaille, en passant par la transformation en aliment de bétail et la production d’œufs. Le deuxième est la création d’une filière de transformation du manioc (aliment de base au Congo) en farine, avec à la clé une exploitation de 12.000 hectares.

source : Les Eco

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